Science-fiction ou réalité ? Technicolor a réussi à stocker un million de copies d'un vieux film dans un fragment d'ADN. Une technologie révolutionnaire qui souhaite marquer le début d'une nouvelle ère de l'archivage.
En 2012, une équipe de Harvard avait réalisé l'exploit de stocker un livre de 5,5 pétaoctets de données (53 000 mots et 11 images) dans un milliardième de gramme d'ADN. C'est en se basant sur ces travaux que la société Technicolor s'est intéressée au stockage d'images et des vidéos dans des molécules d'ADN. A l'occasion de son centenaire, la célèbre firme de post-production hollywoodienne vient d'en présenter le résultat spectaculaire : le codage et le stockage d'un million de copies du Voyage dans la lune, un film muet de Georges Méliès datant de 1902, dans de l'ADN de synthèse.
L'archivage-éprouvette
"Ceci, croyez-le, est ce à quoi ressemble l'archivage cinématographique du futur", a assuré Jean Bolot, vice-président de la recherche et de l'innovation de Technicolor (sous pavillon français depuis son rachat par Thomson en 2000) en brandissant devant les journalistes une éprouvette. C'est dans cette petite fiole que se trouve alors le million de copies du film, dont le choix n'a pas été fait au hasard, puisqu'il s'agit du tout premier film contenant des effets spéciaux.
De l'infiniment petit à l'infiniment pérenne
Il faut savoir qu'un bloc de 90 000 macromolécules d'ADN correspond à l'épaisseur d'un cheveu. Invisible à l'oeil nu, une seule d'entre elles peut pourtant contenir un masse d'informations incroyable, se conserver des milliers d'années sans altération et ne nécessite aucune énergie pour sa maintenance (à la différence des serveurs numériques). Et ce en appliquant le modèle binaire du système informatique (suites de 0 et 1) à la structure chimique de l'ADN, facilement reproductible en labo. Pour décrypter le fichier ADN, il "suffit" ensuite de le passer dans un appareil de séquençage haut débit.
Commercialisation en 2017
Six semaines et plusieurs dizaines de milliers de dollars ont été nécessaires pour convertir le film en ADN. Ces contraintes représentent de sérieux freins à une commercialisation prochaine de la technologie, que Technicolor imagine pourtant "d'ici un an", le temps de peaufiner son procédé, promettant alors "le début d'une nouvelle ère de l'archivage".