Julien Benedetti a les calanques de Marseille accrochées au coeur. Au point de n'avoir jamais quitté la région où il a grandi, exception faite des six mois passés au Ghana, en 2006, pour une mission de volontariat international en administration (VIA).
Le jeune homme, alors tout juste diplômé, y est envoyé par le ministère des Affaires étrangères pour préparer le fonds de l'ambassade en vue de son rapatriement au Centre des archives diplomatiques de Nantes.
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De solides bases en histoire
Pour Julien Benedetti, cette période est charnière. A 27 ans, le jeune archiviste s'apprête alors à rentrer en France pour entamer sa vie professionnelle. Car ce littéraire passionné de récits épiques a mis quelques années à trouver sa voie.
C'est en histoire qu'il s'engage d'abord, et ce jusqu'en maîtrise, qu'il consacre aux Bamouns, un peuple du nord du Cameroun ayant inventé une écriture et rédigé sa propre histoire. Problème : il ne souhaite pas enseigner.
"Venant d'un milieu modeste où la culture n'a pas toujours la place qu'elle devrait, j'avais trop conscience de l'importance d'être un bon prof' pour faire ce métier sans passion", reconnaît-t-il.
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Archiviste : un "vrai" métier
Julien Benedetti s'engage donc dans un master en management interculturel à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, qui s'avère peu professionnalisant. En effet, il peine ensuite à trouver du travail. Malgré ses compétences, il a besoin d'un vrai métier pour se vendre.
Son expérience des archives, acquise durant ses études d'histoire, le pousse à intégrer un master 2 en archivistique dont il sort diplômé en 2005.
C'est après un premier stage qu'il se rend au Ghana. "J'étais seul sur place", se souvient-il ; "ce fut particulièrement autonomisant". Alors qu'il est encore là-bas, un poste s'ouvre au centre de gestion des Bouches-du-Rhône.
"C'était royal ; j'ai eu le poste avant mon retour. En prime, je savais que je resterais à Marseille."
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Archiviste itinérant
Archiviste itinérant pendant sept ans, Julien Benedetti apprécie cette expérience formatrice.
« J’ai beaucoup appris », explique-t-il, « tant au niveau des archives que du fonctionnement de l’administration territoriale ».
Il en profite pour approfondir un sujet qui émerge tout juste, l’archivage électronique, et intègre le groupe de travail dédié (AMAE) de l’Association des archivistes français (AAF).
Bien que titularisé sur son poste, Julien Benedetti stoppe finalement l’itinérance en 2013.
« C’était épuisant et j’avais envie d’évoluer dans une équipe ».
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Réseau et transmission
Il rejoint alors le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur pendant trois ans et s’investit davantage au sein de l’AAF, tout d’abord à la commission formation emploi métier, puis comme administrateur en 2014, réélu depuis.
« Le travail en réseau et la transmission de savoir-faire sont caractéristiques du métier d’archiviste », explique-t-il ; « ces échanges m’apportent beaucoup ».
Il devient également chargé de cours à l’université et formateur pour l’AAF, une activité qui lui permet de prendre du recul sur ses pratiques.
Julien Benedetti entre aux archives départementales des Bouches-du-Rhône en 2017 où il est depuis en charge de l’archivage électronique, de la dématérialisation et du système d’information des archives.
« Je suis celui qui s’occupe de tout ce qui est numérique ; j’apprécie ce rôle transversal ! ».
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Vers l'open data et l'inclusion numérique ?
Père de deux enfants de 8 et 11 ans, cet amateur de course à pied qui vient de fêter ses 40 ans est un touche-à-tout ouvert aux opportunités.
« L’open data m’intéresse », déclare-t-il ; « je suis convaincu que nos compétences d’archivistes, médiateurs de la donnée, sont légitimes en la matière ».
Les liens avec le public lui manquent aussi parfois : « L’inclusion numérique est un vrai sujet », conclut-il, « et je n’exclus pas de m’investir, en tant que bénévole, sur cette thématique ».
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Il like :
- Son album de musique préféré : OK Computer, de Radiohead. Il me rappelle l’époque très sympathique du lycée ainsi que de beaux concerts.
- Son lieu préféré : Les calanques de Marseille. Avec le soleil, leurs pierres blanches et la mer, elles symbolisent bien notre région aride.
- Son événement historique préféré : Sans hésiter, la victoire de l’OM en Ligue des champions en 1993, qui fut extrêmement marquante pour tous les Marseillais. Je ressens encore l’effervescence dans la rue, à laquelle j’avais participé en accrochant aux volets des drapeaux préparés avec mon père. Notre club de foot nous rendait fiers de notre ville.