L’intelligence artificielle générative (IAG) provoque l'inquiétude des communautés archivistiques et documentaires à travers le monde. L’Archival Producers Alliance (APA), un groupement de près de 300 producteurs d'archives créé en 2023 dans le but de défendre leur rôle et leur statut face aux défis contemporains qu'ils rencontrent, s’est manifestée lors de la conférence Getting Real, qui s'est tenue à Los Angeles le mardi 16 avril 2024. Elle y a dénoncé l'impact de l'IAG sur le cinéma documentaire et le travail des archivistes et réclamé l'établissement de lignes directrices sur de bonnes pratiques à adopter.
“L’objectif ultime sera de créer un ensemble de principes qui seront adoptés comme normes par les cinéastes, les sociétés de production, les plateformes, les organismes de récompenses et les distributeurs de l’ensemble de l’industrie”, expliquent les fondatrices de l’APA, Rachel Antell, Jennifer Petrucelli et Stephanie Jenkins, qui souhaitent également “aborder la création de nouveaux documents, ainsi que les modifications substantielles des documents de source primaire existants qui changent leur signification de manière à induire le public en erreur".
Création de faux documents d'archives
Cette dénonciation de l'utilisation croissante de l'IA générative dans les documentaires est la première initiative de l'APA. "Nous avons commencé à constater qu’on demandait aux gens de créer de faux documents d’archives, tels que des images photoréalistes impossibles à distinguer des sources primaires", indique Stephanie Jenkins.
En novembre 2023, déjà, l'APA recommandait dans une lettre ouverte la mise en place de garde-fous dans l’utilisation de l’IAG. Cette initiative, synonyme de premier message d’alerte, avait pour objectif de “préserver l'intégrité et l'éthique journalistique du matériel d'archives utilisé dans les films sur lesquels nous travaillons (documentaire)”.