CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°383
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[De notre correspondante à Rabat]
L’ouverture des données publiques (ou open data) est aujourd’hui un enjeu majeur pour favoriser la transparence, stimuler l’innovation et encourager le développement économique. Au Maroc, la dynamique en faveur des données ouvertes a progressé ces dernières années, mais il reste encore un long chemin à parcourir pour concrétiser pleinement son potentiel.
Depuis la Constitution de 2011, et notamment l’article 27 qui garantit le droit d’accès à l’information publique, le Maroc s’est engagé sur la voie de la transparence. La loi 31-13, adoptée en 2018 et appliquée depuis 2019, a posé les bases de cette ouverture. Cette législation impose aux administrations publiques de publier certaines données de manière proactive, tout en prévoyant des exceptions liées à la sécurité et à la protection des informations sensibles.
Dans cette optique, le gouvernement a mis en place le Portail national des données ouvertes (data.gov.ma), une plateforme regroupant diverses bases de données issues d’administrations et d’institutions publiques. Malgré cette initiative, bon nombre de ces données restent encore fragmentaires, difficilement exploitables ou pas suffisamment actualisées.
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Des avancées encourageantes, mais encore insuffisantes
Le Maroc a réussi à améliorer sa position en matière d’open data. Par exemple, selon l’Open Data Inventory, le pays est passé de la 134e place en 2017 à la 42e en 2018, une avancée notable qui reflète les efforts consentis en matière de transparence. Par ailleurs, des initiatives ont vu le jour, comme les hackathons open data, réunissant développeurs, start-up et chercheurs autour de la valorisation des données publiques. Ces événements ont démontré que l’exploitation des données peut donner naissance à des solutions utiles pour différents secteurs.
L’open data ne se limite pas à la transparence administrative : il constitue également un puissant moteur économique. Selon la Banque mondiale, l’ouverture des données publiques pourrait générer une augmentation de 1 à 2 % du PIB en créant de nouveaux services et en optimisant la gestion des ressources. Quelques domaines au Maroc pourraient largement bénéficier d’une meilleure exploitation des données ouvertes : transport et logistique, agriculture et climat, entrepreneuriat, santé…
Le pays a, d’ailleurs, adhéré en 2018 au Partenariat pour un gouvernement ouvert (OGP), une initiative mondiale visant à promouvoir la transparence et l’utilisation des données publiques. Pour que l’open data fonctionne, il ne suffit pas que l’État publie des données. Il est essentiel que les citoyens, les entreprises et la société civile s’en emparent.
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Comment accélérer l’open data au Maroc ?
Plusieurs pistes permettraient d’améliorer l’open data au Maroc :
- améliorer la qualité des données publiées : il faut garantir des formats exploitables (CSV, JSON, XML) et assurer des mises à jour régulières ;
- former les administrations et les entreprises : une meilleure sensibilisation aux enjeux des données ouvertes favorisera leur adoption ;
- encourager la réutilisation des données : organiser des compétitions et subventionner des projets exploitant l’open data ;
- renforcer la collaboration avec le secteur privé : les entreprises peuvent jouer un rôle clé dans l’innovation liée aux données publiques.
L’open data au Maroc est un formidable potentiel qui demande à être pleinement exploité. Si les bases sont en place, il reste encore beaucoup à faire pour que l’ouverture des données publiques devienne un véritable levier d’innovation et de développement. Avec une mobilisation accrue des acteurs publics et privés, ainsi qu’un engagement plus fort de la société civile, le Maroc pourrait réellement capitaliser sur cet atout stratégique.