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Automatisation : aller encore plus loin avec l’IA générative

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    L’IA générative et les agents intelligents propulsent l’automatisation vers l’ère de l’hyperautomatisation (Freepik)
  • Workflow, BPM, RPA, IDP : autant de technologies pour automatiser des tâches répétitives dans les organisations. La présence de l’intelligence artificielle n’y est pas nouvelle. Aujourd’hui, les éditeurs s’emparent de l’IA générative pour automatiser davantage encore. L’hyperautomatisation n’en est qu’à ses débuts.

    enlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°380
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    "Le marché des solutions et services associés à la gestion des processus documentaires et métiers est estimé à près de 3,4 milliards d’euros en 2024", observe la société d’études et de conseil sur le numérique Exaegis Markess. En France, une progression de 7,4 % par an en moyenne est annoncée d’ici 2028.

    automatisation_ia_generative_sofiene_jenzri_uipath.pngLa demande est l’un des facteurs qui expliquent cette croissance. Pour nombre d’utilisateurs, le premier enjeu rencontré dans leur travail reste la simplification et l’automatisation des processus. De fait, les organisations comptent continuer à investir prioritairement dans ce sens. Un "feed-back auquel UiPath est très attentif", affirme Sofiene Jenzri, RPA and AI principal presales engineer. Si l’éditeur mène une recherche appliquée, il se préoccupe surtout de ce que sa technologie peut apporter aux clients, soit plus de productivité, d’excellence opérationnelle et de satisfaction client.

    Mais les investissements en automatisation en sont parfois au stade zéro. Maxime Vermeir, directeur de la stratégie IA chez Abbyy, estime que la moitié des organisations n’ont encore aucun équipement d’automatisation. Pour elles, les documents, dont une grande partie est non structurée, restent des gisements de données inexploitées.automatisation_ia_generative_maxime_vermeir_abbyy_2023.jpg

    Certes, la taille de l’organisation et la possession interne de compétences IT jouent. "Les grandes entreprises continuent à être les moteurs de cette tendance", confirme Aurélie Leleu, analyst expert, digitalisation des processus documentaires et métiers chez Exaegis Markess ; "ce qui est probablement une question de maturité digitale et de budget".

    automatisation_ia_generative_aurelie_leleu_markess.jpgLes grands groupes bancaires et d’assurance ont figuré parmi les premiers demandeurs en automatisation et UiPath se félicite d’être présent dans 80 % des entreprises du Cac 40. Mais les entreprises moyennes de divers secteurs, de même que les acteurs publics administratifs et territoriaux, sont aussi demandeuses. Et lorsque la technologie est introduite dans l’organisation, les cas d’usage ont tendance à se multiplier. "On continue à répandre l’automatisation par services, RH, finances, facture… Puis on l’étend davantage", affirme Aurélie Leleu.

    Lire aussi : Comment automatiser vos processus et workflows ? Méthode

    Un éventail de technologies

    Ainsi, workflow, business process automation (BPM), robotic process automation (RPA) et traitement intelligent des documents (intelligent document processing, IDP), pour ne citer que les termes les plus génériques, répondent présents. Ces technologies sont mises en œuvre par les éditeurs eux-mêmes ou par des développeurs et entreprises de services du numérique (ESN). Avec elles, toute tâche automatisable semble pouvoir trouver une réponse.

    Par exemple, dans le cycle d’achat d’une entreprise (procure-to-pay), on peut appliquer une automatisation de bout en bout, tâche par tâche : demande d’achat, génération du bon de commande, réception des factures, le rapprochement des informations et des données apportant un suivi plus précis de l’activité de l’entreprise. Avec la généralisation de la facture électronique à compter du 1er septembre 2026, on peut anticiper une automatisation croissante dans ce domaine, susceptible de se répandre dans d’autres processus.

    "Grâce à l’intelligence artificielle (IA) prédictive ou générative, on est capable d’aller chercher de nouveaux cas d’usages d’automatisation", déclare Sofiene Jenzri, évoquant le prédictif, l’arbitrage et la classification. Pour lui, il y a moyen d’insérer plus d’automatisation en faisant travailler ensemble les personnes qui développent les processus automatisés, celles de la data et celles de l’IA pour que soient produits des modèles d’IA consommables par les automates.

