En effaçant - à votre demande - certains liens compromettants, Google risque de provoquer un buzz que vous ne souhaitez vraiment pas.
En 2003, 420 000 internautes avaient consulté la photographie aérienne de la propriété de Barbra Streisand que celle-ci avait tenté de faire retirer par une décision de justice afin qu'elle ne se propage pas... et ce moins d'un mois après sa publication. Ce phénomène de buzz involontaire fut depuis surnommé "l'effet Streisand". Il semblerait que celui-ci se reproduise aujourd'hui à propos des requêtes envoyées par des internautes européens à Google pour que certaines informations compromettantes les concernant soient déréférencées du moteur de recherche.
Message indiscret
Car si Google a accepté de se soumettre au droit à l'oubli européen, c'est loin d'être en totale discrétion. En effet, le moteur de recherche signale en bas de la page des résultats de recherche : "Certains résultats peuvent avoir été supprimés conformément à loi européenne sur la protection des données". Ainsi signalée, la restriction permet d'être facilement contournée en basculant simplement de Google.fr à la version américaine Google.com. Il vous sera donc possible de retrouver par exemple la vidéo sado-maso de l'ancien patron de la F1 Max Mosley, retirée de Google.fr mais toujours en tête des liens de Google.com.
Et les affaires ressortent des tiroirs
Pire, le géant du web a décidé de créer la polémique en prévenant les blogs et les journaux en ligne lorsque certains de leurs articles avaient été supprimés de ses résultats. De quoi provoquer la colère de certains d'entre eux, tels la BBC et le Guardian, lesquels ont publié la liste des pages concernées afin de dénoncer ce qu'ils considèrent être une forme de "censure" et une entrave à la "liberté de la presse".
70 000 requêtes
Plus de quatre ans après les faits, l'affaire de l'arbitre écossais Dougie McDonald, ayant reconnu avoir menti pour légitimer un penalty ressort donc des placards dans plus de la moitié des articles supprimés ; tout comme plusieurs chroniques d'un journaliste du Guardian ou les pertes abyssales réalisées par Stan O'Neal, l'ancien patron de Merill Lynch. Un article du Guardian concernant la "guerre des Post-it" ayant "sévi" en 2011 en région parisienne, aurait même été désindexé. Sur Twitter, le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales a ainsi exprimé ses craintes : "censurer Google, c'est censurer la presse". Le moteur de recherche a annoncé le jeudi 3 juillet avoir reçu plus de 70 000 demandes de retrait de liens depuis le 30 mai dernier.