Sommaire du dossier :
- Profession data
- Trois pros des data
- RGPD : des outils pour se mettre en conformité
- Paul-Olivier Gibert : "les CIL devront se mettre à niveau pour devenir DPO"
- Métiers de la donnée : quelle formation ?
Les éditeurs de solutions de gestion de l’information s’emparent de la nécessité de conformité. Le président de l’Association française des correspondants à la protection des données à caractère personnel livre son point de vue. Les formations aux métiers de la data sont déjà en nombre.
Êtes-vous data analyst ? Ou bien data scientist ? Ou bien encore data protection officer ? Si oui, vous avez de la chance : en quelques mois seulement, les emplois dédiés au traitement et à l'exploitation de la donnée ont littéralement explosé.
« Nous avons constaté un doublement des offres d'emploi pour les neuf premiers mois de 2017 par rapport aux neuf premiers mois de 2016, explique Karl Rigal, responsable éditorial du site Monster.fr ; et cette montée en puissance se joue également du côté des personnes en recherche d'emploi. Les requêtes effectuées sur notre moteur de recherche autour des métiers de la donnée, notamment data analyst et data scientist, ont augmenté de 25 % en l'espace d'un an ».
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement. À commencer par les puissances de calcul informatique qui ne cessent de croître. Résultat : les entreprises sont désormais dans l'obligation d'exploiter des données brutes toujours plus volumineuses. Cette production de données touche quasiment toutes les fonctions : le marketing, les ressources humaines, le commercial, le juridique...
Pour mettre en relation les professionnels de la donnée et les employeurs, les sites dédiés à l'emploi innovent : « Nous avons développé l'outil TalentBin qui permet aux recruteurs de détecter les profils les plus actifs dans le domaine de la data », souligne Karl Rigal. Cette base de données scrute le web afin de « dénicher les talents là où ils sont actifs sur le web grâce à leurs activités partagées sur le web » : LinkedIn, Twitter, YouTube...
vers une pénurie de spécialistes
Les spécialistes de la donnée sont-ils les nouveaux rois du pétrole ? On pourrait le croire à la lecture des chiffres collectés par le salon Datajob qui vient de se dérouler à Paris. En France, le secteur des data scientists a besoin de recruter entre 2 000 et 3 000 professionnels par an. Problème : au mieux, 300 diplômés sortent des écoles françaises chaque année...
Il suffit d'ailleurs de jeter un oeil sur les offres d'emploi pour mesurer les besoins des entreprises. Le site de recherche d'emploi Indeed proposait (au mois d'octobre dernier) 1 446 postes de data analyst et 907 offres d'emplois pour les data scientists. Et les salaires proposés étaient bien supérieurs au salaire médian français qui s'établit à 1 783 euros nets par mois (chiffres Insee 2014). Pour les data analysts et les data scientists, l'échelle de rémunération oscille entre 30 000 et 50 000 euros par an.
Pour certains observateurs du marché, ce découplage entre l'offre et la demande pourrait déboucher sur une pénurie de spécialistes de la donnée. À ce jour, trois grandes disciplines forment les professionnels les plus recherchés : les mathématiques, les statistiques et l'informatique. Face à ce triptyque pointu, quelle place pour les archivistes, les documentalistes et les veilleurs ?
« Les spécialistes du document ont un atout. Ils sont en mesure de répondre aux besoins des entreprises en termes de dématérialisation et d'archivage, estime Karl Rigal ; à eux de faire valoir leur appétence pour les data auprès des recruteurs. Ils doivent également multiplier les prises de parole sur le web et les réseaux sociaux afin de susciter la curiosité des recruteurs ».
compétences hybrides
Autre fonction qui a le vent en poupe, le chief data officer (CDO) présente un parcours expérimenté et est souvent rattaché à la direction générale. En tant que responsable de la gouvernance et de la valorisation des données, il apparaît comme le pilier de la transformation digitale des entreprises.
Selon une étude menée en France auprès d'une centaine de CDO, le chief data officer doit avoir de larges épaules pour mener à bien les missions qui lui sont confiées : « Plus qu'un spécialiste de la donnée, le CDO est un véritable stratège, expliquent les auteurs de l'étude ; il possède en effet des compétences hybrides combinant une double sensibilité business et data ».
L'avenir semble sourire aux CDO. Le cabinet Gartner estime que 90 % des grandes structures devront se doter d'un chief data officer dans les deux années à venir. Soit une belle marge de progression alors qu'à ce jour moins de la moitié des entreprises en disposerait.
Selon une étude du cabinet Forrester publiée en 2015, 45 % des entreprises mondiales en auraient déjà nommé un. En France, ce taux serait bien plus bas avec une estimation de 18 % d'entreprises dotées d'un CDO.