Alors qu'elles représentent les deux tiers des bibliothécaires, les femmes sont-elles confrontées au célèbre plafond de verre lorsqu'il s'agit de diriger une bibliothèque ?
Pour l'Inspection générale des bibliothèques, la réponse est positive : « Il y a une barrière à l'accès des femmes au corps des conservateurs généraux, liée à l'accès aux fonctions de direction ».
Dans un rapport publié en 2013, l'IGB dressait la répartition des corps et grades par sexe : le corps des bibliothécaires apparaît comme le plus féminisé (78,1 % de la filière) devant celui des bibliothécaires assistants spécialisés (76 %). Les moins féminisés sont les conservateurs généraux (54,6 %) et les magasiniers (58 %). Quant au corps des conservateurs, il est proche de la moyenne de la filière (68,5 %).
« On constate un différentiel entre le pourcentage global de femmes pour le corps et le pourcentage au grade le plus élevé du même corps. Ce différentiel est négatif pour les magasiniers principaux première classe (-11 %), ainsi que pour les bibliothécaires assistants spécialisés (-3 %). Mais il est positif pour les conservateurs (+3 %) », explique l'IGB.
"Les hommes ont plus de chances d'accéder à un poste à responsabilité"
Même analyse pour Séverine Forlani qui, dans un mémoire d'étude présenté à l'Enssib en 2009, pointait les conditions d'exercice du métier de bibliothécaire : « Les femmes sont plus souvent nommées dans les établissements où l'importance de la hiérarchie limite de fait le pouvoir lié à leur fonction, tandis que les hommes sont proportionnellement plus nombreux à des postes où le degré d'autonomie est plus grand. L'idée d'une discrimination hiérarchique semble également validée : la proportion de femmes baisse ainsi à mesure que le niveau de responsabilité augmente. Moins nombreux dans la profession, les hommes ont statistiquement plus de chances d'exercer un poste à responsabilité que les femmes. On voit donc apparaître là tous les éléments constitutifs d'un plafond de verre. »