Il y a du tangage à Bruxelles du côté de l’Autorité de protection des données (APD). Cette institution gouvernementale (équivalent belge de la Cnil) qui veille à la protection de la vie privée dans le traitement des données personnelles est confrontée à une critique sans précédent depuis sa création en 2017. Alexandra Jaspar, l'une des directrices de l'APD a remis sa démission et s'est livrée à une critique frontale du fonctionnement de l'institution.
"Ce qu'on vous demande de faire, c'est de vous taire, de fermer les yeux et surtout de ne pas faire le travail d'une autorité de protection des données." explique-t-elle.
Enterrer certains dossiers
Alexandra Jaspar critique notamment la volonté de l'APD "d'enterrer certains dossiers" et dénonce sa partialité dans le traitement des affaires qui lui sont confiées. "On prend des décisions totalement illégales tous les jours dans un comité de direction qui ne fonctionne absolument pas". A ses yeux, l’Autorité de protection des données est "infiltrée par des personnes qui travaillent pour le gouvernement [belge]" et sa composition entre en contradiction avec le règlement général sur la protection des données (RGPD).
Le 8 novembre dernier, Alexandra Jaspar avait adressé un courrier à la Chambre des représentants pour alerter sur les "graves dysfonctionnements" de l'APD. A ses yeux, David Stevens, président de l’Autorité de protection des données, "a des contacts rapprochés avec des membres du gouvernement, des ministres, des directeurs d’administration", empêchant de fait toute impartialité de l'APD.
Un système écoeurant
Très discutée sur les réseaux sociaux, la critique d'Alexandra Jaspar a généré près de 250 commentaire sur LinkedIn : "le plus triste dans tout ça, c’est que l’intégrité devient marginale et cette personne prend probablement de très gros risques pour dénoncer un système écœurant", "quel courage est de se dresser contre vents et marrées dans un monde ou le paraître devient le maître mot", "en France, j’ai cru comprendre que la Cnil a dénoncé certaines pratiques d’institutions en lien avec la situation sanitaire actuelle, sans pour autant avoir été entendue…"