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La plus grande révolution de toute l’histoire de l’humanité

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    Anne Beaufumé, Jérôme Bondu et Jérôme Coutou rendent compte des grandes avancées scientifiques et technologiques dans « La plus grande révolution de toute l'histoire de l'humanité ». (Canva)
  • Dans « La plus grande révolution de toute l’histoire de l’Humanité » (Inter-Ligere Éditions, 2022), les auteurs Anne Beaufumé, Jérôme Bondu et Jérôme Coutou rendent compte des grandes avancées scientifiques et technologiques que nous traversons et des défis qui nous attendent. Extraits.

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    couv-la-plus-grande-revolution-de-toute-lhistoire-de-lhumanite.jpgIntelligence artificielle, algorithmes, métavers, big data, transhumanisme, nouveaux équilibres mondiaux, transition énergétique… Nous vivons une époque de bouleversements profonds. Ils s’accélèrent depuis une vingtaine d’années.

    La complexité des liens qu’entretiennent entre elles les avancées scientifiques ou technologiques et leur influence sur les équilibres géopolitiques accroît la difficulté d’appréhender ces (r)évolutions.

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    Les auteurs de ce livre, qui tous les trois pratiquent la « veille » (sociologique, technologique ou économique), ont une ambition : fournir des clefs pour comprendre l’univers de cette « plus grande révolution de toute l’histoire de l’humanité ». Ils décryptent les nouvelles règles du jeu pour permettre à chacun d’exercer sa vigilance positive sur les nombreux changements encore à venir.

    Extraits sur la souveraineté numérique

    Le monde de la seconde moitié du XXe siècle s’est retrouvé, à la suite de la Seconde Guerre mondiale, déchiré par la rivalité entre deux empires aux volontés hégémoniques antagonistes : le soviétique et l’américain. Ce fut la fameuse « guerre froide », où la possession de part et d’autre de l’arme atomique a empêché une confrontation directe.

    Ces deux empires se sont donc mesurés sur des théâtres d’opérations tiers : guerre de Corée, guerre du Vietnam, guerre au Nicaragua… Mais ces guerres ouvertes ne furent pas les seules plaies rougeoyantes à la surface du globe.

    Dans une logique de glacis protecteur, des pays ont été sacrifiés des deux côtés du rideau de fer. Et sous une écorce en apparence peu meurtrie, le pus s’est souvent installé à l’intérieur même des pays touchés : c’est le cas du Guatemala, du Chili, des dictatures sud-américaines en général. C’est également le cas des pays satellites soviétiques.

    L’Europe, tiers numérique

    Dans le cadre nouveau de la rivalité entre les géants américain et chinois, l’Europe pourrait être le terrain de nouveaux affrontements par proxy (par intermédiaire). Parce qu’elle relève d’un enjeu stratégique moindre pour les USA dans le cadre de leur confrontation avec la Chine.

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    Quand la lutte était menée contre l’empire soviétique, l’Europe de l’Ouest représentait une position avancée du monde « libre », que les USA étaient prêts à défendre. Face à la Chine, l’Europe risque de devenir une espèce de variable d’ajustement ou une colonie « consommable » (telles ces colonies qui au XIXe et XXe siècle ont fourni aux belligérants de la « chair à canon ») plutôt qu’une position à défendre.

    Il y a donc un risque de tiers-mondisation de l’Europe, l’Europe devenant un tiers numérique dans le nouvel affrontement est-ouest, empire du Milieu contre empire américain. La question de la souveraineté numérique européenne se pose ainsi de manière de plus en plus cruciale.

    Extraits sur l’enjeu de notre capacité à accéder aux connaissances et informations « utiles »

    Internet a-t-il facilité notre accès aux informations, aux savoirs ou aux connaissances ? La réponse est bien sûr positive, mais doit être relativisée. Car si évidemment on peut trouver en quelques clics énormément de documents, cela ne signifie pas que cette mise à disposition nous rende leur acquisition facile.

    Pour ce qui est de la richesse accessible, nous sommes tous d’accord. Imaginons par exemple que nous voulions consulter la bible de Gutenberg : quelques clics sur un moteur de recherche nous amèneront à la bibliothèque en ligne Gallica et à ses très beaux ouvrages numérisés.

    Notamment la bible de Gutenberg. Pour ce qui est de l’utilité des « informations » trouvées, il suffit de faire une analogie alimentaire pour se rendre compte du problème. Imaginons une immense table garnie de victuailles devant nous.

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    Est-ce que cette vision nous nourrit ? Certainement pas ! Pour en retirer de l’énergie, il faut se saisir de quelques aliments, les mastiquer et les digérer. Leur seule vue n’a pas d’impact sur notre apport énergétique. Notre corps doit les synthétiser, ce qui demande pas mal d’énergie.

