L'e-administration séduit mais inquiète les Français

12 millions de Français ont déclaré leurs impôts en ligne en 2011 Archimag

 

Les citoyens-internautes plébiscitent l'administration numérique mais sont préoccupés par la déshumanisation et des risques de piratage de données.

En 2011, 12 millions de Français ont choisi de déclarer leurs impôts en ligne. ils étaient 10,5 millions en 2010, 9,7 millions en 2009 et et 7,4 millions en 2008. Le succès croissant de la télédéclaration illustre l'adhésion des Français à l'e-administration. Dans les faits, la situation est plus contrastée. Selon un sondage de l’Institut Harris Interactive réalisé pour l'éditeur Berger Levrault, 22 % des Français considèrent que l'administration électronique est trop développée... et autant qu'elle ne l'est pas assez ! Une ligne de fracture sépare les catégories de la population fortement connectées (urbains, jeunes, diplômés, cadres...) et celles qui sont distantes avec le monde numérique : habitants des zones rurales, personnes âgées, peu ou pas diplômées...

Données personnelles et usurpation d’identité

L'enregistrement de données personnelles en ligne provoque un double sentiment chez les Français. 74 % d'entre eux estiment en effet que "cela permet d'effectuer des démarches administratives plus rapidement et de gagner du temps grâce aux données pré-enregistrées". Pour autant, ils sont encore plus nombreux a pointer deux risques : la déshumanisation du service public et le défaut se sécurisation des données. 83 % des sondés craignent que l'e-administration "entraîne une perte de contact avec les agents des administrations publiques". Ils sont également 79 % à s'inquiéter de l'usage de leurs données personnelles, du piratage et de ses conséquences : usurpation d'identité,  utilisation frauduleuse des cartes bancaires, risques de revente des données publiques par les pouvoirs publics à des organisations privées...
Si les Français se disent majoritairement prêts à enregistrer des données personnelles ou professionnelles sur le site d'une administration, ils sont encore plus nombreux à s'opposer à l'enregistrement de données relatives à leurs revenus, leurs comptes bancaires ou leur état de santé. 68 % des personnes interrogées ne sont pas prêtes à confier des informations médicales et 77 % sont réticentes à fournir leur coordonnées bancaires.

De la difficulté de s’approprier l’e-administration

L’enquête Berger-Levrault / Institut Harris Interactive jette enfin la lumière sur la difficulté d’utiliser certains services en ligne. 64 % des personnes interrogées considèrent qu’il est parfois difficile de s’en servir. Sans surprise, cette difficulté à s’approprier ces nouveaux usages numériques est particulièrement prononcée chez les personnes les plus âgées, les catégories populaires et les internautes relatifs c’est-à-dire ceux qui se connectent moins d’une fois par semaine sur Internet. 
Au final, 48 % des Français disposant d’un accès à Internet affirment avoir déjà enregistré au moins un des types de données en ligne. En moyenne, ils indiquent avoir enregistré 1,25 données en ligne (sur les 9 testées). Mais une majorité de répondants (52 %) affirme ne pas avoir procédé au moindre enregistrement en ligne. Ces réfractaires ne sont cependant pas figés dans leurs certitudes puisqu’ils ne sont que16 % à ne pas être prêts à enregistrer des données en ligne.

 

Sondage téléphonique réalisé par l'institut Harris Interactive pour l'éditeur Berger-Levrault du 13 au 18 janvier 2012. Echantillon national de 1005 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socio-professionnelle et région d'habitation de la personne interrogée. 

Note : cet article est une version mise à jour et enrichie du texte publié le 24 janvier 2012.

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.