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Enceintes connectées et assistants vocaux : Reporters sans frontières tire la sonnette d'alarme

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    L'université de Saint-Louis (Missouri, Etats-Unis) a décidé d'équiper l'ensemble de ses chambres étudiantes de 2 300 Amazon Echos Dot destinés à fournir des informations sur la vie de l'établissement (horaires, événements, etc) (Andres Urena/Pexels)
  • Quand la bulle informationnelle se resserre toujours plus...

    "OK Google, que s'est-il passé dans le monde aujourd'hui ?". En moins de deux ans, les enceintes connectées, telles que Google Home ou Echo d'Amazon, ont colonisé notre quotidien plus rapidement qu'aucune autre technologie. Imaginez, plus de 50 millions d'utilisateurs les ont déjà adoptées. Forbes prévoit même que 50 % des recherches seront vocales en 2020. C'est l'ensemble de notre accès à l'information qui se voit totalement bouleversé. Dans une tribune publiée le 2 août 2018, Reporters sans frontières (RSF) s'alarme justement de l'expansion galopante du marché des enceintes connectées et des assistants vocaux, s'inquiétant du "risque qu'elles peuvent représenter pour le pluralisme de l'information".

    Un résultat par requête

    D'ici quelques mois, voire quelques années, peut-être n'effectuerez-vous plus aucune requête depuis un moteur de recherche. Choisir scrupuleusement vos mots-clés, découvrir vos pages de résultats, analyser les sources proposées sur une, deux, trois pages, puis cliquer sur le lien qui vous semble le plus pertinent/intéressant/surprenant/attirant ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. En effet, des dizaines de millions de personnes dans le monde ont déjà fait le choix d'interagir directement avec l'application de leur enceinte connectée. Problème : celle-ci leur délivre oralement le résultat (parfois un seul !) pour chaque requête après une obscure opération algorithmique. C'est en effet l'assistant intelligent qui sélectionne les sources d'informations et limite le nombre de résultats. Bref, du prêt à lire... et donc à penser.

    Information personnalisée

    "Avec le développement des assistants vocaux se pose la question des garanties données en faveur du pluralisme de l’information, analyse Elodie Vialle, Responsable du Bureau Journalisme et Technologie de Reporters sans frontières. A force de personnaliser la distribution de l’information sans laisser de place ni à la sérendipité ni à la diversité de choix dans la restitution, les assistants vocaux risquent de renforcer le mode de distribution de l’information censitaire et opaque déjà existant aujourd’hui."

    L'arbre qui cache la forêt

    Selon RSF, c'est tout l'impact du développement des assistants vocaux sur la liberté de l'information qui n'a pas été suffisamment étudié. Chiffres à l'appui : selon une étude d'Accenture, "près d’un tiers des populations en Chine, un pays courtisé par Google, où l’information est totalement sous contrôle, en Inde, aux USA, au Brésil et à Mexico devraient avoir recours à ces assistaux vocaux d’ici fin 2018". Et l'information n'est qu'un produit d'appel : l'arbre qui cache la forêt de l'éventail de services sur lesquels ces géants numériques tentent de gagner toujours plus de parts de marché. RSF confirme : "ces chiffres attisent les appétits d’ogre d’acteurs déjà ultra-dominants dans le champ de l’information, et pour cause : celui qui contrôlera l’interface sera en position de force pour imposer ses services".

    Sur écoute

    Tout celà sans compter le risque évident de surveillance (données personnelles, collectées, analysées, centralisées et même mises en commun) ainsi que les multiples bugs d'espionnage fortuits ou de réels piratages déjà médiatisés (et à venir !). 

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