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Intelligence économique : l’expérience européenne Sibila

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    « Le cursus doit conduire jusqu’à la prise de décision », Ophélie Olivier Garnier, Université de Strasbourg, pilote du projet Sibila (Myriam Daddiza)
  • Le projet européen Sibila entend mettre l’intelligence économique au service des PME, notamment du textile et de l’ameublement. Ophélie Olivier Garnier, de l’Université de Strasbourg, en assure le pilotage. Une plateforme de formation vient d’être ouverte.

    enlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378
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    « Essayez la plateforme d’apprentissage en ligne du projet Erasmus+ Sibila » : l’invitation — en anglais — est lancée sur l’écran d’accueil du site de Sibila, un projet européen dont l’objet est « un programme de formation pour promouvoir et améliorer les pratiques d’intelligence compétitive et de veille technologique dans les industries manufacturières traditionnelles ». Mais l’ouverture de cette plateforme, depuis août dernier, constitue autant un début qu’une fin.

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    Soutenir la compétitivité des PME

    C’est un début pour les petites et moyennes entreprises européennes du textile et de l’ameublement, les premières visées par le programme. Elles éprouvent souvent des difficultés concernant la digitalisation, le transfert de technologie, l’innovation, et l’accès aux résultats de la recherche appliquée. Sibila veut les aider à relever ces challenges de compétitivité.

    Un glossaire, d’une douzaine d’entrées (de « competitive intelligence, competitive watch » à « vocation education training ») est d’abord mis à leur disposition pour les acculturer à l’intelligence économique (IE). Ces bases étant posées, place à la formation : un parcours en quatre modules est conçu :

    • module 1 : introduction à la veille technologique et à la veille concurrentielle ;
    • module 2 : identification des besoins en matière de veille stratégique, technologique et concurrentielle ;
    • module 3 : collecte d’informations ;
    • module 4 : analyse et évaluation des informations et des résultats.

    Chaque module comprend une introduction et différentes unités. L’apprenant peut les valider un à un et obtenir des badges, ceci jusqu’à une certification finale éventuelle. La plateforme est ouverte sous forme de Mooc (massive open online course) afin d’être accessible au plus grand nombre, ceci selon le principe Erasmus+, programme européen pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport associé, dans lequel s’inscrit Sibila.

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    Un appel à projets lancé par la Commission européenne

    Cette plateforme constitue également une fin, puisqu’il s’agit du dernier livrable auquel devait aboutir le projet Sibila. Fin octobre 2024, celui-ci sera officiellement clos. Ophélie Olivier Garnier, qui en est la pilote, notamment en sa qualité de responsable du master 2 intelligence économique et développement international de l’Université de Strasbourg, entend mettre à profit les semaines restantes pour observer le parcours des futurs premiers utilisateurs : quels profils s’inscriront ? Quelle sera leur aisance au long de la formation ? Combien iront jusqu’à la certification ?

    Cependant, elle peut d’ores et déjà apprécier le travail accompli depuis la validation du projet, en novembre 2021, jusqu’à aujourd’hui. Tout a commencé par un appel à projets lancé par la Commission européenne. Dans le droit fil de ses objectifs stratégiques, elle souhaite alors apporter une formation à des entreprises traditionnelles pour les hisser hors de leur caractère « low tech ». La veille technologique et concurrentielle est jugée comme « une pratique commerciale essentielle » à même de les conduire à la fois vers la minimisation des risques et vers des opportunités d’innovations.

    Un consortium d'acteurs variés

    Selon la procédure, c’est un consortium qui doit candidater. L’initiative est prise par l’Association de recherche entreprise centre technologique du mobilier et du bois de la région de Murcie (Cetem, Espagne) et par le Textile Testing Institute (TZÚ, République tchèque). Ce sont donc d’abord les industries du textile et de l’ameublement qui seront visées. Quatre autres partenaires se joignent au projet : Globalnet, plateforme d’apprentissage et outils innovants pour l’apprentissage en ligne (Pologne), l’Université des sciences de la vie de Varsovie (Pologne), Batti, Association de transfert de technologie et d’innovation (Bulgarie), et, enfin, l’Université de Strasbourg, qui apporte ses compétences pédagogiques et sera leader et coordinatrice.

    Ils sont donc au total six, issus de cinq pays de l’Union européenne. Le financement est assuré par la Commission européenne, à hauteur de 260 000 euros. Le projet démarre en février 2022. Entre les différents partenaires, la langue de travail est l’anglais, quitte à devoir traduire ensuite les contenus pour toucher les cibles voulues — les vidéos sont sous-titrées.

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    Faire progresser les industries

    « L’objectif est de faire progresser ces industries », souligne Ophélie Olivier Garnier. « Il ne s’agit pas de fournir de l’information pour de l’information, mais de produire un dispositif utile industriellement pour les PME ». Le contenu proposé sera sous licence Creative Commons, ouvert à toute utilisation non marchande.

    Les partenaires du projet ne se situant pas tous au même niveau, on procède d’abord à une évaluation des besoins. Tout le monde ne met pas la même chose derrière le vocabulaire de l’IE. Un glossaire commun est donc construit. Une démarche similaire aboutit à un référentiel européen de formation professionnelle en IE et veille stratégique permettant une validation européenne de compétences. Puis les quatre modules de la formation sont mis en place.

    « Le cursus doit conduire jusqu’à la prise de décision », insiste Ophélie Olivier Garnier. De module en module, il peut être suivi en toute autonomie et est ponctué de tests. Pas moins de 80 compétences à acquérir ont été définies en amont ; toutes les cases pourront être cochées ! Le cursus est mis en ligne par Globalnet sur sa plateforme Los Globos. Une phase de test, à laquelle une quarantaine d’utilisateurs français, espagnols, polonais, tchèques et bulgares a participé, a précédé l’ouverture. Chaque partenaire se charge du lancement de sa promotion pour son propre pays. En France, c’était le 6 juin dernier.

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    Vers un bilan intermédiaire

    Mais si le financement du projet se termine et si l’on s’achemine vers la fin du projet, la plateforme bénéficie d’un engagement pour un fonctionnement sur cinq années. Un bilan intermédiaire pourrait être prévu au bout de deux ans et le projet devrait pouvoir être répliqué pour d’autres secteurs.

    Dans son travail pour Sibila, Ophélie Olivier Garnier apprécie d’avoir pu se déplacer en particulier sur les sites du centre technologique du mobilier et du bois, en Espagne, ou de l’unité de test et de certification des branches textiles, en République tchèque. De quoi cerner les objectifs concrets à poursuivre dans une démarche d’IE et éviter une approche trop théorique. Un message que ses étudiants de l’Université de Strasbourg ne manqueront pas de recevoir.

     

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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