Miguel Salas Vega : portrait d'un physicien et veilleur au parcours atypique.
Il est né en Alsace, a grandi au Mexique et travaille aujourd’hui en Allemagne. Ce polyglotte de 25 ans s’exprime naturellement en français et en espagnol, maîtrise l’anglais, se débrouille en allemand et apprend le portugais ! « De 3 à 11 ans, j’ai vécu à Mexico et fréquenté le lycée français où mes amis étaient Iraniens, Français, Mexicains, Américains… C’était un milieu international qui a eu un fort impact sur ma personnalité. Cela m’a permis de ne pas tomber dans les clichés respectifs que les peuples et les pays ont les uns sur les autres ».
Aujourd’hui, Miguel Salas Vega exerce ses talents au sein du prestigieux Stiftung Wissenschaft und Politik un centre de réflexion de politique étrangère basé à Berlin. Il y occupe un poste d’analyste sur les questions d’énergie : pétrole, gaz, nucléaire… Et il veille sur ce qui se passe dans les zones de tension en Ukraine et au Proche-Orient.
Manipulation informationnelle, théories du complot
De formation scientifique – il voulait d’abord être astronaute — Miguel Salas Vega entre en école d’ingénieur et se spécialise dans les sciences physiques. Nous sommes au milieu des années 2000. Mais rapidement, il éprouve le désir d’élargir ses compétences et bifurque vers les sciences de l’information. Direction l’université de Lille 1 où il étudie la veille stratégique et l’intelligence économique. « Ce double cursus m’a permis de rassembler deux domaines qui me passionnent. Mais je dois reconnaître qu’avant cette formation, je n’avais entendu parler de veille qu’au détour de conversations avec mes camarades ingénieurs ».
Depuis, il a rattrapé son retard et appris à utiliser des outils professionnels de veille. Sa formation l’a également conduit à se mettre dans les conditions réelles de travail. Il en a tiré une leçon : « Il est indispensable d’être proactif ! »
Au sein de son institut berlinois, il a compris que dans le domaine très stratégique des approvisionnements énergétiques, « on dit tout et n’importe quoi. Nous sommes confrontés à des cas de manipulation informationnelle, de théories du complot ou, au contraire, de dissimulation d’informations vitales ». Bref, un cas d’école pour tout veilleur professionnel.
L’ambiance au sein du Stiftung Wissenschaft und Politik n’est pas sans lui rappeler l’ambiance cosmopolite qui régnait au lycée français de Mexico. Ses collègues sont allemands, bien sûr, mais aussi polonais ou vénézuéliens.
Londres, Berlin, Vilnius
Avant de s’installer à Berlin, Miguel Salas Vega a multiplié les expériences professionnelles en Europe et pas seulement dans les domaines de la veille technologique. Après avoir décroché son Bafa, il a passé et obtenu un brevet de maître-nageur-sauveteur ! « J’ai alors décidé de partir à Londres où je ne connaissais personne. Je m’étais donné comme objectifs de décrocher un boulot et d’avoir un appartement : j’ai eu les deux ! J’ai trouvé un logement à proximité de Big Ben. Cela me coûtait les yeux de la tête, mais j’étais très heureux ».
Pour financer sa vie londonienne, il sera donc maître-nageur dans une piscine de la capitale européenne de la finance et travaillera comme serveur dans les cafés. Puis il file vers Berlin où, là aussi, il replonge dans le grand bassin en tant que maître-nageur.
Ces activités périphériques composent une expérience professionnelle variée qui le mènera en 2013 à Vilnius (Lituanie) où il rejoint un centre d’expertise de l’Otan dédié au domaine énergétique. Face à son tempérament curieux, des amis lituaniens l’affublent d’un nom local imprononçable, mais que l’on pourrait traduire par « celui qui pose trop de questions ». De son propre aveu, l’expression est très juste !
Rugby et aïkido, deux leçons pour les veilleurs
Quand il ne travaille pas sur la géopolitique de l’énergie, Miguel Salas Vega s’ adonne au sport : le rugby et l’aïkido : « Le premier utilise l’affrontement direct, le deuxième prône le contournement et suppose de trouver la faille. J’y vois des leçons pour mon métier ».
L’analyste-veilleur profite de la vie berlinoise qui passe aujourd’hui pour être la plus créative d’Europe. Dans les milieux sportifs, mais également au théâtre ou dans la salle du prestigieux Berliner Philharmoniker, il va à la rencontre de tous ceux qui se présentent à lui. En bon veilleur, il estime que « tout le monde a quelque chose à (lui) apporter. À moi d’avoir l’esprit ouvert et de trouver des informations intéressantes… »
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