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"Beaucoup pensent encore que la dématérialisation a forcément un impact positif sur la planète puisqu'elle permet d'éviter de consommer du papier et d'abattre des arbres", explique Louise Guerre, directrice de la rédaction d'Archimag et animatrice de la conférence qui s'est tenue sur le Salon Documation ce mercredi 8 septembre, dans son introduction. "C'est totalement faux puisque cette croyance néglige, entre autres, le bilan carbone des serveurs, du cloud, du matériel et de tous nos usages".
Serda accompagne les entreprises dans la dématérialisation responsable
Pour Pierre Fuzeau, président du Groupe Serda, le lien entre dématérialisation responsable et gouvernance numérique est évident. "C'est un sujet majeur qui concerne le matériel, les logiciels et l'humain", explique-t-il, "mais il est souvent difficile pour les organisations de savoir par quel bout le prendre". Selon lui, "tout le monde est encore au milieu du gué, en mode hybride, c'est à dire en disposant de solutions numériques tout en continuant de produire et d'utiliser du papier". Et le 10ème rapport annuel sur la gouvernance de l'information numérique publié en avril 2021 par Serda - Archimag le confirme : construire des politiques de gouvernance de l'information numérique avec des programmes de dématérialisation et des choix d’infrastructures écoresponsables semble encore bien loin d’être une réalité : pour 81 % des répondants interrogés à l'occasion de ce rapport, aucun bilan carbone n’a encore été réalisé au sein de leurs organisations.
Pourtant, la méthode appliquée par le cabinet de conseil Serda est claire : "on travaille très souvent sur les schémas directeurs existants", poursuit Pierre Fuzeau ; "puis on met des capteurs sur chaque élément des circuits - entrant, circulant et sortant - et on applique des ratios sur des référentiels que nous sommes en train de construire".
Surtout, la communication sur les enjeux d'une dématérialisation plus écologique apparaît comme primordiale, suivie par la mise en place d'indicateurs de mesure d'empreinte carbone pour tous. "Nous conseillons également aux organisations de nommer un référent en matière de dématérialisation responsable, poursuit Pierre Fuzeau ; il en existe déjà plus ou moins mais leur rôle opérationnel est encore en devenir". Enfin, l'étape indispensable est la mise en place d'une feuille de route pluriannuelle
Le défi de l'Agglomération de La Rochelle
De son côté, Guillaume Vola est en charge du projet La Rochelle Territoire Zéro Carbone (RTZC) pour l'Agglomération de La Rochelle. Ce programme ambitieux, qui vise à faire du territoire rochelais la première agglomération littorale zéro carbone à l'horizon 2040, réunit 130 partenaires et mise sur des projets d'innovation de séquestration carbone. Avec un outil transverse à disposition : La Coopérative carbone. Cet "agrégateur" carbone, qui prend la forme d'une société coopérative d'intérêt collectif, agrège et accompagne les porteurs de projets, évalue le « gain carbone » ou les économies d’énergie de leurs actions et porte, entre autres, les démarches administratives de labellisation. "Nous agrégeons déjà beaucoup de projets, explique Guillaume Vola ; et la réplication de notre dispositif sur d'autres territoires, comme Rouen ou Paris, est en cours".
Kodak Alaris, déjà labellisé
De l'autre côté de l'Atlantique, les entreprises américaines en matière de frugalité énergétique sont rarement exemplaires. "Notre entreprise doit donc redoubler d'efforts", explique Cyril Condamine, directeur commercial et Plan green de Kodak Alaris. Pour cet acteur historique, qui permet de capturer la donnée quelle que soit sa source, la problématique est double : celle de constructeur de matériel et d'éditeur de logiciel. "Un kilo de scanner, c'est 362 kg de matières premières mobilisées, 56 kg de CO2 produits et 99 kg émis durant son cycle de vie", poursuit le directeur commercial. Kodak Alaris, qui a longuement travaillé sur la fiabilité, la durabilité et la réparabilité de ses scanners, a finalement obtenu le label Epeat Gold, un éco-label international qui permet aux consommateurs d'évaluer l'effet d'un produit informatique sur l'environnement. "C'est un label crucial pour les clients et les acteurs de la dématérialisation responsable", ajoute-t-il ; "car nos appareils sont faits pour durer et sont réparables !"
