Le sociologue Jean-Marie Charon a rendu, mardi 2 juin, son rapport « Presse et numérique – L’invention d’un nouvel écosystème ». Il constate un bouillonnement éditorial et prône un accompagnement des pouvoirs publics, financier et juridique.
La presse ne va pas si mal. C’est en tout cas ce qu’on peut se dire à la fin de la lecture du rapport de Jean-Marie Charon, sociologue des médias, sur l’évolution des pratiques et du modèle économique de la presse à l’heure du numérique.
Le sociologue constate un bouillonnement éditorial et une volonté des médias de se transformer pour répondre aux défis imposés par le numérique. Les pure players d’information sont en première ligne avec de nouveaux projets éditoriaux, de nouvelles façons de concevoir et de réaliser l’information. Le milieu en général expérimente et cherche à créer une véritable valeur ajoutée pour leurs contenus.
Mais s’ils cherchent avec passion, toutes les réponses n’ont pas encore été trouvées notamment concernant le modèle économique. Le sociologue appelle l’Etat à favoriser l’innovation, financièrement et juridiquement, pour soutenir la presse dont le modèle économique a été « cassé » par le numérique.
Quelle action publique pour aider la presse ?
Pour Jean-Marie Charon, « trois notions s’imposent qui dessinent des contours possibles de l’action publique » : l’écosystème, le couple innovation-expérimentation et l’attractivité.
Le rapporteur prône la « recherche de financements mixtes » entre fonds publics, privés (principalement Facebook, Google qui profitent largement du contenu créé par la presse…) et les fonds privés du public (via le crowdfunding). La priorité de ces fonds serait de favoriser l’innovation éditoriale et technique des grands comme des petits médias. Les critères d’attribution du Fonds Google devraient donc être remaniés pour « aider les jeunes pousses ».
Le ministère est invité entre autres à créer des « incubateurs accueillant les pure players d’information, les labs des entreprises de presse, ainsi que les start-up contribuant à la production d’information, à la fois à Paris et en région ». Un système de valorisation de l’innovation pourrait aussi aider les entreprises à se développer.
Le rôle de l’Etat est primordial pour le développement de la presse. Si l’innovation et la création n’est pas soutenue, « le risque est de voir les professionnels les plus engagés dans l’innovation qu’elle soit éditoriale, technique ou commerciale, se détourner de la presse, au profit d’autres secteurs, voire de l’étranger ».