CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378
- Dossier : bibliothécaires, documentalistes et archivistes : où en est la convergence ?
- Formations en infodoc : entre convergence, polyvalence et hybridation
- L'Humathèque du Campus Condorcet ou l'art de désiloter les métiers
- Aux archives de Grenoble, le métier d’archiviste-bibliothécaire
- Au Mucem, une convergence d'objectifs avant tout
- Macif : la convergence des métiers pour la gouvernance de l’information
Découvrez Le Bibliothécaire innovant, la newsletter thématique gratuite d'Archimag dédiée aux bibliothécaires créatifs qui souhaitent restés connectés aux nouveaux outils et à leurs publics.
Carole Oudot est archiviste-bibliothécaire aux Archives municipales et métropolitaines de Grenoble (AMMG) depuis 2006. Elle y est en charge de la bibliothèque des archives, un lieu où la rigueur archivistique rencontre la spécificité de la bibliothéconomie. "Je suis d’abord archiviste et ensuite bibliothécaire", précise-t-elle d’emblée, marquant ainsi la singularité de son parcours et de ses missions.
Lire aussi : Archivistes : comment communiquer et collaborer autour de vos projets ?
Un domaine d'étude commun
Au départ, Carole Oudot n’était pas spécialement animée par une passion pour les bibliothèques. "C’est le monde des archives qui m’a d’abord attirée", confie-t-elle. Pourtant, sa formation en ingénierie documentaire à l’IUP de Toulouse en 2002, où la bibliothéconomie occupait une place importante, l’a familiarisée avec certaines notions, comme le catalogage. "Durant mes études, cette convergence entre archives et bibliothèques m’a aidée au niveau de la méthode de recherche", explique-t-elle.
Aménager son emploi du temps
Aujourd’hui, Carole Oudot doit jongler au quotidien entre ses responsabilités d’archiviste et de bibliothécaire. Ses journées sont rythmées par plusieurs missions : la collecte des archives en relation avec les services versants, l’accueil et l’accompagnement du public pour leurs recherches, la mise en ligne des actes de la métropole de Grenoble, et, bien sûr, la gestion de la bibliothèque.
Elle souligne le défi que représente la gestion du temps consacré à la bibliothèque : "celui-ci n’est pas prioritaire, alors il faut réussir à se dégager des moments dans la semaine pour avancer sur le catalogage", reconnaît-elle.
Trouver un point de convergence
Mais si ses deux métiers semblent proches, ils sont pourtant loin d’être totalement convergents. "À la bibliothèque, nous avons tendance à travailler avec une méthodologie dirigée "archives", plutôt que l’inverse", observe-t-elle. "En archives, nous utilisons le Thésaurus W pour la description, ce qui n’est pas adapté aux livres".
Pour pallier ces disparités, elle a suivi en 2013 une formation spécifique sur les bibliothèques d’archives, qui lui a permis de créer, selon elle, "un point de convergence" entre le monde des archives et des bibliothèques afin de réaliser ses missions de manière cohérente. "Nous retrouvons tout de même des notions communes de rigueur, notamment dans l’indexation et dans la vérification des sources".
Lire aussi : Archivistes francophones : des défis et des problématiques similaires ?
Créer des ponts sans gommer les différences
Bien que les métiers d’archiviste et de bibliothécaire possèdent chacun leurs spécificités, Carole Oudot et ses collègues démontrent qu’il est possible de créer des ponts entre eux, tout en respectant leurs identités distinctes.
"La communication est essentielle", affirme-t-elle en encourageant par exemple ses collègues à utiliser davantage la bibliothèque comme un complément à leurs recherches archivistiques, notamment lors de la préparation d’expositions.
Cette volonté de convergence se retrouve également dans les échanges avec ses pairs de l’Association des archivistes français (AAF), et plus exactement au sein du groupe de travail des bibliothèques d’archives. "C’est grâce à ce groupe que j’ai vraiment pris conscience de ma double identité professionnelle d’archiviste-bibliothécaire", explique-t-elle.
Qu’ils soient archivistes ou bibliothécaires, venant de la lecture publique ou de secteurs privés, les autres professionnels qui participent à ces échanges alimentent des réflexions enrichissantes et contribuent à trouver des solutions concrètes à des problématiques communes.
Carole Oudot plaide pour une complémentarité assumée, où chaque profession apporte son expertise tout en s’enrichissant des pratiques de l’autre. "C’est un club à la croisée de différents métiers", conclut-elle, consciente que cette intersection est autant une richesse qu’un défi quotidien.