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Ebooks : le livre numérique en bibliothèque à la rencontre de ses lecteurs

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    À Paris, les bibliothécaires ont récemment célébré le premier anniversaire du prêt de livres numériques. Du 13 octobre 2015 au 13 octobre 2016, un total de 53 000 prêts a été recensé dans l’ensemble du réseau parisien. (pamhule via Visualhunt / CC BY-NC)
  • Plusieurs milliers de bibliothèques proposent aujourd'hui à leurs usagers d'accéder à la lecture numérique. Ce nouveau service semble en passe de trouver son public, mais il doit impérativement être accompagné d'une assistance aux lecteurs.

    barros_ebookEt de 100 ! Au mois d'octobre dernier, le réseau PNB (Prêt numérique en bibliothèque) enregistrait l'arrivée de la centième bibliothèque partenaire : la médiathèque départementale de la Drôme. "Au total, en comptant toutes les bibliothèques liées à un réseau, ce sont les usagers de plus de 2 000 bibliothèques qui ont désormais accès au prêt numérique en bibliothèque en France, en Belgique et en Suisse via le dispositif PNB", se réjouit Dilicom l'opérateur technique de PNB. Et Dilicom est optimiste pour le proche avenir : "Le réseau continue son développement puisqu’il devrait comptabiliser plus de 120 bibliothèques et dépasser les 200 000 demandes de prêt à la fin de l’année [2016]".

    Mais du côté des usagers qu'en pense-t-on ? Que sait-on de leurs attentes ? Comment s'approprient-ils les liseuses et tablettes mises à leur disposition ? Ont-ils totalement migré vers le numérique ou continuent-ils de lire au format papier ? Lors d'une journée d'étude organisée au printemps dernier par Réseau Carel, plusieurs bibliothécaires ont fait part des réactions des lecteurs face à l'offre de lecture numérique.

    Au sein du réseau de lecture publique de la région de Brumath (Bas-Rhin), les premiers retours d'expérience ont fait apparaître un mouvement qu'il convient de prendre au sérieux : les lecteurs ont besoin d'accompagnement aussi bien pour apprendre à manier les liseuses qu'à procéder au téléchargement des fichiers. Bonne nouvelle : le public le plus âgé ne rejette pas le livre numérique. Au contraire, il apprécie la légèreté des liseuses mises à sa disposition et plébiscite la possibilité d'ajuster la police de caractères. En revanche, toutes générations confondues, les usagers regrettent que l'offre numérique ne soit pas aussi importante que l'offre papier.

    Des ateliers pour accompagner les usagers

    A Grenoble, les bibliothécaires dressent un constat similaire : "Les lecteurs les plus âgés apprécient de pouvoir grossir les caractères et la possibilité d'accéder à des titres récents sans attendre plusieurs mois comme c'est le cas avec le livre papier", explique Guillaume Hatt du service informatique des bibliothèques municipales de Grenoble. Un même titre peut en effet être emprunté simultanément... sauf pour les ouvrages publiés par le Groupe Hachette qui impose un jeton unique là où d'autres éditeurs acceptent plusieurs dizaines d'emprunts simultanés. "Les usagers ne comprennent pas ce système", constate le bibliothécaire. 

    Lancé en 2013, le projet Bibook de Grenoble est devenu pleinement opérationnel au mois de septembre 2014. Bibook compte désormais près de 2 000 inscrits au service numérique sur environ 36 000 inscrits dans l'ensemble du réseau municipal. Plus de 20 000 prêts ont déjà été enregistrés (au 30 novembre 2016). Les statistiques grenobloises font apparaître une curiosité régulière pour le livre numérique : en septembre 2014 la moyenne de prêts par jour s'établissait à 19,38 ; en novembre 2016 cette moyenne grimpait à 41,53 ! Du côté des nouvelles inscriptions d'usagers, on observe des chiffres hétérogènes pour l'année 2016 : seulement 27 nouveaux inscrits en juillet contre 113 en novembre. Quant au nombre de titres mis à disposition des lecteurs, il a atteint les 1 297 références au mois de novembre dernier contre 298 au moment du lancement de Bibook en septembre 2014.

    Ces chiffres donnent du baume au coeur des bibliothécaires grenoblois, mais ce bon résultat ne tombe pas du ciel. "Nous avons mis en place des ateliers pour aider les lecteurs à configurer leurs tablettes et à ouvrir un compte lecteur, souligne Guillaume Hatt ; cette étape est indispensable si l'on veut que les usagers s'approprient la lecture numérique car la question des DRM (digital rights management ou gestion des droits numériques) est particulièrement complexe. Ces ateliers sont aussi pour eux l'occasion de poser des questions plus générales sur le livre numérique : comment les auteurs gagnent-ils leur vie ? le numérique va-t-il tuer le papier ? quel avenir pour le livre ?". 

    En plus de ces ateliers, les bibliothèques municipales de Grenoble procèdent à des enquêtes quantitatives et qualitatives afin de mieux cerner les attentes des usagers et d'améliorer l'offre qui leur est destinée.

    53 000 prêts dans la capitale

    A Paris, les bibliothécaires ont récemment célébré le premier anniversaire du prêt de livres numériques. Du 13 octobre 2015 au 13 octobre 2016, un total de 53 000 prêts a été recensé dans l'ensemble du réseau parisien : "Nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé, se réjouit Guillaume de La Taille, chef de projet bibliothèque numérique ; ces résultats sont très positifs même si l'on peut regretter un manque de notoriété de ce service que l'on propose aux usagers". Une année de retour d'expérience, c'est peu, mais cela permet déjà de dégager plusieurs tendances. Les emprunts de livres numériques s'envolent pendant l'été notamment aux mois de juillet et août lorsque les lecteurs chargent plusieurs ouvrages sur leur tablette ou leur liseuse. Par ailleurs, les statistiques montrent que 5 000 personnes ont emprunté au moins un livre au format numérique.

    Plus surprenant, on retrouve exactement la même proportion hommes/femmes pour les emprunts de livres numériques que pour les emprunts de livres papier : 34 % d'hommes et 66 % de femmes ! En revanche, les étudiants sous sous-représentés a contrario des retraités qui se montrent plus intéressés qu'on aurait pu le penser dans un premier temps. Autre enseignement : les cadres semblent plus nombreux à emprunter au format numérique. Et du côté des catégories éditoriales, les littératures française et étrangère représentent 48 % des emprunts, la littérature policière 33 %, les documentaires 18 %, la science-fiction 7 % et la bande dessinée 4 %.

    "Il convient cependant d'être prudent avec tous ces chiffres, estime Guillaume de La Taille. Au cours des prochains mois ces thématiques, issues du monde de l’édition, seront affinées pour mieux refléter l’offre de livres de la bibliothèque. Par ailleurs, ces chiffres en disent plus sur l'offre des éditeurs que sur les demandes des usagers". De l'avis de plusieurs bibliothécaires, certains genres sont en effet sous-représentés au format numérique et, mécaniquement, apparaissent sous-empruntés.

    Quant aux usagers, ils ont réagi positivement à l'arrivée du prêt numérique dans les établissements parisiens alors que d'autres y restent indifférents. Mais aucune hostilité n'a été signalée dans le réseau des bibliothèques de la capitale.

    Une dernière statistique parisienne intéressera plus particulièrement les auteurs et les maisons d'édition. Deux titres se hissent en tête des emprunts numériques : "2084, la fin du monde" de Boualem Sansal (Gallimard, 2015) et "Le charme discret de l'intestin" de Giulia Anders (Actes Sud, 2015)

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