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Tendance : salaires, conditions de travail, formations… Où en êtes-vous ?

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    23 % des professionnels de la bibliothèque gagnent moins de 20 000 euros brut par an. (rawpixel.com/Freepik)
  • Quels sont les types de contrats, les salaires et les conditions de travail des métiers du management de l’information ? Les professionnels des archives, des bibliothèques, du community management, de la data, de la documentation, de la veille et de l’intelligence économique ont répondu à notre enquête (enquête en ligne réalisée par Archimag auprès de 345 professionnels du 22 août au 7 septembre 2022). État des lieux.

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    Selon la dernière enquête sur les rémunérations pilotée par Willis Towers Watson (WTW), société de conseil en assurance, le marché du travail français vit une période complexe. Si la France fait face à une inflation record (6,6 % prévue en décembre 2022) et à une croissance plus ou moins paralysée, le pays enregistre un taux de chômage stable.

    De plus, les augmentations de salaire devraient, selon les experts, repartir à la hausse en 2023 et 2024. Pourtant, selon une récente étude de la Dares, le nombre de démissions est relativement élevé (470 000 démissions de salariés en CDI au premier trimestre 2022).

    Lire aussi : Comment les professionnels de l'information perçoivent leurs métiers et compétences

    « Les inquiétudes face à un marché du travail tendu (57 %), les préoccupations liées à la gestion des coûts telles que l’inflation ou la hausse du coût des fournitures (57 %), ainsi que les attentes et préoccupations des salariés (47 %) sont les principales raisons qui ont incité les entreprises à mettre en place des budgets d’augmentation réels plus élevés », détaille l’enquête de WTW.

    Dans ce contexte, quelles sont vos conditions de travail ? Pour répondre à cette question, Archimag a mené une grande enquête il y a quelques semaines. Vos nombreux retours nous ont permis de dessiner de grandes tendances pour les métiers de la gestion de l’information : ceux des archives, des bibliothèques, du community management, des datas, de la documentation, et ceux de la veille et de l’intelligence économique.

    Le CDI au top

    De manière générale, le type de structure — privée, publique, associative — varie en fonction des différents domaines. Les professionnels des bibliothèques (à 86 %) et des archives (à 74 %) se positionnent dans le secteur public. Tandis que ceux de la veille et de l’intelligence économique, de la documentation, du community management et de la data sont davantage présents dans le secteur privé.

    Les community managers exercent majoritairement chez l’annonceur (entreprise privée) ; les autres travaillent pour des agences de communication (21 %) ou encore pour des institutions publiques (15 %).

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    Dans ce contexte, la tendance est plutôt à la pérennité des contrats de travail. Quand en 2021, 73,7 % des Français en emploi disposaient d’un contrat à durée indéterminée (CDI) ou du statut de fonctionnaires, 80,1 % des répondants à notre enquête affirment être en CDI, contre 16,2 % pour le CDD et moins de 2 % pour les autres contrats (stage, apprentissage, intérim, indépendant).

    Notons que les professionnels des archives sont un peu plus présents que la moyenne sur les CDD (26,9 %). Alors que selon une étude du Blog du modérateur (BDM), 52 % des community managers sont en CDI, 18 % stagiaires et alternants et 17 % indépendants. Des chiffres nettement en dessous des moyennes.

    Tous secteurs confondus, 49,6 % des professionnels sont en poste depuis moins de 5 ans (30,6 % entre 0 et 2 ans et 19 % entre 3 et 5 ans). Près de 15,4 % le sont depuis 6 à 10 ans et 35 % depuis plus de 10 ans. Les métiers de la documentation sont au-dessus de la moyenne : ils sont ainsi 42,6 % à occuper leur poste depuis plus de 10 ans.

    Bac +5 en majorité

    En ce qui concerne le niveau d’études, une grande partie des participants à notre enquête se situent à un niveau Master 2 (51,8 %). Dans le domaine de la data, 62 % des délégués à la protection des données (DPO) (dont le nombre est croissant : 21 000 en 2018 et 28 810 en 2021) disposent d’un diplôme allant du master 2 au doctorat, selon une étude récente du ministère du Travail. Et selon l’Université Paris Dauphine-PSL, le niveau Bac +5 reste un prérequis pour devenir data scientist.

    La question de la formation continue reste importante, aussi bien pour le bénéficiaire que pour l’organisation où il exerce : plus de 68 % des répondants ont bénéficié d’une formation dans les deux dernières années (dont 34,2 % en 2022). Parmi eux, ce sont les professionnels des bibliothèques qui déclarent s’être le plus formés : 89,7 % d’entre eux ont suivi une formation entre 2020 et aujourd’hui.

    Lire aussi : Brice Ravet : allier l’informatique à la documentation

    Et si leur profession demande une constante mise à jour des connaissances, 30 % des DPO n’ont pourtant suivi aucune formation Informatique et Libertés/RGPD depuis 2016, toujours d’après les données du ministère du Travail.

    Disparités de salaires pour les professionnels de l'information

    Concernant les salaires, la plus grande part des rémunérations des répondants se situe entre 20 000 euros à 29 000 euros brut par an (38,6 %). Pour rappel, dans le secteur privé, le salaire net en équivalent temps plein atteignait en moyenne 2 518 euros par mois en 2020. Il s’élève à 2 019 euros par mois dans la fonction publique territoriale, tous statuts confondus.

