2 zettaoctets en 2010, 18 zettaoctets en 2016, 64 zettaoctets en 2020, et 181 zettaoctets en 2025 soit 181 mille milliards de milliards d’octets. Tel est le scénario d'évolution de la production des données à court terme. Pour l'OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques), cette explosion des données représente certes une opportunité pour les organisations mais elle pose une multitude de problèmes.
"Outre son impact environnemental, cette évolution pose, directement ou indirectement, différents problèmes au sein de nos sociétés : économie de l’attention, bulles de filtres, surcharge informationnelle, nouvelles inégalités, etc." estime le sénateur Ludovic Haye. Dans une note du 26 janvier 2023, l'OPESCT rappelle que l'impact environnemental du numérique croît de 6% par an et cause au moins 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et représente 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie primaire.
Fatigue informationnelle
Les parlementaires pointent également le risque désormais bien connu de fatigue informationnelle. Apparu pour la première fois en 1962, ce concept désigne "l’excès d’informations qu’une personne ne peut traiter ou supporter sans nuire à elle-même". Cette infobésité prend de nombreuses formes : au plan individuel, stress, anxiété, dépression, réduction de la créativité, épuisement professionnel ; au niveau des organisations, baisse de productivité, saturation, et désorganisation.
L'être humain est-il en mesure de faire face à ce déluge informationnel ? Rien n'est moins sûr : "nos structures cognitives elles-mêmes pourraient bien être modifiées par cette surcharge informationnelle à l’ère de l’explosion des données : nous courons le risque d’une dissolution durable de nos capacités à nous souvenir, à nous concentrer et à traiter l’information, les enfants étant particulièrement exposés à ces évolutions".
Risque de submersion et syndrome de Diogène numérique
Pour l'OPESCT, "le risque de submersion lié à cette lame de fond" est bien réel. Cette sombre perspective le conduit à plaider pour des solutions technologiques capables de sélectionner et archiver les données essentielles. Plusieurs projets sur les bases de données cherchent déjà à effacer progressivement certaines données grâce à une technologie de "pourriture contrôlée". Autre piste, la technologie encore embryonnaire de "Personal Information Management Systems" (PIMS) qui pourrait permettre aux utilisateurs de gérer et de contrôler toutes leurs données personnelles.
Au-delà des outils, l'OPESCT plaide pour "un combat culturel en faveur de démarches de sobriété [afin de] limiter l’accumulation obsessionnelle de données, véritable syndrome de Diogène numérique".
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques est un organe d’information commun à l’Assemblée nationale et au Sénat. Composé de 18 députés et 18 sénateurs, il a pour mission "d’informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin, notamment, d’éclairer ses décisions".