les 75 ans de l’École de bibliothécaires documentalistes, EBD

75ème anniversaire de l'EBD DR

 

Depuis 1935, l’École de bibliothécaires documentalistes a formé plusieurs centaines de professionnels aux techniques infodocumentaires. Révolution numérique oblige, les enseignements accordent aujourd’hui une place importante aux nouvelles pratiques. Archimag ouvre ses pages aux témoignages de professeurs et élèves.

Succédant à l’École franco-américaine qui fonctionna rue de l’Elysée de 1923 à 1929, l’École de bibliothécaires a été fondée en 1935 par Gabriel Henriot, inspecteur en chef des bibliothèques de Paris et de la Seine, grâce à l’appui et à l’hospitalité trouvés à l’institut Catholique. En 1951, elle intègre officiellement la fonction documentaire et son habilitation en 1967 à recevoir de la taxe d’apprentissage démontre son insertion dans le monde de l’entreprise. L’École de bibliothécaires documentalistes (EBD) a constamment fait évoluer ses filières de formation pour s’adapter au contexte professionnel : création des cours du soir, reconnaissance du niveau de compétences des étudiants de la filière en deux ans par un titre de gestionnaire de l’information de niveau bac + 4. Pour la même raison, elle a diversifié les modalités d’obtention du diplôme avec le développement de la validation des acquis de l’expérience.

formation en deux ans

L’organisation des enseignements résulte des options retenues par l’École : formation de professionnels directement opérationnels et capables d’assurer toutes les fonctions de gestion de l’information tant en bibliothèque qu’en entreprise. Pour couvrir le vaste champ des compétences requises pour répondre aux attentes du marché du travail le cursus dure deux ans et le rythme est soutenu : quelque 1000 heures de cours et travaux personnel et quatre stages obligatoires, soit huit mois au minimum, souvent plus en réalité. L’ouverture pour les étudiants de moins de 26 ans d’une section en alternance permet de renforcer encore la complémentarité entre des enseignements théoriques approfondis et une pratique de terrain couvrant toutes les tâches, des plus basiques au départ, jusqu’à des conduites de projet complexes en fin de deuxième année. La première année est consacrée aux disciplines au coeur de la pratique professionnelle : catalogage – encore bien présent car très formateur –, indexation, paramétrage de bases documentaires, réalisation de produits de diffusion de l’information… La deuxième année est largement dominée par l’enseignement de la veille – avec 42 heures –, de la gestion de contenu avec la réalisation d’un portail sous le CMS Drupal et du management. Presque tous les cours s’appuient sur la réalisation de travaux permettant de passer d’un savoir un peu théorique au savoir-faire. Dans le cadre de travaux de groupe, les étudiants travaillent sur des études de cas, programmées sur plusieurs semaines voire plusieurs mois et rendent au fil des 2 ans une dizaine de livrables : thésaurus, base documentaire, dossier sous forme de blog, panorama de presse, portail… La veille, elle, donne même lieu à un travail pour un commanditaire ayant des besoins bien réels et qui participe au jury d’évaluation. Le travail sur le CMS Drupal est l’occasion d’aborder des connaissances technologiques qui resteraient abstraites autrement : XML et les feuilles CSS, par exemple. Les enseignements évoluent chaque année pour approfondir les compétences et introduire les nouvelles technologies comme par exemple Twitter pour la veille ou le format d’édition e-pub. Ce qui a valu au diplôme de passer du niveau bac + 2 à celui de bac + 4 en 2005. Les employeurs semblent également valider les options retenues par l’École puisque près de 90 % des étudiants des quatre dernières promotions sont maintenant en poste dont plus de 25 % occupant déjà des fonctions à responsabilité.

