Chaque prêt se déroule tel un véritable entretien à bâtons rompus.
Cette animation en bibliothèque remet à l'honneur la tradition orale, désormais presqu'absente de nos sociétés occidentales, soumises au règne de l'écrit. C'est à Copenhague (Danemark) au début des années 1990 que les bibliothèques humaines ont fait leur apparition. Aujourd'hui présentes dans plus de 60 pays, elles visent la sensibilisation informelle et le combat contre les préjugés en proposant à des hommes et des femmes aux parcours atypiques de venir transmettre leur expérience, tels de vrais livres initiatiques, aux usagers d'une bibliothèque lors de journées dédiées. "Empruntant" ces "livres-humains" le temps d'un entretien, les "lecteurs" ont ainsi tout le loisir de les interroger sur leur vie et les choix effectués durant leur parcours.
Vous ne pouvez pas vous raser dans les toilettes d'un supermarché
La bibliothèque de Rochester, dans l'Etat de New York (États-Unis) propose régulièrement cette animation. La prochaine en date, organisée le 27 septembre, dispose d'un véritable "programme", où chaque "livre-humain" a son propre titre (la véritable identité n'y est pas révélée) et un résumé de quatrième de couverture. Par exemple, "Vétéran du Vietnam" raconte l'histoire d'un homme ayant participé au conflit tout en ayant eu le courage de désobéir à ses supérieurs lorsqu'il estima que les ordres allaient à l'encontre de ses valeurs ; "The Butler did it" permet, lui, de découvrir le rôle d'un majordome britannique ; "Vous ne pouvez pas vous raser dans les toilettes d'un supermarché" porte, lui, un regard à la fois drôle et touchant sur le changement de sexe d'un instituteur ; ou encore "Sans abri, affamée et droguée" raconte les douloureuses épreuves et les tribulations d'une jeune femme en marge de la société. Une douzaine de livres seront proposés ce jour-là.
Faire tomber les barrières
"La beauté de l'expérience est qu'on ne sait jamais à l'avance quel chapitre d'un livre-humain le lecteur voudra découvrir, a confié Rebecca Fuss, la directrice de la programmation et de la sensibilisation d'une oeuvre de bienfaisance sponsorisant la bibliothèque ; ces gens sont très désireux de partager leurs expériences de la vie et parfois de la marginalité". Et d'ajouter : "Cette animation contribue à faire tomber les barrières et à effacer les stéréotypes". La bibliothèque semble être un espace sûr et neutre permettant à ces échanges et partages entre livres et lecteurs de se produire... A quand son développement en France ?