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L'information-documentation en version francophone

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    Le 19ᵉ Sommet de la francophonie s'est tenu en octobre 2024 à la Cité Internationale de la langue française, au château de Villiers-Cotterêts (Aisne) ainsi qu'au Grand Palais, à Paris (Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux)
  • À l’occasion du Sommet de la francophonie qui s'est tenu en France du 4 au 5 octobre 2024, Archimag présente son réseau de correspondants qui témoignent de l’évolution des métiers de l’information-documentation dans le monde francophone.

    Pour la première fois depuis trente-trois ans, la France a accueilli le Sommet de la francophonie les 4 et 5 octobre derniers. Cette dix-neuvième édition s'est tenue sur deux sites exceptionnels : la Cité internationale de la langue française, au château de Villers-Cotterêts, et le Grand Palais, à Paris. Ces deux écrins ont rassemblé des représentants de 88 pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie.

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    Un réseau dynamique dans l'information-documentation

    En 2024, le monde compte 321 millions de francophones faisant du français la cinquième langue mondiale. Sur le web, la langue française se hisse au cinquième rang des langues les plus écrites et à la quatrième place en nombre d’articles sur Wikipédia. Des statistiques qui ont conduit Archimag à se doter de correspondants francophones afin de rendre compte de l’évolution des métiers de l’information-documentation. À Bruxelles, à Montréal, à Genève, ou à Rabat, les initiatives ne cessent de se multiplier dans nos domaines d’expertise : archives, bibliothèques, documentation, traitement des données, etc.

    Cette initiative, née il y a près de dix ans, tient d’abord à notre volonté : nous souhaitons élargir notre champ de vision au-delà de nos frontières physiques et aller voir ce qui se passe dans le monde francophone, riche de plus de 300 millions de personnes. Elle tient aussi à notre désir de savoir comment évoluent les métiers de l’information-documentation hors de nos frontières. Au Canada, en Belgique, en Suisse et au Maroc, les professionnels de l’infodoc réfléchissent à l’avenir de nos métiers et apportent une vision qui peut être riche d’enseignement pour leurs collègues français.

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    Adopter un nouveau vocabulaire

    « S’il y a une profession qui a connu des bouleversements sans pareil, ce sont bien les sciences de l’information », remarque l’une de nos correspondantes. En effet, les métiers évoluent, des outils apparaissent, d’autres disparaissent, et les professionnels ont dû progressivement adopter un nouveau vocabulaire : gouvernance de l’information, data scientist, visualisation des données… Sans oublier l’intelligence artificielle, en passe de bouleverser bien des pratiques.

    Observer des évolutions, c’est bien ; agir c’est mieux. En France comme dans le monde francophone, nous voyons les professionnels se mettre à niveau et monter en compétences ; en témoignent les nombreuses formations continues mises à leur disposition. Nous voyons également se multiplier les projets documentaires en tous genres : bibliothèques numériques, réalité augmentée, intelligence artificielle (IA), chantiers de dématérialisation… Dans toutes ces initiatives, les professionnels de l’infodoc ont leur mot à dire.

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    Au Maroc, les promesses du traitement automatique du langage naturel

    Au Maroc, Ikram Bouzikar est devenue correspondante d’Archimag après avoir effectué un stage à la rédaction en 2012. Passée par Aix-Marseille Université en Sciences de l’information et de la communication, elle a accumulé les expériences professionnelles au sein de différentes structures marocaines : responsable de l’information-documentation, chargée de projets digitaux, veilleuse e-réputation…

    Ses articles témoignent des promesses de l’IA dans la gestion documentaire : « le traitement automatique du langage naturel (TALN) permet de classifier automatiquement les e-mails au sein des entreprises, d’analyser les commentaires des clients ou d’extraire des informations pertinentes à partir des documents », écrit-elle dans Archimag. « La reconnaissance vocale peut convertir automatiquement les appels enregistrés en texte pour analyse, tandis qu’un médecin peut dicter ses notes qui seront ensuite transmises sous forme écrite. Quant aux systèmes de recommandation, ils sont en mesure, dans une bibliothèque numérique par exemple, de suggérer de nouveaux livres ou articles pertinents en se basant sur les lectures précédentes d’un utilisateur. »

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    À Montréal, l’IA dans les bibliothèques

    À Montréal, Élisabeth Lavigueur permet aux lecteurs d’Archimag d’entrevoir les évolutions en cours outre-Atlantique. Bibliothécaire de formation et diplômée d’une maîtrise en sciences de l’information, elle veille attentivement sur les projets d’IA générative déployés dans plusieurs institutions québécoises. Sur ce terrain, « il est primordial de prendre notre place, puisque nous connaissons le mieux l’information sous toutes ses formes et à toutes les étapes de la chaîne documentaire », estime-t-elle. « Il y a urgence à agir en brisant les silos institutionnels : l’IA changera nos façons de faire ».

    Autre sujet d’intérêt pour Elisabeth Lavigueur : la veille. « Fini le veilleur seul devant son écran ! », écrit-elle. Au sein d’une institution locale dédiée à la sécurité au travail, « la veille collaborative, mise en place avec succès, soutient les experts de l’organisation. L’approche collaborative, pilier de la stratégie de veille, est axée sur l’utilisation d’outils communs et le partage des responsabilités entre les veilleurs. »

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    En Suisse, une organisation archivistique spécifique

    Depuis plusieurs années, un partenariat éditorial lie Archimag et la revue suisse Arbido, consacrée aux archives. L’occasion de présenter aux lecteurs français une vision helvétique des défis archivistiques dans un pays où trois langues officielles cohabitent (français, allemand et italien). Barbara Roth-Lochner, archiviste et conservatrice honoraire à la Bibliothèque de Genève, a notamment présenté les spécificités des différentes structures en charge des archives publiques : Les Archives fédérales à Berne, les Tribunaux fédéraux (Lausanne, Lucerne, Bellinzona), et les grands établissements fédéraux comme la Poste, la Banque Nationale, les Chemins de fer fédéraux, qui gèrent leurs propres archives.

    À cette répartition, il convient d’ajouter d’autres échelons : « chaque canton ou demi-canton dispose de son propre centre d’archives et de sa propre législation, sous forme d’une loi spécifique ou de dispositions dans les lois plus générales sur l’organisation de l’État », explique Barbara Roth-Lochner. « Une grande variété règne parmi les cantons, selon leur taille, leur population, leurs traditions administratives, et bien entendu leur histoire : cette variété se répercute sur les archives cantonales, qui conservent la majeure partie des archives de l’Ancien Régime. »

    Du côté de la Belgique, Archimag publiera prochainement des contributions de spécialistes de la gestion documentaire. Marie-Laurence Dubois, consultante et ancienne présidente de l’Association des archivistes francophones de Belgique, livrera une vision belge des défis qui se dressent outre-Quiévrain.

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    Le salon FrancoTech

    Si les professionnels de l’information-documentation ne sont pas au cœur du Sommet de la francophonie, ils pourront tout de même s’intéresser à l’initiative baptisée FrancoTech, lancée en partenariat avec Business France et l’Alliance des patronats francophones. Objectif : promouvoir l’innovation numérique en français et renforcer l’espace économique francophone lors d’un salon qui se tient en marge du Sommet de la francophonie, à Station F. 1 500 professionnels représentant près de 100 pays s’y réunissent pour dynamiser l’innovation en français. Le menu des débats fait apparaître des thèmes devenus incontournables comme l’IA et le numérique de confiance. Des sujets que l’on retrouve régulièrement sous la plume de nos correspondants francophones.

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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