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Anne-Gaëlle Gaudion, 37 ans, bibliothécaire, formatrice et geek

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    Anne-Gaëlle Gaudion : "La profession est très en retard sur les pratiques numériques" (DR)
  • Portrait d'Anne-Gaëlle Gaudion, bibliothécaire en disponibilité qui a entamé il y a quelques années une carrière de formatrice axée sur les supports numériques, la veille, la médiation et les réseaux sociaux.

    C'est ce qu'on appelle avoir la vocation précoce. "À l'âge de six ans, je préparais des fiches pour que mes peluches puissent emprunter des livres à la bibliothèque ! Et comme de nombreux enfants réservés, j'ai passé une grande partie de ma jeunesse dans les livres. D'abord les albums, les bandes dessinées, puis les romans..."

    D'emblée, l'enfance tourangelle d'Anne-Gaëlle Gaudion était placée sous le signe du document et de la connaissance. En toute logique, ses études suivront la même trajectoire : un DEUG de lettres modernes, puis un diplôme d'ingénierie documentaire obtenu dans un institut universitaire professionnel à Toulouse.

    Ses premiers emplois ne se trouvent pas en bibliothèque, mais en librairie et dans une agence web. L'occasion de se frotter aux outils numériques et à l'essor de l'internet. Nous sommes en 2000 et Anne-Gaëlle Gaudion vit désormais à Périgueux (Dordogne), puis déménage à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) où elle occupe un poste de responsable d'un espace multimédia dans un centre culturel. Là, elle apprend quelques fondamentaux de la médiation : accueil du public, accompagnement, formation en informatique...

    "Entre la théorie qui est enseignée en formation initiale et la vie réelle, il y a un énorme fossé ! Cette expérience m'a permis d'apprendre beaucoup de choses dans la gestion quotidienne du travail". 

    Médiation en ligne

    Quelques concours plus tard, la voici dans une médiathèque de Vénissieux, dans l'agglomération lyonnaise. Mais les choses ne se passent pas très bien :

    "Je découvre qu'il y a de nombreux fainéants dans la fonction publique et qu'il y a un problème de compétence parmi certains agents. Au bout de 18 mois, je préfère m'en aller pour Chassieu à quelques kilomètres seulement. Et là, l'ambiance est bien meilleure ! J'ai appris à manager une équipe, à travailler en mode projet... La médiathèque a développé un service de jeux vidéo dès 2009 ainsi que de nombreux autres services comme le portage à domicile, les automates de prêt ou la médiation des savoirs en ligne".

    Elle reconnaît à la municipalité en place le mérite de l'avoir soutenue dans ses projets. La collaboration se passe tellement bien qu'Anne-Gaëlle Gaudion se voit proposer de prendre en main la direction des affaires culturelles. Ce qu'elle accepte avec plaisir, mais au bout de dix mois, elle arrête devant la charge de travail que cela représente.

    De cette expérience elle garde "un souvenir très intéressant qui permet de découvrir comment fonctionnent les structures culturelles d'une collectivité. Il faut penser avec l'élu pour mettre en place une politique culturelle à l'échelle d'un territoire. Mais la fonction est très chronophage surtout lorsque l'on doit par ailleurs assurer la direction d'une médiathèque". Au moins, le travail a payé. La médiathèque de Chassieu affiche des statistiques qui parleront aux bibliothécaires français : 30 % d'inscrits et 50 % de fréquentation, soit le double de la moyenne nationale...

    Marketing documentaire

    "Ces bons chiffres étaient là avant mon arrivée, mais nous avons fait ce qu'il fallait pour les développer. D'une façon générale, je pense que les bibliothèques doivent repenser leur offre tous les cinq ans pour maintenir l'intérêt et la curiosité du public. C'est ce qu'on appelle du marketing documentaire et j'ai appris ça sur le tas !"

    Après la région lyonnaise, Anne-Gaëlle Gaudion occupe deux postes à Bordeaux et en région parisienne avant de prendre une décision radicale : elle se met en disponibilité pour convenance personnelle et entreprend une carrière de formatrice. Ce qu'elle a appris au cours de ses multiples expériences lui sert à former les bibliothécaires : développement des supports numériques (liseuses, tablettes...), veille, médiation, présence sur les réseaux sociaux...

    "La profession est très en retard sur les pratiques numériques, mais cela s'améliore et je constate une forte demande des professionnels sur ces thèmes". 

    Son nouveau métier la mène en France métropolitaine, mais aussi en Nouvelle-Calédonie, à Madagascar et à La Réunion. L'occasion de porter la bonne parole urbi et orbi.


    Elle like :

    • Sa ville préférée : Lyon, la ville où je suis revenue habiter
    • Son appli préférée : Instapaper, un outil pour stocker tous les contenus que je glane au cours de ma veille
    • Son émission préférée : la chronique de Xavier Delaporte sur le numérique dans les Matins de France Culture
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    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
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