Francis Jutand : "L’usage sans conscience de l’IA peut amener à une fracture de la société"

  • francis_jutand_cap-digital-intelligence-artificielle.jpg

    francis-jutand-gouvernance-cap-digital
    Francis Jutand, cofondateur et membre de la Gouvernance de Cap Digital. (DR)
  • Ancien directeur général adjoint de l’IMT et ex-membre du CNNum, Francis Jutand est l’un des cofondateurs et membre de la Gouvernance de Cap Digital. Il a coordonné le rapport "L’IA des Lumières", publié en février dernier.

    am_383_couv.jpgenlightened CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°383 : Transformation digitale : les méthodes et outils pour réussir sa gestion de projet

    mail Découvrez Le Brief de l'IT, la newsletter thématique gratuite d'Archimag dédiée aux professionnels des archives et du patrimoine !


    Où en sont la France et l’Europe sur le marché de l’IA ?

    Très actives dans le domaine des IA analytiques et neuronales, la France et l’Europe sont en retard pour les IA génératives (IAG). Mais la France et l’Allemagne disposent d’un tissu puissant de start-up, notamment pour l’innovation dans l’usage de l’IA. Il est urgent que l’Europe, avec la France en leader, travaille à développer des offres d’IAG souveraines pour ouvrir les choix de mise en œuvre des entreprises et assurer la protection de leurs données et intelligence.

    Les investissements récemment annoncés par Emmanuel Macron sont-ils en mesure de renforcer la souveraineté numérique de la France et de l’Europe ?

    La France a besoin d’investissements massifs pour accélérer encore la stratégie nationale pour l’IA lancée en 2017 et développer la souveraineté. La création de centres de données en est le premier pilier, mais il faut développer les offres françaises et européennes souveraines pour que ces centres ne soient pas mis exclusivement au service des offres américaines.

    Lire aussi : IA : l’heure du sursaut européen a-t-elle enfin sonné ?

    Les investissements des entreprises et financements publics réalisés pour soutenir le développement des usages de l’IA sont un deuxième pilier pour prendre de l’avance dans les usages et conserver la maitrise des données. Enfin, une partie de ces investissements doit être mise au service du troisième pilier de mobilisation de la force collective : le développement de solutions (cloud, IA, applicatifs) comme réponses collectives aux défis de la recherche et de la formation, mais aussi du soutien aux entités de catalyse de l’action collective, comme les pôles de compétitivité.

    Pour quelle raison ce rapport plaide-t-il en faveur d’une vision éthique de l’IA ?

    La puissance américaine pousse à un usage sans contraintes de l’IA au service d’intérêts économiques et stratégiques. Au-delà du danger de vassalisation économique, toute innovation n’est pas progrès, et l’usage sans conscience de l’IA peut amener à une fracture de la société et à un désarroi psychologique.

    L’éthique est un guide nécessaire pour reprendre le contrôle de la société numérique, développer une IA de confiance, prendre en compte les impératifs écologiques et mettre l’innovation et l’économie au service d’une société des Lumières, de connaissance et de coopération, de capacités individuelles de choix et d’élaboration citoyenne des règles de vie en société.

    [Ressources : Le rapport "L'IA des Lumières"]

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Intelligence artificielle, cloud, cybersécurité, fraude documentaire, data, facture électronique, numérique responsable, désinformation... Quels seront les grands thèmes de l’année 2025 ? Pour lancer cette série de podcasts dédiée à la 31e édition du salon Documation, Clémence Jost, rédactrice en chef du magazine Archimag, vous invite à découvrir les huit tendances majeures qui façonneront l’année à venir.

    Serda Formations Data 2023