les professionnels attendent davantage des médias électroniques

 

Où les professionnels de l’information en sont-ils en matière de médias électroniques ? Une nouvelle enquête par Swets, Archimag et le Groupe romand de documentation répond et passe au crible pratiques, attentes et perspectives d’évolution.

C'est dans le cadre d’un partenariat entre Swets, agence d’abonnement, le magazine Archimag, l’association suisse Groupe romand de documentation, et avec la collaboration d’Annaïg Mahé, maître de conférences, qu’a été réalisée une nouvelle enquête sur les médias électroniques. Son objet : étudier l’évolution des pratiques et des attentes des professionnels de l’information. La précédente enquête datait de 2006 [Guide pratique Archimag: les publications électroniques, 2008]. Si l’édition 2010 confirme certaines évolutions, de nouvelles tendances émergent. Explication à travers six points clés.

1. la percée des e-books

Pour un tiers des professionnels, les ebooks sont présents dans le portefeuille d’abonnements. C’est une percée remarquable. D’autant que ce sont jusqu’à 1000 titres qui sont proposés dans les plus grands établissements, la moyenne s’établissant à 161. De plus, 69,3 % se déclarent intéressés par une offre de livres électroniques ; la tendance est appelée à s’amplifier. À l’opposé, l’offre de cédéroms est en baisse par rapport à 2006, ce que traduit aussi une baisse du budget qui leur est consacré. À noter la présence de supports audio et vidéo dans 21,5 % des cas. En ce qui concerne le contenu, c’est une quasi constante, quel que soit le support, le domaine de l’information scientifique, technique et médicale (STM) arrive en tête de la demande : pour les périodiques électroniques, les bases de données et les e-books. Pour ces derniers, c’est la preuve que leur développement s’opère dans la continuité des autres. La mutation de support n’entraîne pas de révolution quant au type de contenu. L’information généraliste est assez peu réclamée. Enfin, la question « seriez-vous intéressé par une offre e-book ? » obtient 69,3 % d’avis positifs. Chez les réticents, les raisons de non-intérêt les plus fréquemment évoquées tiennent à des problèmes de budget ou de matériel. Ensuite, viennent des problèmes liés à l’outil de lecture – pas d’équipement adapté, obstacle d’un investissement important, obsolescence très rapide des technologies – et à la pérennité des documents eux-mêmes. Les derniers arguments ont trait à la mise en cause des publics, supposés ne pas être encore prêts, au manque d’information, ou à une offre que l’on croit insuffisante dans son domaine.

2. des difficultés techniques

La richesse de contenu est nettement le premier critère de choix de média électronique (68,4 %). Trois critères viennent ensuite de manière groupée : la clarté de l’offre (51,9 %), l’offre tarifaire (50,6 %) et la crédibilité de la source (49,4 %). Mais les difficultés techniques semblent être un frein dans la mise en place des accès électroniques, puisque 42,9 % des professionnels s’en plaignent. Les sujets de récriminations ne manquent pas . Pour autant, très peu (21,1 %) sont prêts à payer une assistance technique. Reste que les services informatiques peuvent apporter leur soutien, jugé satisfaisant à 51,3 %. Mais un soutien diversement apprécié, les professionnels ne sont pas rares faisant état de difficultés rencontrées avec leurs services informatiques qui comprennent mal leurs problématiques.

3. le presque-tout électronique

Une très large majorité (81 %), est encline, à terme, à accorder plus de confiance au contenu électronique pour mieux répondre à leurs besoins en information que l’offre papier. De fait, les arguments en faveur de l’électronique ne manquent pas : rapidité d’accès à l’information, facilité de recherche et possibilité de recherche en texte intégral, gain de temps, gain de place, mutualisation facilitée, d’autant plus indispensable que les entreprises comme les réseaux sont internationaux, accès à distance. Enfin, des critères comme le développement durable ou le respect de l’environnement font leur apparition. Mais si les trois quarts des professionnels se déclarent prêts à remplacer partiellement le support papier par un support électronique, ils ne sont que 17,9 % à affirmer qu’ils le feraient en totalité. Un pourcentage assez faible, pourtant double de celui de 2006, ce qui permet de dire que la voie vers le tout électronique se dessine de plus en plus nettement.