    En moyenne, un community manager en CDI gagne 29 394 euros brut par an. Les professionnels des bibliothèques cumulent les rémunérations les plus basses : 23 % d’entre eux gagnent moins de 20 000 euros brut par an et 29,5 % entre 20 000 euros à 24 000 euros. Dans les domaines de la veille et de l’intelligence économique, les répondants se positionnent à 32,1 % entre 30 000 et 34 000 euros brut/an. 35,8 % d’entre eux déclarent un salaire de plus de 45 000 euros brut par an (dont 17,9 % de plus de 50 000 euros).tendance-salaire-brut-annuel-metier-information

    Selon une enquête du centre de formation Data Scientest menée auprès des entreprises du CAC 40, « un data scientist gagne entre 35 000 et 55 000 euros par an (46 309 euros en moyenne). Avec un peu d’expérience, il peut toucher de 45 000 à 60 000 euros par an, voire beaucoup plus. » Ces chiffres peuvent bien sûr changer en fonction de la région où est pratiqué le métier.

    Des augmentations, oui, mais…

    Plus d’un tiers des professionnels des archives gagne entre 25 000 et 34 000 euros brut par an. Ils sont tout de même 16 % à toucher moins de 20 000 euros par an et 27,4 % entre 20 000 et 24 000 euros. La documentation se place plutôt dans la moyenne avec 45,2 % des professionnels se situant entre 24 000 et 34 000 euros brut par an. Seuls 7 % des documentalistes perçoivent une rémunération de moins de 20 000 euros brut par an.

    Il est intéressant de noter que 30,4 % des participants à notre enquête bénéficient d’une part variable : 22 % en intéressement et 8,6 % en pourcentage sur objectifs. La partie intéressement représente moins de 2 000 euros par an pour 75,3 % des répondants, quand elle atteint entre 2 000 et 5 000 euros par an pour 19,3 % des professionnels et plus de 5 000 euros par an pour 5,3 % d’entre eux.

    Près d’un tiers des participants à l’enquête déclarent ne pas avoir bénéficié d’une augmentation ces dernières années. Ceux qui sont en poste depuis moins de 2 ans sont les premiers concernés par cette stagnation de leur rémunération (56,3 %). En effet, la plupart des professionnels, toutes catégories confondues, ont signalé des augmentations depuis 2020.

    Lire aussi : Les salaires et perspectives d'évolution des archivistes, bibliothécaires, documentalistes et veilleurs

    Les professionnels en poste depuis 6 à 10 ans (majoritairement les professionnels des archives, bibliothèques et documentation) sont les plus nombreux à avoir profité d’une augmentation en 2022 : 59,2 %, suivis de près par ceux en poste depuis 3 à 5 ans (53,1 %). De manière générale, ces hausses de salaire sont de l’ordre de moins de 2 % (47 %) ou entre 2 % et 5 % (40 %). À voir si, dans le temps, ces chiffres s’aligneront sur le taux d’inflation, lequel ne fait que croître.

    Du côté des conditions de travail, la crise sanitaire a favorisé la mise en place du télétravail. En janvier 2021, selon la Dares, « 27 % des salariés le pratiquent, contre 4 % en 2019 et 8 télétravailleurs sur 10 souhaitent le poursuivre, en réduisant cependant son intensité ». Dans notre enquête, 61 % des répondants déclarent pratiquer ponctuellement (22,4 %) ou régulièrement (38,3 %) le télétravail.

    Les bibliothécaires insatisfaits

    Les professionnels de la documentation et ceux de la veille et de l’intelligence économique travaillent davantage régulièrement en dehors de leur bureau (respectivement 52,1 % et 64,3 %) que ceux des bibliothèques, qui sont près de 49 % à ne jamais télétravailler. Rappelons que le travail à distance était une découverte totale pour 81,5 % des bibliothécaires au printemps 2020 (contre 33 % en moyenne). Aujourd’hui, ils sont près de 20,5 % à le pratiquer régulièrement.

    Dans l’ensemble, les professionnels de l’information se déclarent satisfaits de leurs conditions de travail (54,4 %), voire très satisfaits (18 %). Les bibliothécaires sont les plus mécontents dans l’ensemble : 40 % d’entre eux se disent peu ou pas du tout satisfaits.

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    Plus de la moitié des répondants estiment que leur métier ne leur offrira pas de perspectives d’évolution dans les cinq prochaines années (55,3 %). Seuls 8,2 % des professionnels interrogés estiment au contraire y voir « certainement » des évolutions. Le secteur des archives est le plus optimiste, avec une légère avance : 51 % de réponses favorables, dont 11,3 % « certainement ».

    Enfin, Archimag a voulu savoir si la graine de la reconversion a commencé à germer en vous. Car en 2021, selon une étude du Centre Inffo, 47 % des actifs étaient en train de se reconvertir ou envisageaient de le faire. À noter : les changements de métier ne concernent que 53 % des reconversions et une sur quatre s’opère chez l’employeur initial.

    60,3 % des professionnels de l’information ont répondu à notre enquête ne pas envisager de reconversion professionnelle. Cependant, près d’un tiers des répondants « y réfléchissent sérieusement » et 12,6 % comptent franchir le pas. Une tendance équilibrée sur l’ensemble des métiers interrogés.

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