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Un cloud européen au service des données européennes
Le 4 juin 2020, le projet Gaia-X était officiellement lancé à Paris au ministère de l’Économie. Objectif : développer une infrastructure de cloud continental et permettre aux entreprises européennes de reprendre le contrôle sur leurs données.
Un enjeu de taille alors que le marché de l’infonuagique est largement dominé par des acteurs nord-américains et chinois (Alibaba, Microsoft Azure, Amazon Web Services, Google).
Porté à ses débuts par la France et l’Allemagne, le projet a dans un premier temps reçu le soutien de 22 entreprises (11 françaises et 11 allemandes) : Atos, EDF, Dassault systèmes, OVH, Scaleway (Iliad), Orange, SAP, Deutsche Telekom, Siemens…
Du côté des acteurs de la confiance numérique, on trouve par exemple Docaposte, la filiale numérique du Groupe La Poste qui « s’est naturellement positionnée sur ces nouveaux enjeux du cloud en devenant membre fondateur de Gaia-X. La position de Docaposte est de mettre à disposition de Gaia-X une chaîne de solutions de confiance garantissant le respect des principes de confidentialité, de sécurité et de transparence dans l’usage des données des clients ».
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Gaia-X : 10 % de membres extra-européens
Depuis, Gaia-X compte plus de 300 membres dont de nombreux allemands et français qui en constituent l’armature. Il s’agit d’entreprises privées, bien sûr, mais également d’institutions scientifiques publiques comme l’Institut Mines-Télécom ou La Sorbonne.
Ces nouveaux venus pourraient donc être une bonne nouvelle pour l’Europe. Mais certains de ces membres ne font pas partie de l’Union européenne. Salesforce, Palantir, Oracle (États-Unis), mais aussi Haier et Shenzhen Shuxin Technology (Chine), NTT Communications Corporation (Japon) ou Tsau’l Lltdryb Walistsharat (Qatar)… Au total, près de 30 membres, soit environ 10 %, sont originaires de pays qui n’ont aucun intérêt à ce que l’Europe se dote d’un cloud souverain.
La présence d’acteurs extra-européens au sein de Gaia-X fait-elle figure de cheval de Troie ? C’est en tout cas l’opinion de Scaleway, filiale du groupe Iliad de Xavier Niel, qui a tout simplement jeté l’éponge et décidé de se retirer de Gaia-X. À ses yeux, le projet de souveraineté européenne est désormais dénaturé par la présence de ces entreprises non-européennes.
Signe des temps, la deuxième conférence annuelle Gaia-X qui s’est déroulée à Milan au mois de novembre 2021 était sponsorisée par Huawei, Alibaba, Microsoft et AWS…
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Concurrencer à l’échelle les « hyperscalers »
Du côté de la direction de Gaia-X, on préfère se montrer optimiste. « Nous sommes en train de construire un cadre de confiance », explique Francesco Bonfiglio, directeur général du Gaia-X ; « si nous ne faisons rien, dans cinq ans nous serons complètement otages de quelques grands acteurs contrôlant toute la donnée ».
Selon les promoteurs du projet, certains services nés sous Gaia-X ont vocation à « concurrencer à l’échelle les hyperscalers » (les géants nord-américains et chinois fournisseurs de services de cloud). Un objectif a été fixé : « acquérir une part substantiellement plus élevée du marché de l’économie numérique » aujourd’hui estimée à seulement 5 %.
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Derrière Gaia-X : des espaces de données
En attendant, Gaia-X avance cahin-caha. Et en ordre dispersé. Les premiers « espaces de données » estampillés Gaia-X, devraient voir le jour très prochainement. Notamment le projet Catena X, un espace de données pour la filière automobile qui devrait être déployé au cours du premier semestre 2022.
Le secteur de l’aéronautique est aussi bien engagé grâce à la présence du poids lourd Airbus qui œuvre à la création d’un « data space » dédié aux données des avionneurs.
Sans oublier l’agriculture et l’agroalimentaire qui devraient disposer du service Agdatahub auquel pourraient se raccorder jusqu’à dix millions d’exploitations agricoles européennes.