Sommaire du dossier :
- L'intelligence artificielle : quel impact sur votre métier ?
- Quand l’intelligence artificielle inquiète les Français... les plus diplômés !
- Intelligence artificielle : "De larges perspectives pour les entreprises", selon Jean-Marc Ogier
- Yann LeCun, l'intelligence artificielle française de Facebook
- Intelligence artificielle : un avocat milite pour la notion de "personnalité robot"
- Quand le document se dope à l'intelligence artificielle
- Intelligence artificielle : les robots au service de la "post-publicité"
L’intelligence artificielle est là. Née d’une conception ancienne, longtemps discrète, elle apparaît aujourd’hui dans de nombreuses applications de notre vie professionnelle. Capable d’apprendre et de travailler sur des masses considérables de données, elle n’est qu’au début des avancées qu’elle permet. Le droit lui accorde des réflexions théoriques et pratiques. Exemples dans des domaines de la gestion et du traitement de l’information.
À ce jour, nul ne sait qui sera le prochain président des États-Unis. La démocrate Hilary Clinton ? Le républicain Donald Trump ? Le « gauchiste » Bernie Sanders ? Ou bien peut-être... Watson ! Ce programme d’intelligence artificielle (IA) créé par IBM n’a pas de visage, pas de corps. Mais il est plein d’intelligence et non partisan : « Nous pensons qu’une intelligence artificielle comme Watson peut apporter les capacités de prise de décision objectives dont nous avons besoin chez un dirigeant. Le système n’est lié à aucun parti, ses décisions sont donc fondées uniquement sur l’information dont il dispose et non sur des idéologies », peut-on lire sur le site de campagne.
Soyons réalistes : Watson ne sera pas élu président des États-Unis. En tous cas, pas cette fois-ci... Car l’intelligence artificielle s’immisce partout et notamment dans le domaine de l’information-documentation. À commencer par Google qui a récemment introduit de l’IA dans son moteur de recherche via RankBrain : « Ce système utilise les techniques d’intelligence artificielle, et plus spécifiquement de machine learning, pour convertir de grandes quantités de texte en vecteurs mathématiques. Le but ? Aider le système à deviner le sens des mots ou de phrases qu’il ne connaît pas ». Cet investissement de Google dans le domaine de l’IA semble lui donner entière satisfaction : RankBrain est en mesure de traiter de façon « particulièrement efficace » les 15 % de requêtes jamais effectuées auparavant qu’il reçoit chaque jour.
Un train d’avance avec l’intelligence artificielle
L’essor de l’intelligence artificielle n’a pas échappé aux professionnels de l’infodoc. Le salon Documation (7 et 8 avril 2016) y a consacré une conférence plénière alors que la discipline fête ses 60 ans cette année. Née en 1956, l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète. Pourtant, cela ne devrait pas être le cas : « L’IA n’est en rien une substitution de l’intelligence humaine par la machine. Au contraire, il faut la voir comme une intelligence différente compatible avec celle de l’homme. Comme une intelligence ajoutée et donc une plus-value indéniable », estime Jean-Gabriel Ganascia (Université Pierre et Marie Curie, Paris).
De fait, l’intelligence artificielle est aujourd’hui au cœur de tous les développements. Ses champs d’application dans le domaine de l’information sont innombrables. Facebook a confié au
Français Yann LeCun le développement de son laboratoire d’intelligence artificielle (voir page 16). Quant à Google, toujours désireux d’avoir un train d’avance, il mise sur l’IA pour l’ensemble de ses activités : « Pensez à toutes les choses que Google fait à grande échelle. Partout où un grand nombre de personnes utilisent nos services, nous pouvons les rendre plus efficaces grâce à l’apprentissage automatique. En fait, je ne vois aucune des activités de Google qui n’aurait pas besoin de l’intelligence artificielle », explique Éric Schmidt, président exécutif d’Alphabet (Google).
Comme souvent avec Google, l’argent n’a pas manqué : en 2014, le géant du web a mis près de 500 millions de dollars sur la table (environ 455 millions d’euros) pour s’offrir DeepMind. Ce dernier est devenu mondialement célèbre le mois dernier grâce à son programme d’intelligence artificielle qui a battu à plate couture le meilleur joueur du monde go...
Deux millions d’euros de levée de fonds
Les start-up, de leur côté, ne sont pas en reste. Profitant de leur souplesse, elles multiplient les projets et parviennent même à les financer. La jeune pousse grenobloise SmartMeUp, spécialisée dans la reconnaissance faciale, a récemment levé deux millions d’euros. Grâce à l’IA, SmartMeUp a développé une solution capable d’analyser les visages et d’en caractériser les différentes significations : âge, genre, émotion, fatigue, attention... Ce type d’application pourrait fortement intéresser le secteur automobile pour détecter les risques de somnolence des conducteurs.
Autre start-up, Julie Desk est une assistante virtuelle à intelligence artificielle qui organise automatiquement les rendez-vous de ses utilisateurs. « Elle est donc en mesure de comprendre et de s’adapter à toutes les situations », expliquent les créateurs qui viennent de lever 600 000 euros pour assurer son développement.
Plus marginal, le domaine des bibliothèques échappe pour l’instant à l’emprise de l’IA. Encore que... La bibliothèque universitaire d’Aberystwtyh (Pays de Galles) a développé un robot-bibliothécaire dopé à l’intelligence artificielle qui est en mesure de répondre aux questions formulées oralement par les étudiants. Il serait, entre autres, capable de montrer l’étagère sur laquelle se trouvent les ouvrages intéressant les usagers. Baptisé Hugh, ce robot-bibliothécaire intelligent pourrait prendre son poste dès la rentrée 2016.
50 % de la population mondiale au chômage ?
L’intelligence artificielle est-elle notre eldorado ? Cela n’est pas certain. Selon une étude menée aux États-Unis, l’intelligence artificielle pourrait plonger 50 % de la population mondiale dans le chômage au cours des trente prochaines années. Principales victimes : les classes moyennes dont les emplois seraient désormais mieux assurés par des machines que par des êtres humains.
Ce sombre scénario n’a pas échappé au célèbre physicien britannique Stephen Hawking : « Réussir à créer une intelligence artificielle serait le plus grand événement dans l’histoire de l’homme. Mais ce pourrait aussi être le dernier... »