3 questions à Arnaud Beaufort, directeur général adjoint de la BNF et directeur des services et des réseaux.
Quels sont les enjeux des données de qualité pour les institutions culturelles ?
Ils sont multiples. Le premier est le service aux publics : la qualité des données conditionne les usages des ressources sur place et à distance. Les utilisateurs de Gallica y sont sensibles et nous disent combien ils l’apprécient. C’est une question de visibilité, de fiabilité, de pérennité, mais aussi d’actualisation.
La qualité des données – l’interopérabilité des métadonnées – est également un ressort de la coopération. C’est grâce à elle que la BNF peut développer sa logique de services : l’Isni est un élément clé du cercle vertueux élaboré avec les éditeurs ; des start-up utilisent nos données… C’est d’autant plus important qu’elles sont placées sous le signe de l’ouverture (open data).
La place des données sur le web induit la place des institutions culturelles sur internet : prendre une part active dans l’écosystème de la donnée, c’est s’assurer d’être présent là où le public passe.
Faut-il des normes pour encadrer la gouvernance de l'information ?
Ces normes existent. Elles sont l’essence même du monde numérique : sans elles, il n’y aurait pas d’internet ni de web. En tant qu’instance de validation et de convergence, l’Afnor favorise l’articulation entre le travail de défrichage mené dans le monde des bibliothèques autour des données d’autorité et celui des musées ou des archives.
La BNF est-elle engagée dans cette bataille de la qualité des données ?
C’est une bataille collective ! Ainsi, le projet de fichier national d’entités imaginé conjointement par la BNF et l’Abes amplifiera et rationalisera le travail réalisé par chaque institution, tout en s’ouvrant à d’autres contributions.
Cette logique s’accompagne d’une souplesse vis-à-vis de la notion de qualité elle-même : la recherche de la meilleure qualité ne doit pas constituer un frein à la diffusion ni au partage des ressources, a fortiori quand le volume de données augmente et quand sont rassemblées des données répondant à des exigences diverses d’un point de vue qualitatif. De plus, les standards de la qualité évoluent avec le temps et les technologies.
La BNF décline donc aussi de façon pragmatique son rôle d’acteur de confiance : ce qui importe n’est pas tant la perfection de chaque donnée que la capacité de la BNF à la qualifier, à en indiquer la source, ce qui revient à une forme de labellisation.