Corinne Dupin est consultante et formatrice. Elle est l'auteure de l'ouvrage "Autoformation : l'apprentissage buissonnier" qui vient de paraître dans la collection Bibliothèques des éditions du Cercle de la librairie.
Quelles sont les pratiques d'autoformation les plus répandues ?
Mon ouvrage n’est pas à proprement parler une enquête, je ne prétends pas répondre à cette question dans l’absolu.
Disons que d’après mes observations, mes lectures et la petite vingtaine de professionnels des bibliothèques que j’ai interviewés, la pratique d’autoformation la plus prisée – à défaut d’être la plus répandue – est le compagnonnage avec ses pairs à l’occasion d’événements informels de partage de bonnes pratiques et de compétences.
Ce type d’apprentissage en contexte et en proximité fonctionne particulièrement bien dans la mesure où il permet de relier étroitement les savoirs à l’activité professionnelle ; ses effets concrets en sont ainsi palpables d’autant plus rapidement.
Quelles qualités l'apprenant doit-il déployer pour pratiquer l'autoformation ?
L’auto-apprenant expérimente la "libre discipline de soi-même" (l'expression serait de Jaurès) : cette expérience lui procure potentiellement autant de joie que de vertige…
En mobilisant un réseau diversifié et mouvant de ressources, confronté à des situations d’incertitude, il développe des compétences relationnelles et des qualités d’auto-organisation et de créativité aisément transposables dans d’autres circonstances.
C’est aussi une démarche qui lui permet de se transformer par son action propre, de se donner lui-même une forme singulière au sens étymologique du terme autoformation, manière de mettre en œuvre son pouvoir d’agir, de tester ses capacités d’autonomisation et de responsabilisation.
Comment l'autoformation est-elle perçue par les employeurs ?
Difficile là encore de répondre de façon générale, les situations peuvent être contrastées.
L’employeur est, cela dit, plutôt favorable à l’auto-apprentissage, non seulement parce qu’il le dédouane de la charge d’imposer des apprentissages éventuellement non désirés, mais surtout parce qu’il est plus plaisant et productif de travailler avec des collaborateurs faisant preuve d’initiative et de curiosité spontanée.
Ce n’est finalement pas tant les employeurs qui sont susceptibles de mal percevoir les auto-apprenants que leurs propres pairs qui, parfois, s’agacent d’une attitude qu’ils considèrent comme un excès de zèle…Mon ouvrage soutient évidemment résolument le camp des hors-la-loi pédagogiques !