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La botte secrète de Netflix pour créer des séries et satisfaire les goûts du public ? Le big data !

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    Kevin Spacey le héros charismatique de la série House of Cards, estampillée Netflix (DR)
  • Quand l'analyse de données prend le pas sur le processus créatif.

    Disponible en France depuis le 15 septembre dernier, Netflix ambitionne d'y conquérir 10 % des foyers. Un challenge que le service américain de vidéo à la demande par abonnement souhaite remporter grâce à une botte secrète : le big data. Et le meilleur exemple de cette stratégie est House of Cards, la série politique phare lancée par l'opérateur en février 2013. Petit décryptage d'un processus plus stratégique que réellement créatif, qui pourrait vous donner le sentiment d'avoir été pris pour de véritables marionnettes.

    En effet, lorsque vous regardez du contenu chez Netflix, n'oubliez jamais que Netflix regarde aussi chez vous : en plus du temps moyen que vous passez à regarder un film ou une série, le service américain peut évidemment savoir à quel moment de la journée et depuis quel terminal numérique vous êtes connectés. De plus, chaque pression du bouton "pause", chaque retour en arrière, accélération ou même interruption d'un épisode crée ce que le petit monde du big data appelle un "événement" : c'est à dire une action - que vous croyez anodine, mais...- qui peut être enregistrée et analysée. 

    Une scène de sexe si bien tournée...

    Chaque jour, des centaines de millions de tels "événements" sont ainsi collectés par Netflix, lequel en sait donc beaucoup sur vos habitudes, sur vos goûts et sur vos attentes. Prises individuellement, de telles données n'auraient que peu d'intérêt (vous avez mis "pause" car vous êtes allés chercher un verre d'eau) ; mais prises dans leur ensemble, elles permettent d'en savoir beaucoup : l'action trop lente a fait "décrocher" des milliers de téléspectateurs ? L'intrigue trop complexe en a obligé la moitié à revenir en arrière pour tenter de mieux la comprendre ? La scène de sexe était-elle si bien tournée que nombre d'entre eux ont voulu la revoir ?

    Lorsque l'idée de créer un remake d'une mini-série politique (homonyme) diffusée sur la BBC en 1990 a germé au sein de Netflix, il n'a pas fallu longtemps à ses équipes pour identifier les goûts de ses abonnés ayant justement aimé la série originale : surprise, ceux-ci avaient regardé énormément de films mettant en scène Kevin Spacey ou réalisés par David Fincher. Le duo acteur-réalisateur Kevin Spacey - David Fincher était donc tout trouvé pour le remake en devenir bientôt baptisé House of Cards. Compte-tenu de la thématique de la série, de l'acteur principal et de son réalisateur, Netflix savait qu'il ne prenait pas un grand risque : le public serait au rendez-vous (et il ne s'est pas trompé !)

    Le big data dénicheur de pépites ?

    "Nous savons ce que les gens regardent sur ​​Netflix et nous sommes en mesure avec un haut degré de confiance de deviner quelle sera l'audience d'un programme grâce à la visualisation des habitudes des gens," confiait Jonathan Friedland, le directeur de la communication de Netflix à Wired en 2012 ; nous souhaitons continuer à offrir du contenu pour tout le monde, poursuivait-il. Mais avec le temps, nous réussissons de mieux en mieux à faire que ce contenu obtienne un engagement élevé." L'approche a malgré tout ses limites : le big data aurait-il pu prévoir le succès de la pépite cathodique Twin Peaks, qui a révolutionné le genre de la série, l'érigeant presqu'au rang d'art à part entière ? Plus proche de nous, le big data aurait-il pu anticiper le buzz planétaire de la série Game of Thrones, au genre "medieval fantasy" plutôt familier d'un public de niche...? Rien n'est moins sûr...

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    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
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