Cette décision anéantit les espoirs des chercheurs et des familles des victimes des Grandes Purges politiques de l'Union soviétique.
Le décret signé en 1992 (soit un an après la dissolution de l'URSS) par le président russe de l'époque Boris Eltsine prévoyait l'ouverture au public de l'ensemble des archives de l'époque stalinienne. Pourtant, le secret d'Etat empêche toujours l'accès à une grande partie des documents des forces de police et des services secrets soviétiques (VTchK, GPOu, NKVD et KGB) datant de la période 1917-1991.
Malgré une pétition signée par plus de 60 000 personnes, la Commission interministérielle pour la protection des secrets de l'Etat russe a confirmé le mercredi 20 janvier le maintient au secret d'une partie des archives verrouillées. Celles-ci resteront totalement inaccessibles jusqu'en 2044.
Garder le silence sur les méthodes d'espionnage et de contre-espionnage
La pétition, menée par le groupement Kommanda 29 (essentiellement par des familles de victimes de la terreur stalinienne, des historiens et des chercheurs), réclamait l'annulation d'une décision datant de mars 2014 laquelle prévoyait déjà de bloquer l'ouverture au public de ces archives pendant près de 30 ans. La raison ? Selon la Commission, les archives gardées secrètes "contiennent des informations sur les méthodes d'espionnage et de contre-espionnage (...) qui sont encore d'actualité dans la mesure où leur publication est susceptible de porter atteinte à la sécurité de la Russie".
Le sort des victimes des purges toujours inconnu
Cette décision révolte les signataires de la pétition, et notamment les familles de victimes : "L'accès à des documents importants de l'époque nous est interdit jusqu'en 2044, a confirmé à l'AFP l'historien Nikita Petrov, membre de l'ONG Memorial, dédiée aux répressions en URSS ; ces textes nous permettraient d'expliquer le mécanisme des répressions et d'élucider le sort de plusieurs centaines de milliers de victimes des purges qui reste toujours inconnu".