formation en cours du soir

En 1967, dans le cadre de la promotion sociale et de la formation continue, l’EBD a créé des cours du soir destinés à former des assistants bibliothécaires documentalistes. Seule formation en cours du soir pour l’apprentissage de bibliothécaires et de documentalistes, elle permet aux personnes qui la suivent de continuer leur activité professionnelle. Aujourd’hui, ce cursus de neuf mois, exclusivement consacré à l’acquisition des compétences techniques des métiers de l’infodoc, a pour objectifs de former des professionnels qualifiés et opérationnels en bibliothèque ou en centre de documentation ; de permettre à des adultes de se reconvertir ou de se perfectionner pour évoluer ou changer de métier ; de favoriser une mobilité par l’acquisition de nouvelles compétences. En 2006, le programme de formation a été entièrement revu en prenant en compte les nouvelles exigences de nos métiers, pour exemples : place plus importante aux Tic avec multiplication des heures de travaux dirigés en salle informatique permettant la pratique des différents outils professionnels, réalisation de nouveaux supports de restitution des résultats de recherche documentaire, adaptation aux nouveaux moyens de conservation du document, pratique de SIGB… Tout en conservant l’apprentissage des fondamentaux : catalogage, indexation, recherche… Le programme inclut également la préparation aux épreuves des concours bibliothèque et documentation de la fonction publique. Qui suit notre formation ? Plus de 70 % des élèves qui intègrent les cours du soir sont titulaires d’un diplôme de niveau minimum licence et 100 % d’entre eux ont une première expérience professionnelle. Reconnus pour leurs compétences techniques et leur maturité, les élèves en possession de leur certificat de technicien bibliothécaire documentaliste trouvent pour 75 % d’entre eux un travail en bibliothèque ou en centre de documentation, soit dans le secteur public, soit dans le secteur privé.

 

 

Témoignages d'anciens élèves

Mon passage à l’EBD a été déterminant dans mon orientation professionnelle : non seulement j’y ai appris un métier et découvert le monde de l’entreprise à travers les nombreux stages proposés mais j’y ai surtout appris la professionnelle attitude, tout le savoir être du monde du travail que je continue à mettre en pratique aujourd’hui! L’EBD m’a ouvert les portes de la gestion de l’information et m’a donné envie d’aller plus loin, en faisant un master à Sciences Po sur ce domaine. Même si aujourd’hui je n’exerce pas en tant que documentaliste, les bases apprises à l’EBD me servent pour structurer l’information dans l’intranet que je gère ou encore pour construire un produit d’information structurée comme un livret d’accueil pour les nouveaux arrivants.

Anne Bosch-Couder [ Responsable du pôle communication et conduite de changement. EDF, direction des services partagés, direction RH et communication ]

 

Former les avocats et stagiaires aux outils de recherche et de veille, notamment bases de données, plates-formes en ligne des éditeurs, moteurs de recherche. Le contenu exact ― qui n’est pas toujours celui annoncé ―, la recherche expert, les avantages mais aussi les pièges des outils numériques, je les connais. Si ma structure n’y est pas abonnée, je les teste à chaque nouvelle version, notamment dans le groupe de travail « test et formation » que j’ai contribué à créer au sein de l’association Juriconnexion. L’EBD m’a donné un cadre et une méthode documentaire dans la gestion, la recherche de l’information et la veille. Une rigueur que je n’aurais pu acquérir qu’en partie ailleurs, le cours de catalogage à l’époque étant complet et imbattable. L’autre avantage de l’École, c’était la masse d’organismes proposant des stages. Enfin, revenir donner des cours dans une EBD dynamisée et modernisée m’a fait très plaisir.

Emmanuel Barthe [ Documentaliste juridique ]

 

L’EBD a constitué un tournant majeur dans ma vie professionnelle. J’étais jeune, parlais plusieurs langues mais cumulais sept années de petits boulots en entreprise. J’ai rapidement fait le bilan : un bac pour tout diplôme, de vagues études de langues en fac, un Smic peu évolutif et aucun métier à vendre à de potentiels employeurs. En revanche, je savais exactement quel métier je souhaitais exercer : documentaliste en entreprise. Je me suis inscrite en septembre 1992 au cours du soir de l’EBD. En octobre, grâce aux relations privilégiées qu’entretient l’école avec le monde de l’entreprise, je suis entrée comme stagiaire rémunérée dans une grande banque, pour sept mois. Avant même la fin de mon stage et l’obtention de mon certificat, j’étais embauchée comme documentaliste dans une société d’assurance et d’assistance. En 2004, j’ai créé Cedoc, cabinet de conseil indépendant, au service des grandes entreprises. La problématique de la gestion de l’information reste permanente dans ces milieux et, notamment, parce que les techniques et la technologie évoluent très rapidement. C’est en 2004 également que l’EBD m’a proposé une nouvelle aventure qu’il était bien difficile de refuser : transmettre mon savoir-faire aux actuels élèves de l’EBD, au travers d’une série de cours pour les promotions de formation initiale et continue. Une des forces de cette école réside dans la capacité qu’elle a eue depuis ses débuts, à s’adapter aux évolutions des métiers et des technologiques.

Corinne Delord [ Documentaliste indépendante et formatrice ]

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.