    C’est le cas, par exemple, d’une société des télécoms qui développe des modèles de maintenance prédictive des antennes ; au sein des processus, ce modèle est appelé, permettant de déclencher ou planifier des opérations de maintenance. Dans ce mouvement, UiPath propose notamment des solutions de process mining (compréhension des processus, cartographie, amélioration, automatisation) ou de testing ("tests de non-régression" devant assurer qu’un processus continue de fonctionner tout en mettant en œuvre des développements logiciels nouveaux)…

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    Une hypertautomatisation inéluctable

    Pour autant, a-t-on atteint ce que l’on appelle parfois l’"hypertautomatisation" ? Le terme n’est pas employé dans l’étude d’Exaegis Markess, reconnaît Aurélie Leleu, "mais chercher à optimiser et à accélérer le plus possible ses processus est dans la continuité des solutions".

    Le contexte est d’ailleurs devenu encore plus favorable, avec la démocratisation de l’intelligence artificielle générative (IAGen), notamment grâce à ChatGPT. Les utilisateurs commencent à se l’approprier et croient en de nouvelles possibilités - parfois de manière excessive. "Davantage de personnes sont prêtes", estime Maxime Vermeir. "Mais il faut encore les guider vers le bon type de solution et le bon ensemble d’outils pour parvenir à l’automatisation souhaitée".

    Pour UiPath, cela se traduit par une nouvelle génération de technologies avec de l’IAGen, à savoir l’"agentic automation", dont l’éditeur a fait l’annonce fin octobre à Las Vegas. Elle consiste en agents intelligents sachant eux-mêmes planifier et exécuter une tâche simple, ceci de manière de plus en plus automatique, moyennant un prompt en entrée exprimé en langage naturel. D’autres éditeurs proposent des solutions du même type qu’Agent Builder de UiPath, comme Microsoft dans son écosystème Copilot ou ServiceNow dans sa plateforme.

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    Combinaison d’agentic et de robotique

    "En fait, on va vers une combinaison d’agentic et de robotique", décrit Sofiene Jenzri. Le robot exécute étape par étape ce qu’il doit faire, tandis que les agents ont une certaine autonomie dans la définition des différentes tâches et leur exécution. Ainsi, on peut imaginer un processus avec des parties robotisées, au-dessus desquelles l’agent exécute le processus global, décide des différentes étapes, avec parmi elles celles qui reviennent à la robotique.

    Par exemple, Uipath propose déjà Autopilot, un assistant conversationnel plus doué qu’un simple chatbot. Pour une note de frais, un employé peut lui demander : "saisis cette note de frais et vérifie au préalable si elle est compatible avec la politique de l’entreprise" (dans les organisations, les notes de frais sont soumises à différentes contraintes, notamment des montants plafond).

    Autopilot exécutera alors différentes étapes : analyse de la facture par OCR, puis vérification de la compatibilité des informations avec génération augmentée de récupération (RAG) (technique qui complète la génération de texte d’une IA avec des informations provenant de sources de données), lancement d’une automatisation qui peut être robotique (RPA), puis saisie dans l’ERP. Sofiene Jenzri se veut rassurant : "ce sont des technologies non intrusives, comme la RPA, qui ne perturbent pas l’écosystème. Elles viennent au-dessus de l’applicatif".

    Abbyy avance dans la même direction, avec une nuance d’automatisation personnelle : "ces agents auront accès à ce qu’il se passe au niveau des tâches, à l’échelle du travailleur du savoir", explique Maxime Vermeir.

    Ils pourront observer que, chaque jour, tel collaborateur consulte sa messagerie Outlook, effectue une opération particulière, remplit un formulaire et utilise ensuite telle autre application pour une action. "Ils lui feront part de cette observation et lui proposeront de l’aider à automatiser cet ensemble très répétitif en combinant des outils d’IDP, de RPA et autres. Au collaborateur d’accepter ou non".

    Ainsi, les outils d’automatisation existants demeureront, les agents d’IA en seront les orchestrateurs et les utilisateurs garderont une part de contrôle.

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    La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.

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