Les archives de la principauté de Monaco concernant la période de 1942 à 1944 n'avaient encore jamais été communiquées. A la demande du centre Simon-Wiesenthal en décembre 2019, le gouvernement monégasque a accepté ce mardi 21 janvier 2020 d'ouvrir ses archives, l'assurant de sa "transparence" sur une période sombre de son histoire, restée longtemps tabou : une période durant laquelle de nombreuses arrestations et déportations de Juifs ont eu lieu depuis le sol monégasque.
C'est en Israël, lors des cérémonies du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, que Serge Telle, le ministre d'Etat de la principauté de Monaco a assuré les responsables du centre Simon-Wiesenthal de "la volonté de transparence de la Principauté et de son souhait de totale coopération".
Accéder en toute transparence aux archives
Les chercheurs de ce centre, une ONG créée en 1977 pour préserver la mémoire de l'Holocauste, pourront, selon le ministre "plus facilement accéder, en toute transparence, aux archives". Il précise de surcroît que "toute nouvelle source documentaire qui serait apportée par leur soin serait naturellement étudiée et traitée".
"C'est une affaire très importante", expliquait Shimon Samuels, le directeur du CSW-Europe, le 16 décembre 2019 dans sa lettre adressée au ministre d'Etat de Monaco Serge Telle afin de l'exorter à lui accorder "l’accès à vos archives sur la période de l’Holocauste pour en finir avec une douloureuse dette morale envers l’Histoire" ; "Il y a peu de survivants. Avec leur disparition, il y a moins de chances de passer les leçons de la Shoah. Je salue la décision du pape François d'ouvrir prochainement, le 2 mars 2020, les archives du Vatican sur son activité durant la Deuxième Guerre mondiale".
Si la principauté de Monaco est restée officiellement neutre durant la Seconde guerre mondiale, de nombreux chercheurs ont depuis levé le voile sur les faits tragiques qui s'y sont déroulés durant la Seconde Guerre mondiale. Gouverné alors par le prince Louis II, Monaco fut en réalité très proche du régime de Vichy avant d'être successivement occupé par l'Italie (en novembre 1942), puis par l'Allemagne (en septembre 1943).
Du tabou...
Entre le recensement des Juifs ordonné sur le territoire en juillet 1941 et la libération du pays en septembre 1944, de nombreuses rafles ont persécuté et envoyé vers les camps de la mort les réfugiés comme les juifs de Monaco ; des faits sur lesquels le gouvernement monégasque a longtemps refusé de revenir.
Depuis, les souverains monégasques ont reconnu certains faits tragiques. Une Commission d'assistance aux victimes de spoliations (CAVS) a même été créée par le prince Albert II en 2006.
... à la demande de pardon
"Nous avons commis l’irréparable en livrant à des autorités nazies des femmes, des hommes et des enfants qui s’étaient réfugiés chez nous pour échapper aux persécutions dont ils ont été victimes en France. En détresse, ils sont venus chez nous pour chercher une protection, pensant qu’ils y trouveraient de la neutralité", avait déclaré le 27 août 2015 le prince Albert II de Monaco en dévoilant une stèle commémorative à la mémoire des Juifs arrêtés et déportés depuis Monaco.