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Désherbage en bibliothèques : la seconde vie des collections

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    En bibliothèque, le désherbage est essentiel. Mais qu'en est-il de la seconde vie des livres ? (Freepik)
  • Pour actualiser les collections, faire de la place dans les rayonnages ou pour élaguer les ouvrages obsolètes, les campagnes de désherbage sont monnaie courante dans les bibliothèques. Permettent-elles d’offrir une seconde vie aux livres et autres ressources multimédias ?

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    Temps de lecture : 5 minutes

    Comme en jardinage, les bibliothèques organisent régulièrement des désherbages. Ici, il ne s’agit pas d’enlever les mauvaises herbes au profit de plus belles plantes, mais plutôt de trier et de se séparer de livres qui n’ont plus leur place dans les collections et d’avoir de la marge pour renouveler un fonds.

    Faute de pouvoir pousser les murs, certains établissements mènent leur propre politique documentaire, d’autres suivent la méthode IOUPI. Traduite en français en 1986 par la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) de Paris, cette méthode américaine repose sur cinq critères de désherbage : incorrect (comportant de fausses informations), ordinaire, usagé, périmé (obsolète), inadéquat (par rapport à un fond).

    Cependant, les bibliothèques ne peuvent se dessaisir de tout. Les documents à valeur patrimoniale ou certains fonds locaux ne rentrent pas dans le processus.

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    Une fois le tri mené, que deviennent ces livres, CD et autres ressources multimédias ? Les bibliothèques disposent de plusieurs exutoires. « Pendant de longues années, nous utilisions des bennes payées par le département », explique Émilia Coeurderoy, responsable du pôle accueil et collections au sein de la médiathèque départementale de l’Essonne. « Nous l’utilisions cinq à six fois par an, ce qui représente un certain coût pour la collectivité. Tout le désherbage partait dans les circuits de recyclage, alors que certains documents auraient pu avoir une seconde vie. ».

    Selon l’association Images en bibliothèques, « lorsqu’une bibliothèque souhaite retirer un film de sa collection, la seule solution est de le détruire. En effet, les contrats passés entre les éditeurs de DVD et les fournisseurs des films ne permettent pas de les vendre ou de les donner. »

    Dans le nord de la France, les bibliothèques de la Métropole d’Amiens organisent chaque automne une grande braderie. L’année dernière, 15 000 livres, CD ou magazines ont été mis en vente à cette occasion. L’équivalent d’environ 3 % du fonds.

    Redonner ou revendre le fruit du désherbage

    Dans la pratique, les établissements peuvent faire des dons au profit de son réseau ou directement à des associations, des échanges interbibliothèques ou encore des ventes. La procédure de dons est encadrée. D’ailleurs, la Loi Robert, promulguée en 2021, est venue confirmer un principe déjà éprouvé par les bibliothèques à travers son article 13.

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    Dans le mode d’emploi de la loi réalisé par l’ABF, l’association explique que « cet article légalise une pratique existante de don à des organismes qui peuvent redonner ou revendre. Cela concerne des associations, des fondations et des entreprises d’économie solidaire. L’exception de don n’est pas étendue aux collectivités ni aux particuliers. […] Cette loi ne change rien à la possibilité de vendre, par exemple lors de braderies, le produit du désherbage, puisque le Code général de la propriété des personnes publiques permettait la vente des biens meubles du domaine privé. »

    Plusieurs établissements ont donc recours à des structures spécialisées dans le circuit du livre. « Pour donner une seconde vie à nos livres et pour baisser les coûts générés par l’utilisation des bennes de recyclage, nous nous sommes tournés vers la société Ammareal en 2021 », reprend Émilia Coeurderoy. « Nous avons ainsi réduit le nombre de bennes à deux par an. Nous organisons des désherbages quotidiens, mais nous avons aussi des campagnes plus poussées, trois à quatre fois dans l’année. Pour ce qui va être donné en seconde vie, nous nous demandons systématiquement si nous aurions envie de l’acheter et continuons à recycler tout ce qui est trop daté ou obsolète. »

    Créée fin 2013, l’entreprise à mission Ammareal est agréée Entreprise solidaire d’utilité sociale (Esus). « Nous sommes libraires d’occasion en ligne, avec une dimension humaniste très forte », précise Renan Ayrault, fondateur et co-dirigeant d’Ammareal. « Nous évoluons autour de ces trois grandes valeurs : une aide à l’insertion, une approche écologique du monde de l’économie et la redistribution à notre prochain en soutenant des actions en faveur de la lecture et de l’accès à la culture à travers des dons caritatifs. »

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    L’an dernier, l’entreprise a d’ailleurs versé 200 000 euros à quatre associations, dont Bibliothèques sans frontières. Plusieurs centaines de bibliothèques municipales, départementales, universitaires et de centres de recherches ont noué des partenariats avec Ammareal.

    Le fonctionnement est simple : lorsqu’un partenariat est noué, la bibliothèque peut solliciter l’entreprise pour venir récupérer gratuitement le fruit de son désherbage, partout en France et depuis peu en Belgique. Un minimum de 1 000 livres est nécessaire pour enclencher la collecte.

    « Nous pouvons fournir des cartons et des palettes si besoin », précise Renan Ayrault. « Dans ce processus, 10 % du prix de vente net de TVA, des frais de port et des commissions reviennent aux partenaires. »

    Une collecte simple et gratuite partout en France

    Avec ce type de service, les manuels scolaires, les revues ou encore les livres sans code-barres ne sont généralement pas récupérés. Ce n’est pas le cas non plus chez RecycLivre. Le service de collecte et de vente de livres à prix d’occasion dispose également d’un agrément Esus.

    Basée partout en France, avec des antennes à Madrid et Bruxelles, l’entreprise travaille actuellement avec 635 bibliothèques. « Nous mettons en place une convention avec ces établissements et leur fournissons aussi un kit de désherbage », explique Johann Vandomber, business developer, responsable des partenariats chez RecycLivre. « Car lorsque nous vendons un livre, nous indiquons qu’il est issu d’une démarche écoresponsable d’une bibliothèque. Nous assumons complètement leur état et demandons aux établissements de tout laisser : puce RFID, couverture plastique, etc. »

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    RecycLivre collecte les ouvrages désherbés grâce à sa propre flotte de transports, via des partenaires locaux ou en relais colis. « Nous pouvons fournir des cartons, lesquels sont utilisés par la suite pour maintenir un bon bilan carbone dans le processus. »

    Les bibliothèques conservent en cagnotte 10 % du prix de vente du livre. Elles peuvent ensuite reverser cette somme à des associations de leur choix ou du réseau RecycLivre.

    Pour Émilia Coeurderoy, les CD et les DVD posent de gros problèmes de seconde vie. « Nous avons aujourd’hui peu de solutions pour les désherber. Au départ, nous étions en constitution de fonds, mais nous devons maintenant trier. Nous proposons aux autres bibliothèques du réseau des prêts pour 10 ans, mais nous ignorons comment les recycler lorsqu’il faut les détruire. Nous essayons de mettre les boîtiers dans la bonne chaîne de recyclage, mais nous n’avons pas d’exutoire pour les galettes ».

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