L'Epra, banque de programmes collaborative, est menacée de liquidation d’ici la fin de l’année. Avec elle, c’est un fonds d’archives sonores de 10 000 heures qui se trouve en danger. Un collectif de radios associatives se bat pour sa sauvegarde.
Les radios associatives sont sur le pont. Dans un peu plus d’un mois, la plateforme collaborative de programmes radiophoniques l’Epra pourrait être liquidée, ce qui constitue une véritable catastrophe économique et sociale pour ses 171 radios adhérentes.
Fondée en 1992 par le Fonds d’action sociale, l’Epra (Echanges et productions radiophoniques) est une sorte d’agence de presse sonore : depuis 20 ans, elle achète des émissions aux radios associatives afin de les mutualiser et de les redistribuer à ses autres radios adhérentes.
Lien social et intégration
Par son intermédiaire, il s’agissait pour l’Etat de confier aux radios associatives la mission dont Radio France Internationle (RFI) était historiquement chargée : produire des émissions visant l’intégration des travailleurs immigrés en France.
Pour les radios, l’Epra était un moyen d’obtenir une rétribution pour leurs programmes, n’étant ainsi pas exclusivement dépendantes de subventions et d’aides de l'Etat, comme on les accuse souvent à tort.
Sur le terrain, ces programmes donnaient la paroles à ceux qui l’ont trop rarement, favorisant le lien social et l’intégration.
Pourtant, ce groupement d’intérêt public (GIP) meurt à petit feu depuis quelques années, son budget s’amenuisant dangereusement. Au point qu’aucun programme n’a été acheté aux radios en 2013. Un arrêt brutal mettant en préril la survie de nombreuses radios.
10 000 heures d’archives
L’énième baisse du budget de mars 2012 était déjà inquiétante ; l’annonce de la nomination d’un liquidateur d’ici le 31 décembre prochain pourrait être l'amorce du coup de grâce.
Un collectif de soutien à l’Epra, mené par Gilbert Andruccioli, président de la radio Agora FM, basée à Grasse, milite pour sa sauvegarde.
Ce groupement, "Nous tenons à l’Epra", tente de trouver une solution pour que la banque de programme collaborative puisse conserver un budget minimum permettant l’exploitation de son fonds sonore de plus de 10 000 heures.
Car en plus de la fin de l’Epra, c’est l’ensemble de ses archives sonores qui est en danger : une reprise par l’Ina de ce fonds d’archives a été avancée. Mais comment régler la question de leurs droits d’auteurs ?
Car l’Epra est encore le propriétaire exclusif de ces fonds. Les confier à l’Ina impliquerait donc de devoir renégocier des milliers de contrats avec les auteurs et les radios.
Gilbert Andruccioli estime que cette solution reviendrait à « geler » ce fonds, le rendant inexploitable.