Compte personnel de formation, accompagnement, dispositions particulières pour les salariés à temps partiel et les demandeurs d’emploi… Muriel Pénicaud souhaite transformer la formation professionnelle mais ses propositions devraient être amendées devant le Parlement.
“50 % des emplois seront transformés dans les dix ans qui viennent, 10 à 20 % seront créés, autant vont peut-être disparaître”. Pour Muriel Pénicaud, le constat s’impose de lui-même : les salariés doivent se former tout au long de leur carrière s’ils veulent se mettre à niveau. Mais le système actuel de formation professionnelle doit être revu de fond en comble estime la ministre du Travail qui le trouve “ni juste, ni équitable”.
Pour les salariés du privé, le projet de loi qui sera bientôt présenté en Conseil des ministres aura des conséquences directes sur leur parcours professionnel. A commencer par le compte personnel de formation (CPF) qui va faire l’objet d’un sérieux toilettage. Jusqu’à présent, le CPF était crédité d’un capital d’heures ; désormais il sera doté d’une somme d’argent. Chaque salarié à temps plein verra son compte personnel de formation crédité de 500 euros par an. Au bout de dix ans, le CPF atteindra son plafond de 5 000 euros.
Quel taux pour la conversion heures / euros ?
Le projet de réforme crée une catégorie dite de “salariés non qualifiés” qui bénéficieront d’un CPF majoré à 800 euros par an (avec un plafond de 8 000 sur dix ans). “Cela permettra à tous les salariés sans qualification de changer rapidement de catégorie professionnelle et d’évoluer professionnellement” précise le gouvernement.
“Ca, c’est vraiment nouveau !” estime Jean Gauthier, responsable Formations au sein du Groupe Serda ; “vous saurez désormais exactement combien vous pouvez dépenser. Vous pourrez ainsi choisir le stage adapté à vos attentes et à votre budget. Remettre le salarié au cœur du système pour faire ses choix et gérer son budget individuel de formation, c’est inédit”. Mais attention ! A ce jour, on ignore le taux de conversion heures / euros qui sera retenu in fine.
Accompagnement à hauteur d’homme
Autre changement directement perceptible par les salariés, leur accompagnement sera renforcé. Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) était jusqu’ici assuré par un petit nombre d’opérateurs (Pôle emploi, Apec…). Désormais, dans chaque région, un opérateur sera sélectionné après appel d’offres. Le salarié devrait ainsi être accompagné à hauteur d’homme avec une meilleure prise en compte de son projet professionnel. “Le conseil portera sur l’évaluation des compétences du salarié et les différentes formations disponibles” précise le ministère du Travail.
La ministre souhaite également que les salariés travaillant à temps partiel bénéficient des mêmes droits que les salariés à plein temps. Muriel pénicaud pense ici notamment aux femmes qui représentent 80 % des emplois à temps partiel. De même, les demandeurs d’emploi pourront profiter de modules de remise à niveau sur les compétences de base et les savoirs numériques. Le gouvernement s’est fixé un objectif ambitieux : un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes éloignés de l’emploi supplémentaires seront formés pendant le quinquennat.
Innovation pédagogique
Et à l’heure du tout numérique, l’innovation pédagogique sera encouragée avec les Mooc (cours en ligne). Une application devrait voir le jour en 2019 pour que chaque bénéficiaire puisse rechercher et s’inscrire à une formation. “Ce serait la première fois que l’offre de formation globale serait accessible ainsi. Mais soyons attentifs à sa mise en place” tempère Jean Gauthier.
Du côté des entreprises, le gouvernement souhaite simplifier leur contribution à la formation professionnelle. Elles devront désormais s’acquitter d’une seule taxe (contre deux aujourd’hui) auprès des Urssaf.
Toutes les mesures annoncées par la ministre du Travail ne sont à ce jour que des pistes de travail. Elles seront discutées et et devraient faire l’objet d’amendements lors des débats parlementaires qui se poursuivront tout au long du printemps.
Lire l'analyse de Jean Gauthier sur le blog de Serda Formation : Réforme de la formation professionnelle, qu'est-ce que ça change vraiment pour vous ?