4. des statistiques en pointillés

Parmi les répondants, 39,7 % ne mesurent pas l’utilisation des ressources électroniques ! C’est un indicateur important qui fait défaut pour rationaliser ses abonnements. Ce point ne marque pratiquement pas de progrès par rapport à 2006. Est-ce une question d’outil ? Si mesurer n’est pas toujours techniquement possible, des outils de mesure des statistiques existent, qui sont d’ailleurs plus nombreux aujourd’hui. Mais ils ne sont utilisés que par 34 %. Pour les autres, 66 %, la mesure s’effectue en interne, manuellement, ce qui paraît effectivement peu incitatif. Quand on mesure, cela ne concerne pas systématiquement la satisfaction des utilisateurs, loin s’en faut – seuls 37 % procèdent à une telle mesure. Cette satisfaction est-elle perceptible d’une autre façon ? Car on n’imagine pas qu’elle puisse ne pas être une préoccupation du professionnel de l’information… Autre signe d’inquiétude concernant les statistiques, lorsque l’on évalue la satisfaction des professionnels concernantl’action des éditeurs, celle des intermédiaires ou leur propre action en matière de contenu électronique, ce sont elles qui font figure de bête noire, quelle que soit la personne en ayant la charge. Les pourcentages d’insatisfaction sont ici de 60 % et plus. Les regards se tournent vers les prestataires : envisagent-ils de proposer davantage de services ou fonctionnalités de statistiques ? Il en existe en fait déjà plusieurs, mais manifestement peu connus des utilisateurs.

5. recours mitigé aux consortiums

La mutualisation des achats d’information n’est pas une pratique majoritaire (42,3 %). C’est pourtant l’un des meilleurs moyens pour parvenir à négocier les prix des abonnements, surtout lorsque l’on appartient à une petite structure. Cet argument arrive d’ailleurs très largement en tête des motivations de ceux qui y ont recours. En tout cas, 11,5 % s’en servent pour la totalité de leurs achats et 25 % l’envisagent. Couperin est le plus cité des consortiums. Sur ce point, l’enquête 2010 ne révèle pas de révolution.

6. constance des grands défis

En revanche, des différences apparaissent pour les places suivantes. Promouvoir l’intégration de l’ensemble des ressources dans un outil unique remonte de la neuvième à la troisième place (40,5 %) (2). Négocier l’information à sa juste valeur régresse de la troisième à la septième place : parce qu’aujourd’hui négocier n’est plus un défi, mais une pratique courante ? ou au contraire parce que le pouvoir de négociation est si réduit face aux éditeurs qu’il provoque un effet démobilisateur ? En dernier lieu, le défi du développement de l’offre dans les domaines spécialisés descend de la quatrième à la huitième place, signe peut-être que l’offre s’est vraiment développée, par exemple en sciences humaines et sociales avec Cairn.

 

ce que vous dites des difficultés techniques

« Beaucoup de problèmes de mise en place et opacité totale en termes de droits d’utilisation, de licence, de suivi de l’utilisation... »
« En tant que bibliothécaires d’une petite structure, les éditeurs se soucient peu de notre cas. Il me faut souvent insister comme une bête enragée pour que nos accès soient fonctionnels dans un délai acceptable ».
« Même les accès consortium ne fonctionnent pas toujours tout de suite et il est souvent difficile d’obtenir des réponses et un support des éditeurs ou fournisseurs ! »

ce que vous dites des statistiques

« J’aimerais bien [mesurer l’utilisation de mes ressources électroniques], mais les raisons principales qui m’en empêchent : les produits du consortium - majoritaires dans nos ressources - ont des adresses IP globales ; le manque de temps ».
« Les statistiques sont envoyées tous les mois par l’agrégateur de périodiques électroniques ».
« Il est très difficile de comparer les statistiques de différentes ressources ».

Les podcasts d'Archimag
Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".