Smile face aux nouvelles attentes de ses clients
Pour Smile, spécialiste européen de l'intégration et de l'infogérance de solutions open source, présent également sur le salon Documation, le numérique responsable est une vraie tendance à surveiller : "Cela devient même un critère systématique dans toutes les consultations de nos clients, essentiellement privés, depuis deux ans environ", confirme Olivier Favreau, Business line manager - Information systems de Smile ; "cela nous pousse à mieux mettre en valeur ce qu'on peut faire sur ces sujets". En matière de hosting, par exemple, leurs actions peuvent être assez facilement valorisées car peuvent avoir un véritable impact sur l'empreinte écologique. "Nous sommes convaincus que des certifications orientées environnement arriveront bientôt", conclut-il.
Jalios, une démarche de numérique responsable à 360°
Chez Jalios, éditeur français spécialiste de la digital workplace, de l'intranet et de l'extranet collaboratif et des réseaux sociaux d'entreprise, également présent sur Documation, on aborde le numérique responsable comme une démarche globale d'offre de services et un véritable projet d'entreprise. Accompagné par un cabinet de conseil, l'éditeur vise la labellisation numérique responsable. "Le label aide à formaliser une démarche à 360° pour atteindre une véritable gouvernance numérique responsable dans l'entreprise, avec des engagements sur 3 ans", explique Hoang-Anh Phan, chief marketing officer chez Jalios ; "cela passe par exemple par l'achat de matériel, l'écoconception ou encore la sensibilisation du personnel, déjà très ouvert à ces sujets". Côté écoconception, Jalios s'est entouré d'un partenaire, Green Spector, qui lui permet de mesurer la consommation d'énergie de ses services numériques. "C'est très important pour isoler les sujets et savoir de quoi on parle", ajoute Hoang-Anh Phan. Elle conclut : "En tant qu'éditeur de logiciel, nous avons identifié que notre démarche aura un impact beaucoup plus fort si on arrive à faire bouger des partenaires via notre solution de digital workplace. Si l'on fait en sorte que notre logiciel soit compatible avec le matériel de nos clients le plus longtemps possible, avec un accompagnement pérenne à long terme, alors notre impact sera positif".
Bilan carbone et sobriété numérique
Autre éditeur à investir le domaine la sobriété numérique, Jamespot a procédé à son premier bilan carbone dès 2015 : "nous étions alors les seuls à faire cela" se souvient Alain Garnier, fondateur et PDG de la société spécialisée dans les digital workplace ; "notre bilan carbone a été publié à l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et nous en avons lancé un deuxième en 2019. Nous devons désormais arrêter de taper dans les ressources naturelles et biologiques. Le numérique est à la fois le problème et la solution à la question écologique".
Les enseignements de ce bilan portent sur les locaux de l'entreprise, sur ses serveurs et sur les déplacements de ses collaborateurs. "Nous avons repensé nos usages . Aujourd'hui, l'équipe de Jamespot est conscientisée et a intégré la question écologique dans sa stratégie". L'éditeur songe désormais à procéder à un bilan carbone à un rythme plus soutenu.
La permaentreprise de Serda - Archimag
Cette vision vertueuse du numérique, est également celle du Groupe Serda - Archimag, qui profite de sa présence sur le salon Documation pour annoncer son adoption d'un nouveau modèle d'entreprise, la permaentreprise, un modèle viable pour un futur plus vivable, inspiré de la permaculture. "Nous intégrons désormais 3 principes éthiques : prendre soin des humains, prendre soin de la planète, limiter nos besoins et distribuer les surplus", explique Louise Guerre, présidente du groupe Serda-Archimag. L'ensemble des collaborateurs du groupe, impliqués dans cette démarche avec 27 projets et des indicateurs précis, a même participé à la rédaction d'une nouvelle raison d'être :
"Accompagner les organisations pour préserver leur mémoire et partager le savoir dans un monde digital,en adoptant une démarche de sobriété numérique et centrée sur l'humain".