Le 2 janvier 2025, les Archives nationales néerlandaises ont lancé la plateforme en ligne « Oorlog voor de Rechter » (« La guerre devant le juge »), qui permet d'accéder à une partie des dossiers judiciaires et policiers de 425 000 Néerlandais accusés ou suspectés de collaboration avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce projet, financé par trois ministères néerlandais, suscite déjà une vive controverse, notamment en raison de la sensibilité des données dévoilées et des risques pour la vie privée des descendants.
Cette initiative vise à offrir une meilleure accessibilité aux archives, jusque-là réservées aux chercheurs ou aux familles concernées. Avec 8 millions de documents numérisés pour 21 millions d'euros, elle promettait de rendre visibles les récits des néerlandais accusés de trahison ou d'appartenance au parti nazi National-Socialiste (NSB).
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L'ouverture des archives fait polémique
Signalons que la mise en ligne de cette base a été restreinte par les autorités de protection des données : seuls 300 000 dossiers de personnes décédées sont accessibles en ligne et leur consultation complète nécessite une autorisation préalable.
Pourtant, en toile de fond, une polémique enfle : des historiens saluent une avancée pour la mémoire, tandis que d'autres dénoncent des risques de stigmatisation injuste, rappelant que 120 000 dossiers avaient été classés sans suite. Ce débat reflète les tensions persistantes autour des 102 000 juifs néerlandais exterminés et d’une collaboration encore mal assumée, dans un pays où « 23 % des jeunes pensent que la Shoah est un mythe ou a été exagérée », indiquait Eddo Verdoner, coordinateur de la lutte contre l'antisémitisme aux Pays-Bas.
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