Subissant des tensions sur leurs budgets d’acquisition et mécontentes des politiques d’abonnement des éditeurs, les bibliothèques universitaires s’intéressent de près au libre accès à l’information ou open access. En plus de dix ans d’existence, ce mouvement de fond attire les adhésions des chercheurs. Et interpelle les habitudes des éditeurs, tant dans le domaine des sciences, des techniques et de la médecine que dans celui des sciences humaines et sociale.
Les Prix Nobel seraient-ils les meilleurs promoteurs de l’accès libre aux connaissances ? On pourrait le penser à la lecture du palmarès 2012. En effet, quatre scientifiques récompensés au mois d’octobre dernier publient les résultats de leurs recherches en accès libre. Parmi eux, le physicien français Serge Haroche qui a reçu le Prix Nobel de physique pour ses travaux sur « la mesure et la manipulation des systèmes quantiques individuels ». Serge Haroche partage ses travaux sur ArXiv, une plateforme en open access dédiée à la recherche en sciences physiques. Pour les partisans de l’open access, le renfort de quatre Prix Nobel est un atout considérable.
Signe des temps, quelques jours seulement après l’attribution des Prix Nobel 2012, se tenait la Semaine internationale de l’open access. L’occasion de recenser les nombreuses initiatives lancées à l’échelle internationale. A l’heure où les restrictions budgétaires altèrent les programmes d’achat d’information, les universitaires estiment que le libre accès permet d’optimiser les coûts de la recherche scientifique.
Pour les organisateurs de la Semaine de l’open access, le constat est sans appel : « Aujourd’hui, les chercheurs, les étudiants, les enseignants, les entrepreneurs, les journalistes et les patients n’ont pas accès aux publications de résultats scientifiques financés par les impôts de notre société. La connaissance scientifique est un bien commun que nous devons protéger et partager en open access pour le développement de sociétés innovantes ».
Du côté des éditeurs et des agences d’abonnement, qui jusqu’ici faisaient la pluie et le beau temps sur l’achat d’information, on ne partage pas forcément ce point de vue. On regarde le phénomène se développer avec un sentiment mêlé de curiosité et d’appréhension. Certains d’entre eux font le choix d’accompagner le mouvement et n’hésitent pas à monter dans le train en marche. D’autres, au contraire, estiment que l’open access ne peut s’appliquer de la même manière aux domaines des sciences, techniques, médecine (STM) ou des sciences humaines et sociales (SHS). La controverse ne fait que commencer…
Sommaire du dossier :
- l’irrésistible mouvement vers le libre accès aux connaissances
- Elsevier, le paradoxe
- Cairn : de la particularité des SHS