Sommaire du dossier :
- Débuts difficiles du livre numérique en bibliothèque
- Prêt d'ebooks en bibliothèque : il y a un vrai retard en France !
- Bibliothèque : tout savoir sur le projet PNB
- Les bibliothèques parisiennes en mode numérique
- Les bibliothèques de Suisse et de Belgique passent au numérique
- Suisse : la bibliothèque de Carouge tente le prêt d'ebooks
Les bibliothèques parisiennes proposent des liseuses et des tablettes à leurs usagers depuis 2013. Dès la rentrée 2015, un service de téléchargement de livres chronodégradables sera également mis à leur disposition.
À Paris, les premiers utilisateurs de liseuses furent... les bibliothécaires eux-mêmes ! C’était en 2012. Avant même que les lecteurs puissent en profiter, les agents ont pu prendre en main la liseuse afin de pouvoir en parler aux usagers. « Il était important de les associer en amont à ce projet et de les sensibiliser à la lecture numérique », explique Guillaume de la Taille, responsable du service du document et des échanges au sein des bibliothèques de la ville de Paris. Ce premier acte s’est joué avec un budget de 4 000 euros et s’est déroulé sur l’ensemble des 67 établissements du réseau parisien.
Un taux élevé d’emprunt pour les liseuses
L’acte deux a eu lieu un an plus tard, d’abord à la bibliothèque Marguerite Yourcenar où les usagers ont enfin pu emprunter ces liseuses. Ce deuxième test à l’échelle d’un établissement a été jugé suffisamment concluant pour passer à la vitesse supérieure. Grâce à une généreuse enveloppe budgétaire d’un million d’euros, ce sont près de 1 250 liseuses (modèle Sony T3) qui ont été achetées. Chacune d’entre elles est chargée de 1 300 titres du domaine public.
Ce catalogue contient donc des titres considérés comme classiques, en langue française, mais aussi en anglais, en espagnol et en allemand. Au 1er mars 2015, les statistiques d’emprunt s’établissaient à 6 350 mouvements. « Les usagers montrent beaucoup de curiosité pour cette nouvelle expérience de lecture, mais ils sont également déçus de ne pas y trouver de livres contemporains », constate Guillaume de la Taille.
Les modalités d’emprunt des liseuses sont identiques à celles des autres documents : un prêt de trois semaines renouvelable une fois. Les bibliothécaires parisiens notent une très forte variabilité des emprunts notamment avant les vacances où les usagers veulent profiter de leurs congés pour essayer tranquillement les liseuses. Les bibliothèques de quartier sont libres de supprimer ou d’ajouter des fichiers, à une condition : elles sont tenues de respecter scrupuleusement le droit d’auteur. À ce jour, toutes les bibliothèques adultes du réseau parisien proposent des lieuses en prêt à leurs usagers.
Pas de livre homothétique pour les tablettes
Du côté des tablettes, 280 iPad ont été achetés et sont proposés à la consultation sur place seulement. La majorité d’entre elles - 160 unités - sont installées dans les sections jeunesse et une vingtaine a été réservée aux lecteurs malvoyants des bibliothèques Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras. « Nous avons choisi de dédier ces tablettes à la lecture numérique pure player c’est-à-dire des livres enrichis qui ne sont pas qu’une simple réplique d’un fichier texte. Nous souhaitons en faire un véritable objet bibliothécaire numérique », précise Guillaume de la Taille. Pas de livre homothétique donc, mais plutôt des applications qui mettent en valeur le texte et l’animation multimédia. Le choix de ces applications est validé par les bibliothécaires qui se réunissent en comité pour en apprécier la qualité.
Une nouveauté attend les usagers parisiens. À la rentrée 2015, ils pourront télécharger des livres numériques depuis leur domicile via le portail des bibliothèques de Paris. Une plateforme développée par Archimed est actuellement en phase de test. Dans un premier temps, près de 7 000 fichiers seront téléchargeables pour une durée de trois semaines renouvelable une fois. Un même titre pourra donner lieu à plusieurs fichiers afin de répondre à la demande élevée des lecteurs. C’est notamment le cas des nouveautés. Ces fichiers sont de type chronodégradable : ils ne seront lisibles que pendant la durée de l’emprunt et « s’autodétruiront » ensuite.
Liseuses, tablettes, prêt numérique à distance... Paris fait le pari du numérique et de l’évolution du métier : « 230 agents ont été formés à ces nouveaux outils. Les bibliothécaires ont compris qu’ils jouent un rôle d’intermédiation avec le public. Nous devons inventer les usages de la lecture numérique... »