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Publics séjourneurs en bibliothèque : au-delà du passage, pourquoi rester ?

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    Entre refuge, lieu de travail et espace de sociabilisation, la bibliothèque est bien plus qu’un simple lieu de lecture : elle devient un véritable prolongement du quotidien pour ceux qui y séjournent (Freepik).
  • Dans "Ma recherche en 5 minutes", Archimag donne la parole à l’auteur d’une thèse portant sur les sciences de l’information et de la documentation. Ce mois-ci, Agnès During développe le sujet de son mémoire d’étude "Les publics séjourneurs en bibliothèque : mieux comprendre les usagers dont les pratiques multiples questionnent le rôle des bibliothèques", présenté à l’Enssib en 2024.

    archimag_382_hd_couv_20250228_page-0001_1.jpgenlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°382 - Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent

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    En se rendant dans une bibliothèque, on ne peut s’empêcher de remarquer la pluralité des personnes présentes et la diversité de leurs usages. Dans le cadre d’un mémoire à l’Enssib dirigé par Béatrice Pallud-Burbaud, directrice du développement des publics et des services à la Bibliothèque municipale de Lyon, j’ai exploré les profils des publics séjourneurs, leurs activités et leurs attentes.

    Qu’entend-onagnes_during.jpg par le terme "séjourneurs ? Il s’agit des personnes qui restent pour une durée relativement longue, quelques heures ou toute une journée, mettant ainsi à profit les espaces et les services proposés par les structures.

    Aussi appelés "habitants", ces usagers sont définis par opposition aux "passagers", qui viennent pour une raison précise et repartent rapidement. Devenus habitués lorsqu’ils fréquentent assidûment les lieux, les "habitants" se sentent majoritairement à leur place et maîtrisent l’espace de la bibliothèque. Cependant, il apparaît que certains se sentent peu légitimes, voire même clandestins : les origines sociales et l’insécurité culturelle constituent parfois des freins à la fréquentation des bibliothèques.

    Lire aussi : Ma recherche en 5 minutes : la politique documentaire des livres numériques

    Une large typologie d’usagers

    Parmi les séjourneurs, on retrouve une large typologie d’usagers, des jeunes aux personnes âgées, en passant par les usagers non-inscrits et les publics précaires. En effet, les bibliothèques sont les seuls lieux publics ouverts à toutes et tous, où les usagers peuvent se rendre aussi souvent et aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

    Les usagers restent pour profiter des services mis en place par les bibliothèques, qu’il s’agisse de services traditionnels, comme le matériel informatique et les ateliers de formation, ou de services de premier niveau, comme les fauteuils, les prises électriques et les toilettes. La fréquentation peut aussi être liée à l’utilisation des collections : les séjourneurs lisent des documents sur place.

    Quant aux étudiants, la bibliothèque constitue pour eux un espace de travail privilégié, l’occasion de s’imposer des contraintes et d’augmenter leur efficacité. Travailler entourés de leurs pairs les motive et les rassure. Par ailleurs, étudier à la bibliothèque leur permet de différencier leur lieu d’études de leur lieu de repos.

    Pour ceux qui la fréquentent dans la durée, la bibliothèque représente souvent un lieu de sociabilisation apaisée, tant avec les autres usagers qu’avec les bibliothécaires. Les usagers forment une "communauté discrète". C’est cette ambiance bienveillante qui attire les personnes souhaitant échapper à l’isolement qu’elles peuvent subir par ailleurs. Néanmoins, tout en étant un lieu de vie et d’échange, les bibliothèques représentent aussi une bulle, un lieu à soi, propice à l’épanouissement personnel, où l’on peut s’isoler en se concentrant sur une activité solitaire.

    Lire aussi : Dossier : comment faire (re)venir les publics en bibliothèque ?

    Une extension du logement

    Étudier les usages des séjourneurs, c’est aussi découvrir les formes que revêtent les bibliothèques. Celles-ci se transforment en salon, avec des espaces qui invitent à l’échange et au jeu, en bureau où l’on peut travailler, ainsi qu’en chambre dans laquelle l’usager se met en retrait et se repose.

    Au-delà d’un lieu de détente ou de travail, la bibliothèque a une importance particulière dans la vie quotidienne des séjourneurs. Lorsque la fréquentation de la bibliothèque devient une habitude, cela rassure et apporte de la stabilité en structurant les journées, les lieux devenant parfois une extension du logement. En outre, grâce aux collections et aux médiations proposées, les bibliothèques jouent un rôle dans la construction et la valorisation de l’identité.

    Elles soutiennent la formation, l’accès à l’information et à la culture et la recherche d’emploi. C’est notamment le cas pour les publics précaires, qui bénéficient de services dédiés dans certaines bibliothèques, comme des permanences d’écrivains publics et des ateliers de FLE (français langue étrangère). En cela, elles contribuent à la qualité de vie des citoyens, comme l’a déclaré une commission de l’Afnor (Association française de normalisation) en 2016.

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