Les plateformes emploient un nombre toujours plus important de travailleurs pour "des tâches fragmentées et peu rémunérées".
Ce sont des fonctions apparues avec la digitalisation de l'économie : classer des photographies, répondre à des sondages en ligne, modérer des contenus, identifier ou nommer des objets sur des images, transcrire des factures, traduire des morceaux de texte...
Ces "micro-tâches" représentent plus de 330 000 emplois en France. Selon une étude menée par l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, trois types de micro-travailleurs du clic peuvent être dégagés. Un premier groupe rassemble 14 903 individus "très actifs" présents au moins une fois par semaine sur des plateformes de micro-travail. Un deuxième groupe représente 52 337 usagers "réguliers" présents au moins une fois par mois. Enfin un troisième groupe - beaucoup plus important - est composé de 266 126 "occasionnels" qui alternent entre l’inactivité et une pratique plus intensive du micro-travail. Ces chiffres doivent cependant être estimés comme des ordres de grandeur précise l'Institut interdisciplinaire de l'innovation.
Pour quelques centimes...
Pour les auteurs de l'étude, la croissance de ces tâches "répétitives et peu qualifiées" trouve son origine dans une économie numérique qui fait la part belle aux plateformes : "il s’agit de services spécialisés où des prestataires qui acceptent de réaliser des tâches fragmentées et standardisées, généralement payées à la pièce. Ces activités ne prennent que quelques minutes et leurs rémunérations peuvent être aussi faibles que quelques centimes".
Travailleurs ubérisés
Selon l'Institut interdisciplinaire de l'innovation, la situation de ces micro-travailleurs du clic mérite l'attention des partenaires sociaux car leurs effectifs sont comparables voire supérieurs à ceux des plateformes VTC (voiture avec chauffeur) et de la livraison express.
"Cette nouvelle forme de mise au travail des populations pousse à l’extrême les logiques de précarité et d’exclusion déjà constatées dans le cadre du vaste débat public et des contentieux légaux autour du statut des travailleurs uberisés", expliquent les auteurs de l'étude.
Sur le même thème : Une ancienne employée dénonce l'univers "individualiste" des start up