CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°382 - Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent
Sommaire :
- Dossier : Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent
- Les fraudeurs utilisent l’IA, les éditeurs antifraude aussi
- Comment les solutions de gestion documentaire embarquent l’IA
- IA et digital workplace : une révolution maîtrisée par les éditeurs
- L'IA, alliée des logiciels de veille
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Le dimanche 9 février 2024 est à marquer d’une pierre blanche. Ce jour-là, Emmanuel Macron créait la surprise en annonçant "109 milliards d’investissement confirmés" pour l’intelligence artificielle en France.
À l’occasion du Sommet mondial de l’IA qui s’est tenu à Paris le mois dernier, le président de la République a dû se rendre à l’évidence : les pays européens n’investissent pas assez et se classent très loin derrière les États-Unis et la Chine. Ces deux pays ont investi respectivement 67,2 milliards et 7,76 milliards de dollars dans l’IA pour la seule année 2023.
Sans oublier le projet Stargate de 500 milliards, promis en janvier dernier par Donald Trump. L’annonce de ces 109 milliards d’euros sonne donc comme une bonne nouvelle pour que la France et l’Europe se dotent de capacités d’IA aussi souveraines que possible.
Autre bonne nouvelle, quelques pépites françaises commencent à faire parler d’elles. C’est le cas de Mistral AI qui, en peu de temps, a levé plusieurs centaines de millions d’euros, pour être aujourd’hui valorisée à près de six milliards d’euros.
Dans le détail, la liste des investisseurs risque cependant de faire grincer des dents du côté des défenseurs de la souveraineté numérique européenne. On y trouve en effet les noms de plusieurs entreprises américaines et asiatiques qui dominent déjà leurs marchés respectifs : Cisco, IBM, Nvidia, Samsung, Salesforce…
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"Nous nous devons d’être présents sur le sujet de l’IA"
À une autre échelle, la filière du logiciel documentaire s’est elle aussi convertie à l’IA. À la clé, des promesses en matière d’automatisation : classification et indexation automatique des documents grâce à l’apprentissage automatique, extraction de données, détection d’anomalies… Comme le fait remarquer un éditeur de logiciels de gestion électronique de documents : "les clients sont désormais bien conscients des apports de l’IA. Il y a une réelle attente et nous nous devons d’être présents sur ce sujet".
Même constat pour les digital workplaces qui, quasiment toutes, carburent désormais à l’IA. L’an dernier, Jamespot avait ainsi annoncé l’acquisition de la start up Mr-Smith.ai, spécialisée dans la création de chatbots RAG (retrieval augmented generation). Moins connus que les chatbots LLM du type ChatGPT qui s’appuient uniquement sur des données apprises lors de leur entraînement, les chatbots RAG combinent la récupération d’informations pertinentes dans les bases de données de l’entreprise et la génération de contenu.
Lors du rachat de Mr-Smith.ai, Alain Garnier, PDG de Jamespot, évoquait un cap incontournable : "le développement d’une offre chatbot RAG fait clairement partie de notre feuille de route".
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Approche fermée et stratégies hybrides des éditeurs
Le segment de la veille, de son côté, ne pouvait manquer le virage de l’IA, mais les acteurs avancent en ordre dispersé : "selon les annonces, il y a des approches fermées (l’IA générative de l’éditeur exclusivement), d’autres font le choix d’une IAG du marché, et Sindup celui du mix LLM pour des stratégies hybrides, adaptables et évolutives", constate Mickaël Réault, fondateur et PDG de Sindup.
Mais il est encore tôt pour faire un état des lieux. "Les discussions “en off” montrent qu’il y a parfois des écarts importants entre les effets d’annonce et la pratique", poursuit Mickaël Réault. "Bien qu’il y ait une pression médiatique autour du sujet, il ne s’agit pas d’aller trop vite. On le voit récemment avec le bad buzz d’Apple Intelligence, qui s’appuyait sur l’IA générative pour résumer automatiquement l’actualité à partir des articles de la BBC pour certains utilisateurs d’iPhone (malgré le phénomène d’hallucinations, bien connu). Résultat, le service d’Apple a annoncé le suicide d’une personnalité par erreur ou encore une arrestation sur la scène internationale qui n’a jamais eu lieu…"
Selon Mickaël Réault, les futures IA vont continuer à bouleverser les logiciels développés par les éditeurs, mais aussi les pratiques quotidiennes des veilleurs : "l’année 2025 s’annonce encore très riche en évolutions technologiques, alors même que les éditeurs comme les utilisateurs n’ont pas encore intégré toutes les évolutions de 2024. Il faudra certainement compter encore quelques mois pour que les stratégies des éditeurs français s’affinent et se révèlent totalement."
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Une technologie à ne surtout pas négliger
Autre éditeur bien connu de la veille, KB Crawl a intégré l’IA dans ses solutions depuis plusieurs années. Pour Arnaud Marquant, directeur des opérations, l’intelligence artificielle est, en elle-même, une technologie à ne surtout pas négliger : "pour les éditeurs, l’IA est une thématique de notre veille, car les technologies progressent très vite et de plus en plus de fonctionnalités seront accessibles pour permettre aux veilleurs d’automatiser davantage de tâches. Il nous faudra accompagner cette transformation et nous maintenir à jour des évolutions qui vont réinventer ou compléter nos solutions et nos métiers."