CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°371
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Vous évoquez un "abandon de compétences" au sein des archives suisses. Que dénoncez-vous ?
Si le phénomène paraît général, il peut être mesuré depuis 2013, en Suisse, à l’aide de statistiques annuelles. Les masses d’archives dans les dépôts d’archives progressent plus vite que l’augmentation du personnel. Les déficits d’inventaires croissent.
Confrontées à l’élargissement, à la complexité et à la spécialisation des missions, les archives ne couvrent plus le champ temporel des documents par les compétences internes. Des siècles d’écrits sont devenus opaques, les domaines traités par les sciences auxiliaires n’ont plus d’expertise. Malgré elles, les directions d’archives opèrent des tris dans leurs savoirs en fonction de l’archivage électronique et des attentes sociétales.
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Quels défis les archivistes suisses doivent-ils relever ?
Le paysage archivistique suisse reflète l’organisation fédéraliste du pays, ainsi que son histoire. Il suit l’étagement des pouvoirs (fédéral, cantonal et communal), chaque niveau traduisant les périmètres d’intervention et des situations individuelles contrastées. Quatre langues, dont l’allemand est majoritaire, pour autant de cultures le traversent.
La structure cantonale, dont la souveraineté et l’autonomie sont consacrées par l’appellation "Archives d’État", constitue l’organisation de base. Les efforts de la centenaire Association des archivistes suisses portent sur les unités de doctrine, la transparence des politiques et les filières de formation.
La création en 2004 du Centre de coordination pour l’archivage à long terme des documents électroniques (Ceco) est une des initiatives les plus abouties.
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Quelle doit être la place du numérique dans la pratique professionnelle des archivistes ?
Le numérique est une réalité incontournable, chronophage, aux coûts humains, financiers et technologiques élevés. Depuis son irruption, il est accompagné de valeurs universelles, de normes et de solutions applicatives communes. Il a minoré la polyvalence des postes, repositionné les archivistes, renouvelé les formations et la pédagogie. Les Archives sont depuis prisonnières d’investissements constants.
Elles recherchent des partenaires et la mutualisation des ressources. La valeur étalon de leur développement s’estime à la maturité de leurs projets. Les profils de gestionnaire évincent ceux de l’érudition.
La place du numérique redistribue l’ordre de priorité des missions des archives. Elle exprime l’évolution professionnelle inéluctable des archivistes, tout en continuant à afficher leurs originalités dans la réflexion. Sans se vouloir passéiste, notre propos est d’attirer l’attention sur les risques d’une archivistique à deux vitesses.