    Le web : une immense table de victuailles informationnelles

    Il en va de même pour les informations. Le web est une immense table de victuailles informationnelles. Leur mise à disposition ne nous nourrit en aucun cas « en soi » sur le plan intellectuel.

    Il faut les lire, les écouter ou les voir. Il faut donc — a minima — y passer du temps. Et puis il faut comprendre. Qui parmi vous a déjà essayé de lire un article sur la théorie de la relativité restreinte d’Einstein (hormis les physiciens, évidemment) ? Ce n’est pas évident, même pour une bonne vulgarisation comme celle du CEA. Il faut, en plus du temps, de la concentration et de la capacité d’analyse.

    Et c’est là que le bât blesse. Internet s’est développé comme un outil gratuit. Et toutes les grandes structures du web se financent sur le modèle de la régie publicitaire : l’utilisation gratuite de leurs services contre notre attention et nos données personnelles.

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    Par exemple, plus nous restons sur le moteur de recherche Google, plus nous faisons des recherches, plus nous risquons de cliquer sur un lien sponsorisé, et plus nous donnons des informations sur ce qui nous intéresse. C’est grâce à ce petit jeu que Google engrange un chiffre d’affaires de 257,6 milliards de dollars en 2021.

    Si l’on voulait filer la métaphore de la nourriture, nous pourrions dire que la table est remplie de mets nourrissants et bons pour notre santé, mais aussi de sucreries délicieuses, bien trop caloriques et même parfois dangereuses pour notre santé.

    Difficile de ne pas craquer, de ne pas sacrifier le long terme pour le plaisir immédiat. Donc notre attention est sans cesse capturée par des outils numériques, et notre capacité de concentration est de plus en plus difficile à protéger.

    Conclusion : la plus grande révolution est loin d’être achevée !

    L’histoire de cette plus grande révolution n’est pas encore écrite, elle est le présent que nous vivons et d’immenses incertitudes règnent sur l’avenir. Nous commençons à voir de premiers effets de la multiplication d’évolutions qui se combinent et interagissent dans les champs scientifiques, technologiques, sociologiques, géopolitiques.

    Mais bien fous seraient celles ou ceux qui pourraient affirmer imaginer les développements de ce véritable écosystème, même à horizon de 5 ou 10 ans… Notre « vieux monde » est un peu à bout de souffle. Les signes en sont forts et nombreux : réchauffement climatique, bouleversements démographiques à venir, dérèglement financier, déséquilibres géopolitiques, pandémie.

    Impossible aujourd’hui, réalité demain

    L’utilisation des nouvelles technologies pourra peut-être faire émerger des solutions innovantes si l’on suit ceux qui, comme Philippe Dessertine, pensent que « la science s’est remise en marche et invite à toutes les ruptures pour que naisse un autre modèle ».

    Sans être « technosolutionnistes », soyons déjà bien certains que beaucoup de choses qui nous semblent impossibles aujourd’hui deviendront réalité demain. Qui aurait imaginé il y vingt ans que nous aurions quasiment tous « dans notre poche » un smartphone qui nous permettrait de manière nomade, partout dans le monde, de faire des visioconférences, de gérer ses comptes bancaires, ses e-mails, de se géolocaliser et de trouver le trajet optimal pour se rendre d’un point à l’autre de la planète, de payer des achats, de faire des photos et de les envoyer a des amis ou groupes d’amis ou de les poster sur des réseaux sociaux, etc. ?

    Dans beaucoup des champs que nous avons couverts dans ce livre (et en plus sans chercher à viser l’exhaustivité), des phénomènes disruptifs peuvent apparaître. Peut-être ne sommes-nous pas à l’abri de quelques « cygnes noirs »…

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    Il nous semble que, face à cette situation inédite à l’échelle de l’histoire humaine, il faille adopter avant tout une posture mêlant vigilance et croyance en l’Homme pour s’y adapter. Voire, puisque nous sommes des éléments de cet écosystème révolutionnaire, une posture active, contributive de la « métamorphose humaniste » évoquée plus haut.

    Car si bon nombre des bouleversements en cours peuvent être mal vécus et représenter des menaces, notre époque offre aussi de formidables opportunités. Sachons mieux répondre aux premières et saisir les secondes : prendre conscience des immenses potentialités de certaines des découvertes en cours et les utiliser pour construire « un monde meilleur »…

    En bref, faisons tout pour que les révolutions technologiques en cours se fassent au service de l’Homme ! Nous sommes au cœur de la plus grande révolution. L’aventure est devant nous…

    Textes reproduits avec l’aimable autorisation d’Anne Beaufumé, Jérôme Bondu et Jérôme Coutou.

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