La création d'un visa dédié aux talents étrangers pourrait, selon Bercy, sortir le numérique français de la pénurie.
La position du gouvernement, relayée par la secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire, est claire : "attirer ceux qui peuvent aider l'économie française à se tourner vers l'avenir numérique". Et ce qui intéresse surtout Bercy, c'est susciter et faciliter la venue des cerveaux étrangers, une démarche pouvant passer par la création d'un "visa développeur".
C'est dans un rapport remis début mars à Fleur Pellerin que le fondateur de Netvibes et Jolicloud Tariq Krim a proposé la création de ce visa d'un genre nouveau. Expliquant dans une interview au JDD qu'il pourrait "entrer dans le cadre du 'visa entrepreneur' ou du 'passeport talents' annoncé par le président de la République en février", Axelle Lemaire en a détaillé les ressorts : "il permettra d'octroyer, à compter de 2015, un droit de séjour de quatre ans en France aux entrepreneurs, travailleurs, investisseurs, chercheurs hautement qualifiés, donc possiblement aux programmeurs".
Paradoxe français
Car en matière de main d'oeuvre, le numérique français flirte avec la pénurie. Avec près de 36 000 recrutements attendus d'ici cinq ans, il est un secteur créateur d'emploi en plein paradoxe : malgré plus de 93 % des offres d'emplois qualifiés à forte valeur ajoutée proposées en CDI et de rapides perspectives d'évolution, il peine pourtant à recruter. Le décalage entre le potentiel et la réalité du marché est criant et les offres d'ingénieurs, de programmeurs ou de développeurs ne trouvent pas preneur. Selon Pôle Emploi, il s'agit même du secteur où les recrutements sont les plus difficiles à effectuer.