Après plusieurs mois de réflexion, le président de la République française va se rendre jeudi midi au domicile de la veuve du mathématicien, arrêté le 11 juin 1957 en pleine bataille d'Alger, pour lui remettre une déclaration. Il va également ouvrir les archives nationales sur les disparus de la Guerre d'Algérie.
La décision est historique et pourrait être à Emmanuel Macron ce que le Vél’ d’Hiv fut à Jacques Chirac. Le chef de l’Etat a décidé de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans la mort de Maurice Audin, ce mathématicien communiste, militant de l’indépendance de l’Algérie, arrêté le 11 juin 1957 en pleine bataille d’Alger, torturé par l’armée française et disparu sans laisser de traces.
« Le président de la République a (…) décidé qu’il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet », va annoncer l’Elysée dans un texte qui doit être dévoilé jeudi 13 septembre. Il reconnaît, au nom de la République française, que « Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile. »
Un appel à témoins lancé par Emmanuel Macron
“Une dérogation générale, par arrêté ministériel, va être accordée pour que tout le monde, historiens, familles, associations puisse consulter les archives pour tous les disparus d’Algérie. On place la question des disparus au centre” explique l’entourage du président.
De la même façon, le chef de l’Etat a décidé de lancer un appel à tous les témoins de l’époque ou à leurs descendants pour qu’ils participent à ce “travail de mémoire”, en confiant leur témoignage ou leurs documents personnels aux archives nationales.
«Ça n'est pas une repentance»
Invité de France Inter ce jeudi matin, le député LaREM Cédric Villani a cru bon d'affirmer qu'Emmanuel Macron allait « reconnaître la responsabilité de l'État dans la disparition » de Maurice Audin. Mais l'Élysée conteste cette expression auprès du Figaro, sur la forme comme sur le fond. « Nous voulons réconcilier la vérité historique avec la vérité officielle », rectifie l'entourage du président. « La République s'aligne sur la vérité historique », répète-t-on encore, évoquant une décision « mémorielle ».
« Pouvoirs spéciaux » confiés à l’armée
Emmanuel Macron ne s’arrête pas au cas Audin. Pour la première fois, le président va reconnaître également officiellement que l’Etat a failli en permettant le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie. « Si la mort [de Maurice Audin] est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué : le système “arrestation-détention”, mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale...