A moins de dix-huit mois de l’obligation de facturation électronique, la facture électronique fait l’objet de nombreuses conférences sur l’édition 2025 du salon Documation. “La facture électronique, ce n’est pas seulement choisir un outil” explique Sandrine Hilaire (eFutura et vice Présidente de la Commission de Normalisation Facture Electronique à l'Afnor) ; “c’est aussi l’occasion pour les entreprises de remettre sur la table leurs processus car avec la facture électronique l'application d'un mauvais taux de TVA ne passera plus. Par ailleurs, toutes les plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) ne correspondent pas aux besoins de toutes les entreprises. Certaines s’adressent aux PME, d’autres aux grands groupes, d’autres encore sont en mesure d’adresser les deux.”
De toute évidence, la réforme ne sera pas un simple passage au format PDF. Elle fait figure de sujet fondamental pour la trésorerie des entreprises : “celles-ci doivent se mettre en ordre de marche et anticiper les questions d’interopérabilité avec les applications existantes.”
Un outil pour la chasse aux coûts cachés
Un constat partagé par Pierre Pontier, Directeur France de Namirial : “la facture électronique est une super opportunité pour se poser les bonnes questions en particulier les workflows. La qualité des données est un enjeu essentiel car si elles sont erronées, la facture ne passera pas. Elles doivent également être traçables. Ajoutons également que la facture électronique peut devenir un outil formidable pour aller à la chasse aux coûts cachés ! Son retour sur investissement est relativement évident”.
Si la facture électronique est plébiscitée, son adoption doit cependant être réfléchie selon Olivier Rajzman (Docuware) : “les entreprises doivent analyser leurs cas d’usage et l’outil ERP s’avère primordial lorsqu’il faut émettre une facture mais aussi son paiement. Par ailleurs, on peut souhaiter que les engagements auprès d’une PDP ne soient pas trop contraignants pour que les entreprises puissent en changer lorsqu’elles le souhaitent”.
L’IA et la question environnemental de la facturation électronique
Reste la question écologique de la facturation électronique : “le numérique a certes un coût écologique en termes d’infrastructures et de consommation d’électricité mais la conservation du papier est dix fois plus émissive de carbone que le numérique” souligne Pierre Fuzeau, co-président du Groupe Serda-Archimag : “une facture électronique équivaut entre 1 et 6 Mo en fonction de sa composition. Par ailleurs, il convient d’être attentif à l’usage de l’intelligence artificielle dans les solutions dédiées à la facturation électronique car l’IA a également un coût environnemental”.
Sans surprise, l’IA s’est en effet invitée parmi les éditeurs de solutions de facturation électronique qui “représente un moyen formidable pour sécuriser les données à condition que les modèles d’IA fonctionnent parfaitement” estime Pierre Pontier ; “L’IA va permettre de replacer l’humain en valeur ajoutée par rapport à la machine.”
Certaines ont anticipé l’échéance de 2026, d’autres ont temporisé
Du côté des exposants, on confirme l’importance de l’échéance du 1er septembre 2026 : “les entreprises veulent être en conformité” constate Gabriel Perillat, Directeur de la transformation digitale du groupe Systhen et Directeur général de Cotranet ; “certaines ont anticipé cette échéance, d’autres ont temporisé. Leur objectif est d’avoir une solution prête le jour J. Environ un tiers des clients sont prêts, ce qui est un taux assez faible. Les grands groupes sont généralement prêts, ce qui n’est pas le cas parmi les TPE et PME.”
Systhen confirme la grande curiosité des entreprises pour l’IA mais relativise ses effets sur la facturation électronique : “les outils ont les moyens de requêter facilement des factures et des fournisseurs mais, à ce jour, l’IA est plutôt un nice to have. Elle aura du sens quand les cas d’usage vont émerger.”
La fraude fiscale réduite de la moitié en Italie
Pour Pierre Pontier (Namirial), “la grande question c’est la connaissance de l’entreprise sur tout le cycle de la facturation jusqu’à l’émission et la réception des factures et tout le suivi des paiements. Le gros enjeu de la facture est de s’assurer des paiements, de maîtriser la trésorerie et aussi de lutter contre la fraude.”
Fondé en 2000 en Italie, Namirial accompagne ses clients italiens et internationaux dans leur transformation digitale. L’origine italienne de la société présente un intérêt particulier : la facture électronique y est obligatoire depuis 2019. Résultat : selon le gouvernement italien, la fraude fiscale a été réduite de moitié en l’espace de quatre années.
De l’utilité de la GED
Pour Olivier Rajzman (Docuware), “la GED est une réelle opportunité dans le cadre de la réforme électronique car elle sait gérer la partie achats et on sait que les processus achat sont particulièrement compliqués. Elle couvre en effet la commande, la facture, le règlement… La GED gère à la fois la partie documentaire et la partie data. Elle permet de gagner en productivité et en efficacité.”
Pour rappel, l'obligation d'émettre des factures est fixée à partir du 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire, et le 1er septembre 2027 pour les petites et moyennes entreprises et les micro-entreprises
En revanche, l'obligation de recevoir des factures électroniques s'appliquera à partir du 1er septembre 2026 pour l'ensemble des entreprises.