CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N° 381 : Protection des données en entreprise: quelle stratégie à l'ère de l'IA ?
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"Qui ne connaît pas l’autre, mais se connaît lui-même pour chaque victoire connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même perdra inéluctablement toutes les batailles." 600 ans av. J.-C., dans "L’Art de la guerre", le général chinois Sun Tzu avait déjà posé le primat de la connaissance dans les conflits qui opposent les nations et les empires. En évoquant les leçons de Sun Tzu, Alexandre Lahousse, directeur de l’industrie de défense au sein de la Délégation générale de l’armement, a rappelé une vérité : "connaître son environnement est vital pour anticiper les évolutions à venir".
Et, sans surprise, l’intelligence artificielle (IA) est désormais au cœur de la bataille des connaissances au point de s’inviter dans les débats de la 17e édition du Forum IES, qui s’est tenue à Strasbourg (Bas-Rhin) les 20 et 21 novembre derniers. Éditeurs de logiciels, veilleurs et universitaires sont d’accord sur un point : l’IA est devenue incontournable dans l’activité de veille.
Elle l’est, par exemple, dans le domaine de la veille scientifique et technique, avec une plateforme développée par la start-up Opscidia qui recourt aux grands modèles de langage (LLM) pour faciliter la détection des prochaines tendances technologiques. "Notre moteur de recherche s’appuie sur une base qualitative de plus de 180 millions de documents scientifiques fiables", explique Sylvain Massip, PDG d’Opscidia. "Les LLM disposent d’un atout considérable pour analyser de grandes quantités de données… À condition de les alimenter avec de bonnes informations. L’IA est aujourd’hui en mesure d’optimiser les requêtes de l’utilisateur qui, à tout moment, garde la main sur le processus de veille. L’IA propose, l’utilisateur dispose…"
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L’IA, un nouvel outil dans la boîte à outils des veilleurs
Du côté des praticiens de la veille, l’IA générative est en passe d’entrer dans les mœurs. Pour Laurent Couvé (Centre technique des industries mécaniques, Cetim), "l’IA générative est un nouvel instrument dans la boîte à outils des veilleurs qui rend de nombreux services. Mais attention, elle ne peut pas tout faire ! L’IA est par exemple incapable de se déplacer sur le terrain, alors que le veilleur peut glaner beaucoup d’informations dans les congrès et les salons professionnels."
Preuve de l’intérêt suscité par l’IA générative, la note créée par la cellule de veille du Cetim "Opportunités et menaces de ChatGPT" est aujourd’hui la plus téléchargée de tous les documents qu’elle a créés. Cette cellule s’est même agrandie suite à l’embauche en CDI d’une nouvelle veilleuse dédiée au thème de l’IA générative.
Même constat pour Céline Tréguer, coordinatrice en intelligence collective au sein du Groupe Orange qui a développé un agent conversationnel à destination de ses salariés. Ceux-ci peuvent choisir le LLM de leur choix (Gemini, ChatGPT, Claude…) pour interroger cet agent baptisé Dinootoo. "Lancé au mois de septembre 2023, Dinootoo est utilisé quotidiennement par environ 10 000 utilisateurs qui, à 82 %, estiment que l’agent conversationnel leur fait gagner du temps sur des tâches telles que le résumé d’articles ou l’exploration d’un sujet".
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Challenger l’IA
Du côté des universitaires, on observe avec intérêt l’irruption de l’IA dans les formations dédiées à la veille. "L’IA requiert désormais une grande capacité d’adaptation au changement de la part des étudiants", estime Ophélie Garnier, responsable du master "Intelligence économique et développement international" à l’Université de Strasbourg.
En guise de conseil aux étudiants, un responsable d’Airbus fait cette recommandation : "ce qu’une structure comme la nôtre attend des futurs veilleurs, c’est de challenger l’IA et de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu’elle génère…"