Utilisant l'exemple espagnol, le responsable des relations avec les médias de Google fait pression alors que l'article 11 de la directive européenne sur le droit d'auteur est débattu. Cet article pourrait obliger Google à rémunérer les sites d'information dont il indexe les articles. Google actualités (news) pourrait ainsi ne plus exister dans l'internet européen.
Branle-bas de combat entre le moteur de recherche et Bruxelles. Adoptée au Parlement européen en septembre dernier, la nouvelle directive sur le droit d'auteur est en cours de négociation à Bruxelles.
Dans une interview accordée le 18 novembre dernier à The Guardian, Richard Gingras, vice-président de Google rattaché aux médias, menace de fermer l'agrégateur Google news (actualités) si l'Union européenne adopte la directive européenne sur le droit d'auteur.
En cause, un projet de directive européenne sur le droit d’auteur, qui imposerait aux plateformes de rémunérer les éditeurs lorsqu’elles référencent leurs contenus et permettent d’y accéder via un lien hypertexte. Ce changement législatif concernerait en premier lieu Google actualités, le service qui agrège des millions d’articles de presse.
Un précédent exemple en Espagne
Ce n'est pas la première fois que la firme de moutain view menace de fermer son agrégateur. En 2014, l'Espagne avait adopté une loi obligeant les sites d'agrégation à payer pour les liens d'actualités, dans le but de soutenir les médias d'information, dont certains peinent à collecter des vues. Google avait alors décidé de fermer le service Google actualités destiné aux internautes espagnols, ce qui avait fait chuter les audiences des sites du pays. « Nous ne voudrions pas que cela se produise en Europe », précise le dirigeant de l’entreprise.
Une proposition inacceptable
D’après l’article 11 de la future directive européenne, Google devra verser une commission à tous les médias référencés. Une proposition inacceptable pour Richard Gingras qui précise que Google actualités n'est pas un service rentable ni générateur de revenus car aucune publicité n'est présente sur cette page. « C'est simplement un outil social précieux pour les utilisateurs » a-t-il précisé.
Google news fonctionne en proposant à ses utilisateurs les articles initialement mis en ligne par des sites de presse, rappelle Numerama. Lorsqu’il clique sur un lien, le lecteur est redirigé vers le site internet du média et ce dernier perçoit alors des revenus publicitaires. Voilà pourquoi de nombreux organes de presse numérique ne s’élèvent pas contre le portail du géant américain.
Oppositions et soutiens à l’article 11
L’éventuelle taxation des clics par l’Union européenne rencontre également une opposition au sein des associations défendant la liberté des internautes.
Celles-ci contestent le bien-fondé d’un impôt sur les liens hypertextes qui sont un élément de base du fonctionnement du web pour les utilisateurs classiques. Mais aussi pour les journalistes souhaitant croiser et vérifier leurs informations.
Reste que beaucoup d’agences de presse soutiennent l’article 11. Pour elles, la multiplication des liens sans règle d’encadrement met leurs dépêches à la disposition du grand public et entraîne une perte de revenus.
Gingras a souhaité préciser que « la fermeture d'un tel service ne se fait pas par plaisir », tout en affirmant « qu'il est impossible de prendre une décision avant de voir la déclaration finale (de l'Europe) ». D'après Google, la clôture du service empêcherait aussi les nouveaux sites liés à l'actualité de trouver leur audience.
Une décision qui pourrait être préjudiciable à la firme américaine
La menace du départ de Google news montre surtout que lutter contre ces mastodontes n'est pas chose aisée. Bien évidemment, la marque américaine a aussi beaucoup à perdre puisque l'Europe comptabilise pas moins de 500 millions de citoyens, ce qui représente un marché très important.