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Prêt d'ebooks en bibliothèque : il y a un vrai retard en France !

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    "L’éditeur est souverain dans le domaine du prêt de livre numérique en bibliothèque". (Jean-Etienne Minh-Duy Poirrier/Flickr)
  • Sommaire du dossier :

    Entretien avec Lionel Dujol, secrétaire adjoint chargé du numérique à l’Association des bibliothécaires de France (ABF).

    Où en sont les bibliothèques municipales dans le prêt de livres numériques ?

    Selon une enquête réalisée en 2013 par le ministère de la Culture, 23 % des bibliothèques municipales proposent des ressources numériques. Et parmi ces 23 %, 48 % proposent des livres numériques. Ce chiffre est assez bas si on le compare aux États-Unis où 95 % des bibliothèques publiques proposent des livres numériques ou au Québec où ce chiffre atteint 90 %. En Amérique du Nord, le livre numérique fait partie du service de base. Lorsqu’une bibliothèque ouvre, le livre numérique est intégré dans l’offre. Il y a donc un vrai retard en France.

    Comment expliquer ce retard ?

    Le marché n’est pas encore là en France ; il y a donc peu de demandes de la part du public. Il faut d’ailleurs regarder ce qu’il y a derrière cette offre numérique : s’agit-il de licences incluant des références libres de droits ? S’agit-il de livres numériques sous forme de prêt de type Numilog ou PNB (prêt numérique en bibliothèque) ? S’agit-il de bouquet en streaming ? Au final, il s’agit d’une offre très hétérogène.

    J’ajoute un élément important : l’offre de livres numériques en bibliothèque concerne à 80 % les villes de plus de 70 000 habitants. Se profile ainsi une sorte de fracture numérique au sein des bibliothèques entre celles qui peuvent soutenir financièrement l’achat de livres numériques et celles qui n’en ont pas les moyens. 

    Comment se passent les négociations entre les bibliothèques et les éditeurs ?

    Il n’y a pas de négociation ! Elles sont difficiles. Pour la bonne - ou mauvaise - raison que...

    le droit du prêt de livre numérique n’est pas reconnu en France. Le droit au prêt n’est en effet reconnu que pour le livre papier : l’éditeur ne peut s’y opposer. Cela signifie que l’éditeur est souverain dans le domaine du prêt de livre numérique en bibliothèque. Dans ce cadre, il est difficile d’entrer en négociation avec les éditeurs.

    Le réseau Carel, de son côté, est l’interlocuteur auprès des éditeurs, mais ce sont eux, les éditeurs, qui ont le dernier mot. La loi sur le prix unique du livre numérique précise que c’est l’éditeur qui fixe le prix du livre sur l’ensemble du territoire. Ce prix peut être plus élevé que le prix de vente public. 

    Nous ne sommes donc pas sur un terrain classique de négociation. Il s’agit plutôt d’un dialogue où l’on essaie de faire comprendre aux éditeurs d’ouvrir leurs catalogues et de pratiquer des prix raisonnables. Mais cette « négociation » ne vaut que pour les bibliothèques adhérentes du réseau Carel. D’où l’intérêt à être nombreux à y adhérer pour que les bibliothèques pèsent dans ces discussions.

    Dans ce contexte, il y a un absent : les libraires. Le projet PNB entend remettre les libraires dans la boucle d’approvisionnement des bibliothèques. 

    Le coût du PNB est-il trop élevé comme l’affirme le collectif Savoirs Com1 ?

    C’est une évidence ! Le Réseau Carel a également réalisé une étude très intéressante sur le coût unitaire d’un prêt de livre numérique par rapport à un livre papier. Ce coût unitaire est jusqu’à quatre fois plus élevé !

    À ce jour, proposer une offre de livre numérique peut être très lourd pour une bibliothèque notamment en période de restriction budgétaire.

    Les usagers adoptent-ils les ressources électroniques proposées par les bibliothèques ?

    Le livre numérique est totalement embryonnaire en France et la demande des usagers n’est pas encore là. Les catalogues sont chers, car les éditeurs craignent une cannibalisation du marché. Ils constatent que le marché n’est pas encore installé et mettent à disposition des catalogues peu attrayants plutôt que des best-sellers. Les bibliothèques hésitent donc à y aller.

    Sans parler des DRM (digital rights management) qui posent d’importants problèmes de gestion pour les établissements. Chaque éditeur a ses propres règles de prêt qui sont impossibles à gérer. Une étude récente montre d’ailleurs que les DRM sont un frein à la diffusion du livre numérique. Les bibliothèques en viennent à assurer le service après-vente du DRM d’Adobe. C’est une véritable usine à gaz !

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    Davantage fréquentées, mais avec moins de lecteurs abonnés, comment les bibliothèques intègrent-elles le numérique dans leurs ressources ? C’est aujourd’hui le livre numérique qui fait le plus débat.
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