En milieu rural, il arrive que la supérette soit le tout dernier établissement ouvert du village, après que les autres aient fermé.
"Avant, quand on lisait un livre, on le posait sur l'étagère et il prenait la poussière. Là, il s'aère et il sert à d'autres". Cet habitant de Saint-Germain-Laval, comme les 1 600 habitants de cette petite commune rurale de la Loire, profite depuis quelques mois de la petite bibliothèque libre mise en place par l'épicerie, sur la place du village. Un nouveau modèle, baptisé VivalLivres, déployé dans 25 autres franchises françaises des supérettes Vival, l'enseigne de proximité du groupe Casino, essentiellement dans de toutes petite communes.
Quand l'offre culturelle se fait rare
Sur le modèle des "little free libraries" anglo-saxones, chacun peut y emprunter un livre de jour comme de nuit, à condition d'en déposer un en retour. Et ces petites bibliothèques gratuites répondent à un vrai besoin : l'absence d'offre culturelle pour les habitants, par manque de moyens de la commune. "Moi, je n'achète pratiquement plus de livres, témoigne une habitante du village ; pour moi, ce sont des dizaines et des dizaines d'euros d'économie". Et pour renforcer l'idée de "partage" propre à ce type de bibliothèque libre, chacun est invité à laisser un commentaire sur les ouvrages qu'il y dépose.
Gagnant-gagnant
"Notre enseigne est essentiellement basée en milieux ruraux, dans de petites communes n'excédant parfois pas les 400 habitants, explique François Besse, le directeur de la franchise supérette ; cela peut permettre à des gens d'accéder à la culture, et même de participer à la culture pour tous". Et tout le monde y trouve son compte : les habitants comme le magasin, qui profite évidemment du trafic généré par la bibliothèque tout en fidélisant sa clientèle, à l'image des autres services déjà proposés tels que les relais-colis et les points-Poste.
Convaincre les maires
Selon le groupe Casino, VivalLivres pourrait être déployé prochainement dans les 1 800 épiceries du réseau, dès que les autorisations nécessaires à l'occupation des espaces publics auront été recueillies. Reste donc à convaincre les maires : "Ceux qui n'ont pas de bibliothèque municipale disent 'oui' tout de suite, expliquait en septembre dernier Corinne Aubry-Lecomte, la directrice de la communication et du marketing de la branche proximité du groupe Casino ; les autres, il faut bien leur expliquer".
Pour en savoir plus > un reportage a été réalisé par France 2 au mois de janvier sur ce concept :
J'innove : quand l'épicerie du village fait aussi en bibliothèque